Madère, le grand bol d'air
Alors que le Portugal rouvre ses portes aux voyageurs, Madère renoue avec ses heures de gloire. Savant mélange de sophistication et de simplicité, d’une nature sauvage, d’un océan infini et d’un savoir-vivre endémique.
De Winston Churchill à James Bond
C’est devant une vaste demeure, un cottage chic, envahi de plantes tropicales, que se gare le taxi. Voici un salon luxueux tapissé de photos d’un autre temps, de noir et de blanc, une terrasse où il semble naturel de prendre le thé, déguster un gin tonic, le regard filant sur la mer.
Un étage plus bas on distingue un restaurant, une vaste piscine, des arbres géants, un ascenseur, fondu dans la roche et qui s’enfonce sous terre.
En moins de 60 secondes, soit l’équivalent de quelques flopées de marches, la porte d’acier s’ouvre sur une calle minérale aux tons clairs. Quelques parasols, blancs, autant de naïades bronzées, puis une créature qui sort de l’océan, sculpturale…comme directement issue d’un scenario Jamesbondien.
Le mythique hôtel Belmond Reids Palace est plus connu pour un autre auguste visiteur, Sir Winston Churchill, lui-même, qui séjourna ici il y a un peu plus de cinquante ans, consacrant son séjour à reproduire sur ses toiles les ambiances et teintes de l’île tropicale.
C’est chic, Very So british, posé sur un pic rocheux, au cœur de l’infime, mais principale cité de Madère, Funchal.
Funchal, capitale gastronomique.
Sur les hauteurs de Funchal, que l’on atteint d’un coup de téléphérique, les berniques sont noires et or. Rien à voir avec le mollusque gastéropode prosobranche, d’un gris tristounet, que l’on décollait d’un rocher breton, d’un coup d’Opinel. A Madère, les berniques sont passées au barbecue, coques posées sur la braise, puis salées, poivrées, et le voyageur tombe amoureux, de cette mise en gueule, en bouche, succulente, nostalgique. Soyons clairs ! La gastronomie de Madère est à tomber par terre. Côté mer : filets de sabre et tronçons de thon, poulpes battus comme il se faut et maquereaux, fruits de mer en pagaille. L’océan n’est pas avare de richesses culinaires.
Puis ce sont les brochettes de viandes rôties sur des branches de lauriers, le cochon, mariné dans un mélange de vin et d’ail, proposé sous formes de sandwich, le pain de blé, les tartelettes de fromages frais, les fruits de l’île, anone et cerise carrée, papaye, banane et fruit de la passion. Les bonbons de fenouil, à l’eucalyptus, au gingembre, et on se finit sur un verre de vin de madère, sur les cimes de la capitale, là-haut, face à la mer.
Jardins extraordinaires et antiques ruelles
Redescendre à pied, des hauteurs de Funchal, est un voyage végétal pour le moins hors normes. Sur près de 4 hectares de terrasses étagées, avec plus de 2500 plantes exotiques, le Jardin botanique est posé sur les coteaux de la montagne. Orchidées géantes, fougères arborescentes, cactus et aloès monumentaux, les broméliacées, dont l’ananas, la guzmania et ses fleurs jaunes ou rouge vif, un vrai paradis terrestre.
Puis à quelques encablures de là, un autre jardin, tout aussi époustouflant, Le Quinta Jardins do Imperator où vécut l’empereur Charles d’Autriche. Des sentes et des fontaines, des arbres venus d’ailleurs, d’Amérique du sud, des Antilles, les roses extraordinaires.
Gorgé de teintes et de senteurs, c’est en homme heureux que l’on parcourt les ruelles de Funchal, le dessin du pavement, les bâtisses historiques, les restaurants qui pullulent, les portes peinturlurées, œuvres d’art urbaines, les commerces traditionnels et la gentillesse, des gens croisés à qui l’on demande son chemin.
De Camara de Lobos au Cap Girao
Ce dimanche matin, les pêcheurs de Camara de Lobos ne sont pas de sortie. Les poissons aussi ont droit à leur jour du Seigneur.
Les marins pêcheurs errent, clope au bec, sur les quais que frappe l’océan Atlantique. Les maisons sont joliment colorées, les chiens jouent autour des barcasses de bois, rouges, bleues et jaunes, qui ont été ramenées à terre. La statue de Winston Churchill trône devant un bar éponyme.
580 mètres plus haut, le Cap Girao, plus haute falaise d’Europe, domine un paysage sans autre fin que l’horizon. L’océan, les cultures d’infimes champs savamment dessinés. Puis, de falaise en falaise, nous filons vers Faja dos Padres.
Le téléphérique est projeté dans le vide à près de 130 mètres d’altitude et file vers un bout de terre, à même la mer, cultivé 150 ans durant par les Jésuites. Les chemins s’enfoncent entre l’océan rugissant et les vergers d’arbres fruitiers subtropicaux. Une maison d’hôtes, un restaurant attenant. On se prend à rêver s’installer ici un hiver, à lire, à écrire.
Encumeada, Sao Vicente, Seixal et Porto Moniz
En route vers la côte nord de Madère, impossible de ne pas faire un stop à Encumeada. A près de 1340 mètres d’altitude, au cœur du massif montagneux du cœur de l’île, l’ancien « Chemin Royal », qui était entièrement pavé, était auparavant utilisé par l’aristocratie terrienne come l’une des principales routes pour traverser l’île. Une randonnée qui permet de découvrir les plus hauts sommets de Madère.
Puis c’est Sao Vicente, ses grottes volcaniques, Seixal, sa plage de sable noir, les vagues qui s’engouffrent sous un pont tel une arche, Porto Moniz et ses incroyables piscines naturelles dont se jouent les maintes couleurs de l’océan. Des verts améthyste, des bleus, turquoise ou Majorelle, cyan ou de Prusse.
Décidément, l’île de Madère surprend, époustoufle, séduit petit à petit le plus averti des voyageurs. Et seulement à deux heures trente de vol de Paris.
Pratique :
Y aller : Vol direct Paris-Funchal A/R à partir de 119 Euro avec la TAP
www.flytap.com
+ 33 890 102 106
Séjourner :
- Belmond Reids Palace :
Luxe calme et volupté en un palace niché dans des jardins subtropicaux surplombant les falaises de l’Atlantique. Une élégance hors du temps, une cuisine chatoyante, un must, s’il en est.
Estrada Monumental139, 900-098 Funchal, Madère, Portugal
Réservations : 0800 913 079
Reservations.rds@belmond.com
- Quinta Casa Branca :
Un boutique hôtel cinq étoiles, avec des chambres ouvrant sur l’un des plus beaux jardins de Funchal. Les repas se prennent en un « Castillo » d’époque. Le service y est sensible et sensé. Remarquable adresse.
R. da Casa Blanca 7, 9000-088 Funchal, Madère, Portugal
Réservations : + 351 291 700 770
Informations
Office de tourisme de Madère