Où boire les meilleurs cocktails de Paris pendant la Fashion Week ?
Le bar à cocktails revu par Cyril Lignac nous emmène toujours plus près des étoiles.
Le monde anglo-saxon, fidèle à son génie de la formule, inventa pour désigner un bar fétiche, le concept de « watering holes ». Soit là où l’on prend plaisir à se ressourcer, trouver un peu de paix. Qu’attendre d’un bar ? D’y entrer en confiance, de sentir à peine la porte ouverte une étreinte amicale, offerte par les vibrations du décor, la musique perçue, l’accueil fait. La bienveillance du service qui ne vous en veut pas (encore) de chanter toujours faux Purple Rain après trois cocktails baptisés en hommage au chef d'œuvre de Prince, ou de réclamer, encore, One more for my baby (and one more for the road.) De percevoir - sensoriellement - une attention à chaque détail, l’assise du tabouret, le brillant du comptoir, les lumières sur les visages. Avec son design signé Studio KO et une identité visuelle réalisée par be-poles, l’ambiance, jouant sur le pourpre, l’ivoire, le doré et la laque noire, envoie directement dans l’Asie des films de Hou Hsiao-hsien période Fleurs de Shanghai, ou le Hong-Kong du Wong Kar-wai de In The Mood for Love. Enfin, parce qu’on y est pas entré seulement pour admirer les poissons japonais de l’aquarium, des cocktails. C’est peu dire que ce terrain de jeu est désormais quadrillé aussi bien par les palaces que les caves de l’est parisien ou les anciens bars à filles de Pigalle. Mais de ce jeu-là, justement, Cyril Lignac a compris toutes les règles en confiant la carte à l’excellent Marco Mohamadi, déjà aux shakers du Bar des Prés côté elixirs. Du subtil, du délicat, du poétique - pour le brutal, passez votre tour - : Marco a le génie de l’équilibre, de l’essence des ingrédients, travaillant comme un cuisinier. Pourquoi accepterait-on dans son verre ce que l’on n’accepterait pas dans son assiette - trop de sel, d’épices, d’amertume ? Un cocktail est aussi affaire d'assaisonnement, de justesse non de cuisson mais des proportions. De technique autant que de sensibilité. Pour revenir à la question liminaire, un bar, il faut en sortir plus léger que l’on y entra, revitalisé, ravi. Mission accomplie par la grâce de ce dragon bienveillant. Et prière de ne pas en sortir en tirant "la nuit sur les étoiles..." - et ne pas chanter trop fort cette magnifique chanson d'Etienne Daho accompagné de Vanessa Paradis...
34 rue du Dragon, 75006 Paris