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Rencontre avec Sami Outalbali et Sofian Khammes, acteurs parfaits dans Novembre

Tendu, saisissant, le fifilm “Novembre” nous plonge au cœur de la traque des auteurs des attentats du 13 novembre 2015. Rencontre avec Sami Outalbali et Sofian Khammes, acteurs parfaits dans leur rôle de rouages essentiels de cette mécanique narrative implacable.

SOFIAN KHAMMES : Chemise en popeline de coton et pantalon en cuir, GUCCI. Tennis, ADIDAS X GUCCI.
SOFIAN KHAMMES : Chemise en popeline de coton et pantalon en cuir, GUCCI. Tennis, ADIDAS X GUCCI.

L’OFFICIEL HOMMES : Comment avez-vous rejoint le film?

SAMI OUTALBALI : Je venais de finir le tournage de Sex Education en Angleterre. Mon agent m’a envoyé le scénario, j’ai aimé. C’était génial, palpitant, et j’étais déjà impatient de le voir à l’écran ! Après avoir passé un casting, j’ai été pris. J’aime ce per- sonnage car il n’a pas vécu les attentats comme les autres, il les a ressentis plus intensément, il est plus affecté que ses collègues. Comme dans la réalité, certains policiers n’ont pas tenu, ça change une vie de vivre un tel moment.
SOFIAN KHAMMES : J’avais d’abord passé des essais pour le rôle de Sami... mais je kiffais le rôle de Foued. Le scénario était très fort. On connaît tous l’histoire, son poids. L’approche était intéressante, elle n’ajoutait aucune charge, sans représentation de la violence. Cela faisait du bien d’avoir un point de vue tangible sur la situation, concret, avec des personnages concentrés sur l’enquête. Le personnage principal, c’est elle. Le film montre bien l’épuisement, les différents regards sur la situation.

L’OH : Cédric Jimenez nous dit qu’il a privilégié des tournages mixtes, qui commençaient tard dans la journée pour finir dans la nuit...

SO : Oui, on tournait certaines scènes d’assaut à 7 h du matin, c’est plus simple de jouer la fatigue.
SK : c’est comme si tout se passait en direct, on était tous dans la mêmes temporalité.

SO : Le décor était tellement riche qu’il y avait toujours des gens qui bougeaient autour de nous, on était sur le qui-vive tout le temps, comme l’étaient les policiers, et Cédric captait super bien ces moments-là. Tout était fait pour travailler de manière ludique, même pour les scènes de bureaux. SK : Le plateau était un terrain de jeux, ça nous aidait beaucoup.

L’OH : Vous vous étiez préparés pour suivre ce rythme de tournage très particulier ?
SO : J’ai fait du sport, suivi un régime alimentaire...
SK : Non, parce que je trouvais intéressant de me laisser sur- prendre par ce que vit le personnage, pendant cinq jours, quasiment sans dormir, même si je ne pouvais pas imaginer reproduire la tension qu’il a dû affronter. Dès les premiers jours, j’ai essayé de faire des nuits assez courtes, même si je ne tournais pas tous les jours.

L’OH : Vous avez beaucoup répété ?
SK : Pas vraiment. Mais on a rencontré des anciens membres de la SDAT pour comprendre ce que ça représentait pour eux. Mais il ne s’agissait pas de les représenter par mimétisme. On voulait être fidèles à la méthodologie, plus qu’à leu- rs personnalités, ce qui nous importait, à Cédric et à nous, c’est qu’il n’y ait pas d’épaisseur romanesque, mais qu’on soit au plus proche de l’enquête. Ça passait, par exemple, par la connaissance des différents services de police. On ne savait pas si cela servirait, mais c’était important de l’intégrer.
SO : Nos voitures ressemblaient à des voitures de planque, avec des bouteilles d’eau vides qui font office de cendrier, des emballages de nourriture, on se parlait entre nous de vraies histoires...
SK : J’en profite pour m’excuser auprès de l’équipe technique pour toutes les discussions au talkie-walkie...

L’OH : Quel genre de directeur d ’acteur est Cédric Jimenez ?
SK : Il dégage tellement d’énergie qu’on ne peut que le sui- vre. Mais il arrive toujours à installer une ambiance, à poser les enjeux. Quand il te dirige, si tu respectes le propos, il te laisse interpréter, il aime que l’on propose. Ça lui per- met aussi de choper quelque chose du personnage auquel tu contribues.

SO : Il gère un tournage énorme, et tu peux aller lui parler, sans qu’il ne te donne jamais l’impression que tu le gonfles.

L’OH : Avec le recul, comment avez-vous vécu ce tournage ?

SO : Je n’avais jamais connu un tel plateau, avec de tels enjeux qui mettent la pression. Mais il fallait rester concentré sur son taf, des objectifs concrets. Il y avait une notion de fierté à faire ce film, à avoir participé à son existence. On avait beaucoup de chance. Ces évènements nous ont tous et toutes touchés. C’est bien que le film sorte après le verdict du procès, parce qu’il montre que tout ce travail policier n’a pas été en vain.

SK : Tu te souviens, Sofian, de ce que nous avait dit ce membre de la BAC qui nous avait fait une formation un après-midi ? Qu’on ne faisait pas n’importe quel film, qu’on avait une responsabilité. Ce qui est resté, c’est l’importance de faire partie de ce genre de films. Même si tous les films sont importants, celui-ci parlait de quelque chose qui a touché notre pays, et au-delà, qui a marqué notre époque. Il représente quelque chose qui va occuper une place particulière dans notre filmographie. On se disait souvent avec Sofiane sur le plateau qu’on avait de la chance d’être d’un projet qui rassemble.

L’OH : Quelle leçon avez-vous retenue en tant qu’acteurs ?
SK et SO : L’humilité. Être au service d’un film, d’une histoire qui nous dépasse.

Novembre. Un film de Cédric Jimenez, avec Jean Dujardin, Jérémie Rénier, Sandrine Kiberlain, Anaïs Demou- stier, Lyna Khoudri, Sami Outalbali et Sofian Khammes. En salles.

SAMI OUTALBALI : Polo en cachemire et pantalon en suède, SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO.
SAMI OUTALBALI : Polo en cachemire et pantalon en suède, SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO.

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