Van Cleef & Arpels dévoile une collection entièrement dédiée aux rubis
La plupart des maisons de haute joaillerie ont développé un lexique personnel pour désigner leurs gemmes de prédilection. Ainsi, chez Van Cleef & Arpels, on parle volontiers de “pierres de caractère”. Il s’agit quasi essentiellement de pierres précieuses (émeraudes, rubis, saphirs mais aussi diamants de couleurs) dont la préciosité ne se limite pas aux paramètres habituels révélant une qualité supérieure, mais aussi à ce je-ne-sais-quoi qui provoque l’émotion. C’est ce qui a permis à la maison française de dépasser le stade de la maîtrise pour atteindre celui de la virtuosité.
Mi-mars, une soixantaine de couples clients étaient invités à venir découvrir “Treasure of Rubies” sur les bords du fleuve Chao Phraya en Thaïlande. Ce n’est pas la première fois que Van Cleef & Arpels consacre une collection entière à une seule et même pierre. En 2002, la maison avait mis en lumière les diamants de couleur, en 2016, les émeraudes.
Une pierre, une collection : l’exercice de style pourrait paraître simple aux yeux d’un novice. Les collectionneurs connaissent sa diffculté. Il faut éviter la monotonie tout d’abord. Surtout, il faut réunir un nombre considérable de pierres qui se signalent par leur attrait en termes de rareté et de provenance, mais aussi des pierres qui autorisent ce qu’on appelle dans le jargon, les appairages, c’est-à-dire la juxtaposition, les unes aux côtés des autres, de gemmes dont l’éclat, le feu, la teinte, le poids et la taille sont identiques. Nous ne sommes donc pas surpris d’apprendre que la maison a mis près d’une dizaine d’années pour réunir les 3 000 carats de rubis certifiés autour desquels s’articulent les 60 pièces uniques de la collection.
L’affection de Van Cleef & Arpels pour le rubis ne date pas d’hier. Déjà en 1982, Jacques Arpels con ait que c’était sa pierre préférée. On a tous en mémoire les premières pièces en serti mystérieux de la maison : créé en 1937, le double clip “Pivoine” ayant appartenu à la princesse Fawzia d’Égypte a en ammé pendant des décennies l’imagination et l’envie des collectionneurs. Le nombre de rubis extraordinaires présenté ici dépasse cependant toutes les attentes.
Pièce maîtresse de la collection, le collier “Rubis am- boyant” met en majesté un rubis de plus de 25 carats. Son histoire est étonnante: son brut a été conservé comme un trésor par une famille avant d’être vendu puis taillé en coussin, révélant ainsi sa matière finement cristallisée et son rouge puissant. C’est la première fois qu’il était dévoilé au public.
Parmi les autres pièces d’exception figure un rubis de 18,12 carats, remarquable par sa taille coussin, qui semble se consumer au centre d’un collier évoquant les baies qui parsèment les bosquets en été. Chacun de ces colliers propose huit portés. L’asymétrie, un autre trait de style de Van Cleef & Arpels, s’exprime sur une bague “Entre les doigts” ou un bracelet. Sur d’autres pièces telles que les motifs d’oreilles “Unisson”, parfaitement symétriques dans leur dessin, ce sont les couleurs des pierres qui sont inversées. Rouge sombre, rouge rosé, chaque pièce est un incendie qui hypnotise le regard. “Les rubis ont été sélectionnés un à un pour la beauté de leur couleur et leur amboyance profonde. Ces éléments font palpiter la vie à l’intérieur de la pierre”, explique un expert gemmologue de la maison.
Pour Nicolas Bos, président de Van Cleef & Arpels, les rubis représentent le pouvoir, le feu et le sang; la quintessence d’une passion indomptable. Les fans de Game of Thrones apprécieront. Les clients aussi : à l’heure où nous imprimons ces lignes, ces joyaux ont probablement déjà tous été vendus.