International Watch Review

Audemars Piguet : Revenir aux fondamentaux

Dans un monde où les nouveaux adeptes de montres-bracelets ne jurent que par le design, il est bon de revenir à ce que les horlogers savent faire le mieux : des complications abouties et utiles. Voici deux pièces bien carénées, pensées par la manufacture Audemars Piguet pour célébrer la belle mécanique, un secteur dans lequel elle possède une vraie et longue expertise.

réf. 26398BC. OO.D002CR.01.
réf. 26398BC. OO.D002CR.01.

Ces nouveaux passionnés de montres, que savent-ils réellement de cette maison fondée par Jules Audemars et Edouard Piguet en 1875, dans le petit village du Brassus, au creux de la vallée de Joux dans le Jura suisse ? Aucun n’ignore que le designer Gerald Genta a dessiné une montre sportive en 1972 et que celle-ci, baptisée « Royal Oak », s’est imposée dès les années 2000 comme un best-seller auprès d’une population en quête de garde-temps à forte image. En revanche, ils oublient souvent que cette maison indépendante des grands groupes de luxe – et toujours entre les mains des familles fondatrices – fait partie de ces entreprises capables de produire dans leurs ateliers des montres dotées de complications rares. Elle s’en est même fait longtemps une spécialité. Aujourd’hui, il semblait essentiel de revenir sur cette expertise en présentant deux instruments de mesure du temps particulièrement aboutis, qui embarquent des mécanismes dont la sophistication devrait ravir ces férus de mécanique horlogère.

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Code 11.59 by Audemars Piguet Ultra-Complication Universelle (Rd#4), or gris, 42 mm. / réf. 26398BC. OO.D002CR.02 et 04

Une ode à la tradition et au génie horloger

Il y a un peu plus d’un siècle de cela – en 1899 exactement –, la manufacture Audemars Piguet réalisait une montre de poche ultra-compliquée Universelle. Consciente de l’impact que cela avait pu avoir sur les consommateurs de l’époque, il semblait logique à la direction actuelle de proposer aux collectionneurs une version contemporaine de cette merveille de technicité. Voilà pourquoi elle lance, cette année, sa toute première montre-bracelet automatique ultra-compliquée (RD#4) au sein de la collection Code 11.59 by Audemars Piguet. Pour cette pièce fidèle à l’héritage de la manufacture en matière de grandes complications, un soin particulier a été apporté à l’ergonomie et l’usage quotidien, afin d’offrir un confort et une simplicité d’usage inégalés. Et pourtant quand on regarde la fiche technique de la Code 11.59 by Audemars Piguet Ultra Complication Universelle RD#4, tout laisse supposer qu’il s’agit d’une pièce complexe, qui nécessite une approche particulière. En fait, cette création concentre tout le savoir-faire de la manufacture au cœur même du boîtier qui protège le calibre 1000 à remontage automatique. Constitué de plus de 1100 composants, ce dernier est une ode à la tradition et au génie horloger, mais aussi à l’innovation. C’est un pur concentré de recherches et développements intégrant quantité de fonctions dont plusieurs complications. Citons, entre autres, une grande sonnerie supersonnerie, une répétition minutes, un calendrier perpétuel, un chronographe flyback à rattrapante et un tourbillon volant. Le projet de développer une montre-bracelet ultra-compliquée pour le quotidien, a chant le parfait équilibre entre fonctionnalités avancées, ergonomie et esthétique, est né dans les bureaux de la manufacture, en 2016. Pendant plus de sept ans, ingénieurs, designers, horlogers et artisans ont œuvré pour donner vie à cette RD#4, a nant sans cesse leur expertise pour repousser les limites de l’artisanat horloger.

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Code 11.59 by Audemars Pi et Ul a-Complica on Universelle (Rd#4): réf. 26398OR. OO.D002CR.01, en or rose, 42 mm (droite) / réf. 26398BC. OO.D002CR.02, en or gris, 42 mm (gauche).

40 fonctions, dont 23 complications

Premier défi , rendre facile d’emploi les différentes complications embarquées. Pas question pour la direction de faire une « usine à gaz » inutilisable au quotidien. Le premier travail a donc été de supprimer la frontière qui séparait le mouvement de la boîte, en développant des correcteurs et couronnes-poussoirs pour activer les multiples fonctions de la montre avec une grande aisance. En un sens, cette référence est un regroupement du meilleur des trois récentes innovations, proposées ces dernières années par le bureau de recherche et développement de la manufacture. La nouveauté repart des travaux effectués pour la supersonnerie dévoilée en 2015 (RD#1), le calendrier perpétuel ultra-plat lancé en 2018 (RD#2) et l’oscillateur à grande amplitude intégré pour la première fois dans la Royal Oak Tourbillon Volant Extra-Plat Automatique, en 2022. Cet ultime projet a donné naissance à la RD#4. Cette remarquable montre-bracelet est animée par un mouvement automatique comportant plus de 1100 composants. Référencé dans la nomenclature de l’entreprise sous la dénomination de calibre 1000, ce cœur embarque 40 fonctions, dont 23 complications et 17 dispositifs techniques spéciaux, ouvrant la voie à une nouvelle génération de calibres ultra-compliqués. Intégrée dans un boîtier qui associe tradition et innovation, cette pièce d’exception constitue un pont entre passé et avenir. Si sa boîte préserve aussi bien les courbes profilées que les codes stylistiques de la collection, ses proportions ont été légèrement ajustées pour accueillir ce cœur mécanique. Ainsi, elle mesure 42 mm de diamètre (au lieu de 41) pour seulement 15,55 mm d’épaisseur. Le mouvement à remontage automatique qu’elle abrite présent un diamètre de 34,3 mm (15 lignes) pour 8,75 mm d’épaisseur. Ces chiffres ne veulent sans doute pas dire grand-chose pour ceux qui ne visualisent ce qu’ils représentent en matière de volume.

Toutes les spécificités de cette référence sont pilotées par trois couronnes et trois poussoirs. Discrets mais dimensionnés à la juste mesure pour être actionnés d’un doigt, ces boutons prennent place sur la gauche de la boîte. Le premier, en haut, enclenche la répétition minutes. Les deux suivants permettent respectivement de corriger sans outils les indications de lune et de date. Sur le côté droit de la boîte, trois couronnes avec poussoir intégré servent respectivement à remonter la montre, régler l’heure et la date, et choisir son mode de sonnerie (grande ou petite sonnerie, ou silence). Le chronographe fl yback peut, quant à lui, être déclenché et arrêté par la supercouronne à 2 h, tandis que celle placée à 4 h peut la remettre à zéro. À noter que cette dernière ajuste également le mois en cours, synchronisé avec l’année. Cette couronne est l’une des innovations qui améliorent et simplifient l’exercice de correction. Alors que le poussoir commande le mécanisme de remise à zéro du chronographe flyback, la couronne autorise, elle, la correction du mois en avant comme en arrière. Elle permet également de revenir instantanément à sa position initiale après avoir été tournée dans un sens ou dans l’autre (jusqu’à 70°). La procédure de fonctionnement peut sembler simple à lire, mais en réalité, pareil développement nécessite un dispositif logé simultanément dans la couronne et le mouvement, doublé de sécurités très élaborées empêchant toute mauvaise manipulation. Enfin, et pour éviter les accidents, des pictogrammes explicites ont été apposés sur chaque couronne et poussoir afin d’en indiquer clairement la fonction à celui ou celle qui aura la chance de passer cette montre à leur poignet. Mais parlons fonctions et complications. En premier, et parce qu’elle est la reine des complications, nous commencerons par la grande sonnerie dotée de la technologie brevetée de la supersonnerie, dévoilée par Audemars Piguet en 2015.

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Cette collection, réunissant les plus grandes complications, incarne l’expertise de la manufacture.

La Supersonnerie, telle une table d’harmonie

Le développement de la grande sonnerie permet de sonner les heures et les quarts au passage, tout en répétant à chaque fois les heures pour chaque quart sonné. En position petite sonnerie, la montre ne sonne que les heures. Et en mode silence, elle s’en tient à ce qui lui est demandé et seul le tic-tac de son cœur se fait entendre. Toutefois, l’utilisateur aura toujours la possibilité d’enclencher, à tout moment, la répétition minutes grâce au poussoir situé à 10 h. L’énergie requise par les fonctions sonnerie provient d’un barillet qui leur est dédié, remonté soit par les mouvements du poignet, soit par le barillet principal, optimisant ainsi la gestion et la distribution. Evidemment, cette référence possède une voix. Elle lui vient de la membrane de supersonnerie qui, agissant comme une table d’harmonie, augmente la puissance acoustique, sa qualité sonore et sa justesse. Brevetée, cette technologie est le fruit d’une collaboration de huit années de recherche, commencée en 2006 avec l’EPFL, l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Enfin, afin de rendre visible la mécanique, un système à double fond a été mis au point. Il comprend un premier fond « secret », extrafin, puis une table d’harmonie de seulement 0,6 mm d’épaisseur, entièrement réalisée en saphir et sur laquelle sont fixés les timbres. Ce développement a exigé à lui seul trois ans de travaux pour être capable de le réaliser intégralement en saphir, étanche, à la juste géométrie et finesse d’une table d’harmonie. On notera que le fond secret comporte plusieurs ouvertures latérales afin que l’air puisse s’échapper et que le son soit amplifié lorsque la montre est portée au poignet.


Quantième perpétuel semi-grégorien : haute lisibilité

Ce quantième perpétuel a été conçu pour afficher, de manière optimale et sans prendre trop de place, toutes les indications calendaires. Pour y parvenir, le calibre 1000 capitalise sur les innovations brevetées du calibre 5133 dévoilé en 2018, au sein du prototype de la Royal Oak Quantième Perpétuel Ultra-Plat Automatique RD#2 qui rassemble, sur un seul niveau, toutes les fonctions calendaires. Par souci d’ergonomie, le calendrier perpétuel conserve ses autres affichages, comme la grande date à 12 h et l’indication de l’année bissextile à 4 h. Le réglage des fonctions de calendrier perpétuel a également été simplifié. Si le jour et la phase de lune peuvent être ajustés grâce aux deux poussoirs dédiés sur la gauche de la boîte, le système de date, réglable dans les deux sens, sert à la reculer comme à l’avancer en tournant la couronne à 3 h, dans un sens ou dans l’autre. Le mois peut, lui aussi, être modifié dans les deux sens grâce à l’innovante supercouronne à 4 h. Et pour améliorer encore la lecture, les affichages du calendrier perpétuel ont été différenciés de ceux des compteurs de chronographe et agencés symétriquement sur un axe vertical. En complément du jour, de la grande date et du mois, respectivement positionnés à 9 h, 12 h et 3 h, l’année est indiquée par un guichet à deux chiffres à 4 h, un système qui remplace l’affichage plus traditionnel de l’année bissextile.

Code 11.59 by Audemars Pi et Ul a-Complica on Universelle (Rd#4). Ci-dessus: réf. 26398BC. OO.D002CR.04, or gris, 42 mm.

Phase de lune, un mode d’affichage inédit

Révisé, le mode d’affichage des phases de lune est doté d’un nouveau procédé à saut instantané de la  lune astronomique – et il faut noter que le rendu est plus réaliste. Grâce à deux disques rassemblant chacun six représentations distinctes de la lune, dix images di érentes sont produites pour en restituer les traits avec une grande fi délité, notamment toutes les étapes croissantes et décroissantes qui séparent la nouvelle lune de la pleine lune, telle qu’elle orbite autour de la Terre en une moyenne de 29,53 jours. À l’instar d’une lune astronomique, cette représentation ne sera corrigée qu’une fois tous les 122 ans, sous réserve que la pièce soit constamment remontée.


Chronographe flyback à rattrapante

La montre est également équipée d’un chronographe avec retour en vol – dit aussi flyback –, qui permet de remettre à zéro et de relancer la mesure du temps sans devoir préalablement la stopper. Il est associé à la complication de rattrapante servant à mesurer des temps intermédiaires grâce à une deuxième aiguille centrale, laquelle peut être arrêtée indépendamment de celle du chronographe lorsque le poussoir associé est actionné. Le chronographe flyback et l’aiguille de rattrapante peuvent être enclenchés par les trois poussoirs coaxiaux des couronnes situées sur la partie droite de la boîte. Le poussoir à 2 h active et arrête le chronographe. Celui à 3 h déclenche la fonction rattrapante. Enfi n, celui situé à 4 h lance le retour en vol et la remise à zéro des dispositifs. Le mécanisme est, par ailleurs, équipé d’un embrayage pivotant, créé en 2015 pour la Royal Oak Concept Laptimer. Parmi les principales innovations, on notera l’intégration du dispositif de rattrapante dans l’épaisseur du roulement à billes de la masse oscillante. Un coup de génie! Pour offrir une meilleure lisibilité des indications du chronographe, les compteurs des heures et minutes ont été élargis et subtilement excentrés de l’axe 3 h – 9 h. Et ce, pour mieux dégager la cage du tourbillon volant, placée à 6 h.


Tourbillon volant: fort rendement

Ledit tourbillon effectue une révolution complète en une minute, qui embarque dans sa ronde minutée un oscillateur à grande amplitude – ce dernier a été dévoilé pour la première fois en 2022, sur les deux modèles de la Royal Oak Tourbillon Volant Extra-Plat Automatique RD#3. Ce fort rendement permet de garantir que la montre ne s’arrête pas, même si toutes les complications s’enclenchent au même instant. Vibrant à 21600 alternances par heure, il donne vie à cette référence qui, dotée de 90 rubis, fonctionne durant 64 heures si elle n’est pas portée ou remontée.

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