Où trouver le meilleur vin du Luberon ?
Commençons par la fin (des clichés): il n’y a pas de vin masculin ou de vin féminin, “mais autant de vins que de personnalités, au-delà de leur genre”, assène la directrice et œnologue du domaine viticole. Cette affaire réglée, revenons aux origines de sa vocation, née du hasard : réimplantée à ses 16 ans, avec sa famille, du côté de Libourne, à quelques tours de roues de vélo de Saint-Émilion et de ses crus mythiques, Valentine mettait ses week-ends à profit pour travailler dans les vignes. “J’y ai rencontré un œnologue, qui m’a parlé de son métier. Pour moi, c’était un artiste ! Une vocation, une passion, étaient nées. J’ai décidé de mes études en fonction de cette révélation.” Soit un bac scientifique et une licence de biologie à Bordeaux, puis un diplôme national d’œnologue à Montpellier. Le vin n’est pas qu’une question de raisin mais découle, si l’on ose dire, d’un environnement, des hommes et femmes qui le font, le pensent, le récoltent. À l’instar de ce qui se trame dans la restauration, une nouvelle génération prend les commandes des domaines et réinvente leur culture. Ainsi, si son passage en Australie et en Nouvelle-Zélande lui a enseigné quoi que ce soit, elle retiendrait “tout ce qui a trait au management, à toutes les données autour de la production proprement dite. Dès qu’il s’agissait de la vinification, je me suis un peu ennuyée...”
Sortir d’une zone de confort (c’est-à-dire d’une formation suivie dans l’habituel triangle des Bermudes des grands vignobles français, où il arrive que la singularité s’égare...) lui a permis de vivre une aventure inattendue. “Nous y avons, avec mon mari, rencontré un Indien qui s’était offert 5 hectares de vignes. Il nous en a confié les clés. C’était assez grisant !”
Arrivée en 2017 à La Verrerie, elle a eu “un coup de foudre pour ce lieu, ce terroir.” Si les aléas climatiques n’épargnent personne (et ces dernières années ont porté de rudes coups aux vignerons français, en particulier ceux dont la démarche écoresponsable les conduit à ne pas infliger de traitements chimiques aux raisins), Valentine Tardieu-Vitali garde à l’esprit ses vins idéaux : “Un rouge qui exprime son terroir mais en gardant son équilibre, sans oublier d’avoir un caractère aromatique racé. Et pour le blanc, je l’aime net et tendu”, tout en précisant, “on ne fait pas des vins pour soi, mais pour le consommateur.”
Depuis 2010, le domaine a précisément emprunté une voie responsable, s’engageant sur le chemin de l’agriculture biologique, “pour respecter le terroir, et assurer sa pérennité. Il faut se poser des questions sur la façon dont on tient son vignoble.” Supervisant l’ensemble du processus, du moment “où l’on goûte le raisin, et l’on se projette pour imaginer ce qu’on peut en faire, jusqu’aux vendanges”, elle adore toutes les étapes, “y compris être sur le tracteur !”
Ne pas oublier les goûts du consommateur ne contraint pas à observer des règles immuables, des formules incontestables, bien au contraire: elle se fixe avec détermination une ligne de conduite : “Prendre des risques, toujours se remettre en question, pour ne pas faire des vins ennuyeux.”