Voyage

Skyline et désert : savourer la Qatarmania

Entre désert sans frontière et capitale futuriste, le Qatar suscite la curiosité, voire l’envie. Escale singulière ou vacances originales, le richissime émirat conjugue grand chic avec grand genre pour s’inventer pays des merveilles.

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Les dames qui vivent à Doha, capitale de l’émirat, l’affirment dans un joli chœur : « Ici,je sors seule en toute tranquillité, de jour comme de nuit ». Sécurité absolue, totale sérénité. L’argument porte quand on pense à toutes ces capitales qu’on traverse à pas pressés, œil aux aguets.

Alors, le confetti des sables (11 586 km², deux départements français) se dit qu’auréolé decette vertu et dopé de mille autres trésors, il allait briller sur le podium du voyage. Oui, mais.

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Au Qatar, l’impossible n’existe pas

Par tradition, les Qataris (300 000 nationauxservis par 3 millions d’expatriés) aiment la discrétion. Ici, depuis la nuit des temps, on chuchote à l’abri des tentes bédouines, on aime le silence du désert et on garde le sens de la tribu. Résultat, le propriétaire du PSG, de l’hôtel Royal Monceau à Paris, du Martinez à Cannes, le pays le plus riche de la planète avecun revenu annuel de 70 000 euros par tête (à ne rien faire), le double d’un Français qui travaille, joue les ombres. Alors, sans bousculer ses traditions, mission est confiée à la flamboyante Doha, aux campements étoilés de Ras Abrouq et aux petits plaisirs de la vie,de stimuler le désir de venir jusqu’ici.

Œil rond, bouche bée et selfie direct

Dix, vingt, cent gratte-ciel se reflètent dans les eaux limpides qui clapotent devant la capitale.La plupart ont été rêvés par des architectes-stars, Nouvel, Rockwell, Pei, Isozaki, Hadid…Chaque perle de ce collier extravagant susciteœil rond, bouche bée et selfie direct. Partageons l’éblouissement.

Environ 76 000 panneaux dont aucun n’est posé à plat composent le Musée national du Qatar, une rose des sables géante. Exceptionnel. Sur la photo d’inauguration (2019), ça papillonne grave entre Naomi Campbell, Natalia Vodianova et Victoria Beckham qui entourent l’Emir, Jean Nouvel, concepteur de la merveille, Johnny Deep, Carla et Nicolas Sarkozy Génial à l’extérieur, le bâtiment se fait didactique à l’intérieur, alignant de jolies scènes sur l’histoire de l’émirat, tissant surtout l’éloge d’un Qatar idéalisé.

Une édition originale de Robinson Crusoé

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Un peu plus loin sur le front de mer, pousser les portes de la plus improbable des tours de Doha. Celle-ci a le look d’une gigantesque roue inachevée à moins que ce soit la pince d’un homard. Elle abrite deux hôtels, leRaffles (132 suites 5-étoiles) et le Fairmont (270 clefs). Choisir le premier pour une visite de curiosité. Du lobby plongé dans un océan de lumières bleues, jusqu’au bar du 36ème étage avec vue époustouflante jusqu’au bout du monde, en passant par une librairie de folie (des centaines de livres dont une édition originale de Robinson Crusoé), un club pour amateurs de havanes, des restaurants pour tous les palais, autant de bars et une immense piscine, l’émerveillement est constant, y compris devant les costumes du personnel, de vraies griffes de mode. Résider ici exige un budget coquet (au moins 500 euros la nuit), mais la fierté « d’y être » justifie le sacrifice.

Tapis caravanier et air conditionné

A l’opposé, savourer le désert, première richesse du Qatar. L’ultime trouvaille de cette monarchie jamais en retard d’une magie a été d’ouvrir un campement ultra-chic à 90 minutes de piste depuis la capitale. Le flambant neuf Habitas ras Abrouq ponctue un infini de rocaille qui bute sur la mer. Ses 48 campements bédouins jouent la savante harmonie entre béton et toiles tendues, tapis caravaniers et air conditionné, artisanat traditionnel, terrasse avec bassin privé (10 mètres) et vue sur l’infini. Le leitmotiv de la maison « Bienvenue chez toi » donne le tempo, celui d’une invitation à se reconnecter avec soi-même. Le mode d’emploi comprend la cure de silence, le yoga autant que laméditation, l’imprégnation aussi, dans laculture ou l’artisanat local (« ressentir le pouls créatif du Qatar »). Prière de choisir selon son inspiration. La télévision ? Pas question ! Maispadel, brasses douces dans l’immense piscine, Spa, VTT dans la caillasse, évasion sous les ors du couchant, oui ! Sans oublier une restauration (excellente) placée sous la tendance « de la ferme à l’assiette », accompagnée d’eau ou de thé, les boissons alcoolisées affichant des tarifs volontairement dissuasifs. Avec son mantra façon détox, Habitas ras Abrouq convainc les tenants de pause à l’écart du monde. Bref, les amoureux ou les poètes. Certains couples mariant ces deux expertises en redemandent et promettent de revenir.

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Micro-short et abaya

Retour à Doha, histoire de sacrifier à la promenade obligatoire. Elle longe le front de mer, joliment soulignée sur des kilomètres par une piste que sapproprient joggeurs, mamans à poussette, skate-boarders et autres insouciants. A la fraîcheur du soir, ce salon de plein air accueille la vie comme on l’aime. Le microshort fluo côtoie l’abaya, Louboutin ici,Adidas là-bas, les enfants turbulents troublent les secrets amoureux murmurés sur les bancsqui fixent la mer. Sous les étoiles, Doha renoue avec ses lointaines sagesses, celles du désert, celle du silence, celle de cetteconstellation lointaine qui flotte dans le noir. Elle indique le chemin qui conduit vers lalégende nouvelle des mille et une nuits.

Y aller. Vol quotidien direct entre Paris et Doha assuré par Qatar Airways. Il dure 6h15. L’excellence de la compagnie régulièrement classée parmi les meilleures se révèle évidemment en classe Affaires (à partir de 3 300 euros l’AR) avec un salon grandiose à Roissy, l’embarquement prioritaire et le service en vol aux petits soins (choix entre trois entrées, trois plats et une vingtaine deboissons) assuré par un personnel recruté dans le monde entier. La classe Economique est également l’une des plus applaudies du ciel (à partir de 610 euros l’AR). qatarairways.com

Savoir qu’à Doha, le salon Qatar Airways abrite un lounge Louis Vuitton où le chef multi-étoilé Yannick Alléno dirige les cuisines. Une envolée gastronomique rare à savoureravant le décollage.

Y arriver. Pas de visa exigé pour les Français. Le passeport doit être valable six mois après l’arrivée. En outre, chaque visiteur doit présenter une réservation hôtelière et un billet d’avion retour.

Y vivre. Quand il est midi en France, il est 14heures au Qatar en hiver. Par ailleurs, l’euro s’échange contre 3,89 rials (QAR). Circuler en taxi (très peu chers), sécurité totale en toutes circonstances. Boissons alcoolisées servies uniquement dans les grands hôtels.

Y loger. Le Waldorf Astoria West Bay, outre sa proximité de tous les centres d’intérêt de Doha, offre un excellent rapport qualité/prixpuisque le grand luxe et un service d’exception sont accessibles pour moins de 250 euros la nuit en chambre double. Sept restaurants dont Muru, veillé par Mauro Calogreco (3-étoiles à Menton), une table italienne, une autre newyorkaise, etc. Spa de référence et magnifique piscine extérieure. hilton.com

Habitas ras Abrouq. En plein désert, au cœur d’une réserve de la biosphère, ce campement 5-étoiles flambant neuf, propose de grandes villas pour deux avec terrasse privatives et petite piscine. Intimité absolue. Activités placées sous le signe du bien-être, du corps comme de l’esprit. De nombreux marocains y sont employés et parlent le français. Serviabilité totale du personnel, restauration de bon niveau, décoration riche, silence du désert et bonheur de la mer. Autour de 500 euros la nuit pour deux, petits déjeuners inclus. Ajouter les transferts (une centaine d’euros depuis Doha) et les repas. Attention, aucun restaurant à proximité. ourhabitas.com

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