Voyage

Mexique : Baja California Dreamin'

Océan Pacifique d’un côté, mer de Cortès de l’autre. Et au milieu, sur 1 300 kilomètres de désert, glisse une péninsule filiforme, la Basse-Californie. Tout au bout, plein sud, brille la station balnéaire de Los Cabos, suspendue sur le tropique du Cancer. Le Rosewood Las Ventans Al Paraiso ouvre ici « les fenêtres sur le paradis ». Une vantardise ? Pas vraiment. Chic ? Non, très chic.

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Un signe ne trompe pas : sur le tarmac de l’aéroport de San Jose del Cabo, patientent dix fois plus de jets privés que d’avions de ligne. Normal. Le tout Hollywood s’y bouscule, lunettes noires hublot, hoodie over-size, capuche par-dessus la casquette, écouteurs XXL, on n’est jamais trop star. A deux heures de vol des plateaux de tournage, la « Baja » comme disent ses habitués devient leur planque pour oublier rush, réseaux et ragots. Pause. Cocktail ou piscine ? Ciel limpide, météo tropicale et douces brises océanes sont déjà là.

Du coup, George et Amal ont ici leur maison de paresse, Rihanna déstresse de son dernier show juste à côté, Travolta en habitué pose son Boeing les yeux fermés, alors que Schwartzy vient cultiver son bronzage. Mille pros américains du spectacle, musiciens, mannequins, chirurgiens (esthétique), chefs stars, scénaristes, producteurs, maquilleuses… ne jurent que par un prochain week-end à Los Cabos, à la manière dont nos têtes d’affiche françaises visent Marrakech ou Ibiza.

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Soleil et selfie du bonheur

Avec le succès, la bulle chic et glamour, reine de l’insouciance sous le soleil, a magnifié ce mini-paradis qui court le long d’une plage aussi vaste qu’infinie. Elle relie San Jose del Cabo, joli petit bourg colonial, à Los Cabos, la station des stars, les vraies. Ou les autres, débarquées du Texas voisin, de Los Angeles ou de Phoenix, Arizona. Au menu, grand bleu et selfie du bonheur, sitôt publié, pas question de priver ses followers d’un frisson de félicité. Quant à l’addition, on verra plus tard.

100 000 euros les deux nuits

Justement. Elle est forcément élevée, vu le standing des prestations affichées. Exemple avec l’une des villas (prononcer « mansion »), les plus spectaculaires de l’endroit. Elle dépend de l’hôtel Rosewood Las Ventanas Al Paraiso : 2 500 m² habitables (oui, ça existe !), deux chambres afin de prévenir une éventuelle bouderie, piscine de 98 mètres de long, plage privée, chef et majordome en constante prévention, salle de sport, hammam et sauna, lit de massage, décoration digne d’un palais, œuvres d’art semées dans toutes les pièces (une vingtaine), orchestre de mariachis à l’heure de l’apéritif, cave garnie de grands crus, boîte à cigares cubains et télécommande pour déclencher un feu d’artifice sur la plage… Tarif : 100 000 euros les deux nuits. Sébastien Dental, manager de l’établissement l’avoue : « elle est réservée quasiment non-stop ».

Cette extravagance pour milliardaire énamouré marque l’apothéose d’un établissement peu commun qui propose par ailleurs 84 suites et villas concentrant ce qui se fait de mieux sur le registre des hôtels de bord de mer. D’accord, le prix de la nuitée, entre 1 500 et 5 000 euros selon la taille de l’habitation retenue, exige l’excellence. Il justifie aussi quelques vérifications.

Savourer, admirer, trinquer

Le resort est installé à flanc de colline, à la manière d’un village grec chaulé de blanc. Sitôt entré dans sa suite, waouh assuré par la vue grand écran sur les bleus profonds du Pacifique. La terrasse est vaste. Canapé, fauteuils, jacuzzi et transats promettent de réjouissants abandons. Entre ce salon de plein air et l’océan se trouvent deux piscines (une réservée aux adultes) et une plage sans limite. Surfeurs, véliplanchistes, pélicans poussifs volant en rase-vague et goélands kamikazes qui piquent sur leurs proies, assurent le spectacle.

Pour fêter ce bluff initial, un barister prépare en direct la margarita qui fait la légende du Mexique, de Los Cabos, du Rosewood... L’affaire est entendue, l’hôtel se fera le champion des petites attentions, celles qui distinguent les vacances habituelles d’un séjour qu’on n’oubliera jamais. Incroyable :  les taies d’oreiller sont brodées aux initiales des nouveaux venus…, rare délicatesse, on savoure cette haute considération ! Bien sûr, on repartira avec, c’est cadeau. Le majordome propose de communiquer H24 via WatsApp, l’artiste du cocktail se retire, il est l’heure de s’installer. Admirer, savourer, trinquer. Cela mérite bien un baiser.

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Spa et chamanisme

Reste à décliner les agréments de la maison. Hébergement de grand standing, au moins 100 m² chaque suite, décoration portée par le talent des meilleurs artisans mexicains, potiers, ferronniers, ébénistes, peintres, sculpteurs…, trois restaurants de haute volée, deux bars, un Spa où la seule cérémonie d’accueil, elle est exceptionnelle, placée sous le signe du chamanisme local, justifie le soin qui va suivre. Ajouter le terrain de pétanque, les courts de tennis, le parcours de nage à contre-courant, la salle de sport et le menu des animations, surf, yoga, pêche au gros, sieste, plongée, golf, pause paresse, rencontre avec les baleines… A se demander pourquoi la vie n’est pas naturellement placée sous le signe de pareille excellence.

À la rencontre des baleines

Le miracle a une explication. Rosewood Las Ventanas al Paraiso emploie 750 personnes. Soit quatre employés au service de chaque résident, un ratio présidentiel. Il explique les 3 minutes à peine qui séparent la commande du petit déjeuner de l’arrivée sur la table du thé et du café. Il dit la réponse immédiate à chaque demande, une serviette, un jus de fruits, un bouquet de fleurs, le journal (même français), un bouton à recoudre, une tablette de chocolat, un shot de téquila… Il raconte aussi comment l’excursion à la rencontre des baleines qui viennent mettre bas dans la région (décembre à mars) mobilise une dizaine de personnes, de l’expert en mammifères marins au capitaine en passant par les serveurs de champagne et de sushis, le majordome, les matelots et le guetteur des geysers qui signalent la proximité des cétacés. Il illustre enfin la manière millimétrée dont sont organisées les sorties du resort, imposante limousine américaine avec chauffeur, moteur ronronnant et bouteille d’eau glacée à disposition, pour se rendre sur le parcours de golf (une dizaine à proximité), dans le désert pour un raid en buggy, jusqu’au coral histoire de galoper sur la plage, auprès des chemins cabossés qu’adorent les VTTistes, vers la marina où commence la pêche au gros (espadons, thon, thazard…) ainsi que les plongées sous-marines, etc.

Désert, cactus et serpents à sonnette

D’accord, cette Basse-Californie, celle du sud, choisit de la jouer made in USA. Les distributeurs d’argent délivrent directement des billets verts, c’est plus simple puisqu’au centre commercial climatisé de Los Cabos, les étiquettes des sneakers dernier cri, de la Budweiser glacée ou des lunettes miroir GLCO sont étiquetées en dollars. Et puis, aucune vendeuse ne se risque à parler espagnol.

Alors, pour trouver la Basse-Californie vraie de vrai, celle du désert, des champs de cactus, des serpents à sonnette, des scorpions et des pistes à revigorer ses nostalgies de cow-boy, il suffit de dérouler l’offre des aventures signées Rosewood Las Ventanas al Paraiso. Buggy, 4X4, VTT, snorkeling, plongée, cheval… Chacun son envie. La présence d’un guide expert rassure, l’adrénaline dope les audaces, sonne l’heure des héros. Ne pas oublier la photo.

Un pueblo nommé San Jose del Cabo

Impensable par ailleurs de ne pas pousser jusqu’à San Jose del Cabo. A 33 kilomètres du Rosewood, le pueblo cultive une mexicanité proprette, taillée pour le selfie du vacancier yankee. Cela dit, quel charme ! La vieille église en marque le cœur battant. La place centrale avec un kiosque à l’ancienne, des bancs, des jacarandas, des flamboyants… invite à laisser filer le temps. Tout autour, des rangées de petites maisons basses bordent les ruelles pavées de galets. Derrière chaque porte, des artisans sont à l’ouvrage, leurs boutiques resplendissent, les étagères débordent de trésors, animaux fantasmés, bijoux, carton bouilli peint de vives couleurs, scènes de liesse entre les morts (une récurrence des créations mexicaines), gloire de la peinture, de l’émail et du métal, crèches miniatures, tissages façon poncho ou jeté de lit… Craquage en vue, la carte de crédit est partout acceptée.

Bonheur d’une parenthèse magnifiée dont témoigneront longtemps ces éclats de beauté. Une margarita ? D’accord, mais en terrasse ! Les jacarandas sont en fleur.

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Y aller :

Bon à savoir. Passeport en cours de validité exigé. Quand il est midi en Basse-Californie, il est 19 heures en France en hiver, 18 heures en été. Un euro s’échange contre 19 pesos mexicains.

Séjourner :

Suite au Rosewood Las ventanasal Paraiso à partir de 1 500 euros la nuit. Tél. : 00 1 833 224 1926 et rosewoodhotels.com

Escale à Mexico :

Il n’y a pas de liaison aérienne directe entre la France et la Basse-Californie. Escale obligée, donc, à Ciudad de Mexico, la capitale du Mexique. Personne ne sait au juste le nombre d’habitants que compte cette folie urbaine, 20 millions, 25, plus encore, qui s’étire sur 50 kilomètres à 2 240 mètres d’altitude. Attention aux escaliers lorsqu’on débarque !

Ses trésors sont à la dimension de son gigantisme. Dans le temps resserré d’une escale, recommandons les visites de l’exceptionnel musée d’Anthropologie, impressionnant déroulé de la riche histoire mexicaine (il conserve le bien mystérieux calendrier aztèque), la cathédrale, la maison de Frida Kahlo, le centre historique et la déambulation dans le quartier de Coyoacan, délicieusement colonial. Ses maisons d’un autre temps ouvrent leurs jardins derrière d’immenses portes de bois sculpté. Passage obligé par le marché couvert où on déjeune entre les étals.

Pour loger, direction Polanco, l’îlot so chic de Mexico. La preuve par l’hôtel Las Alcobas, 35 chambres seulement, un cocon de sérénité posé au cœur d’une ville plutôt décriée pour sa vivacité. Dirigée par un Français, Michaël Chiche, la maison justifie ses 5-étoiles avec un restaurant gastronomique de haute tenue, un spa, un bar à cocktails qui fait référence, ainsi que par sa capacité à dénicher un super restaurant de tacos, un billet pour le concert ou le match de foot de ce soir. Monsieur le directeur y tient. Comme il tient à saluer chacun de ses hôtes, histoire d’anticiper les visites ou l’événement qui les ravira. « Las Alcobas, ce sont les alcôves où les dignitaires d’Orient se retiraient jadis pour inventer le meilleur à suivre. Je maintiens la tradition », explique-t-il. Alors Mexico savoure l’invitation.

Los Alcovas, environ 600 euros la chambre double, petits déjeuners compris.

Presidente Masaryk 390 Polanco, Mexico DF. Tél. : 00 52 55 3300 3939 et lasalcobas.com

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