Le Burdigala en tenue de gala
Bordeaux rayonne. Après deux années de travaux, l’hôtel Burdigala a retrouvé son allure. En mieux. Car plus qu’un hébergement 5-étoiles, un bar so chic et une table bluffante, la maison dévoile un nouvel art de partager et même d’étonner. Gagné.
Vitalité, rayonnement, attractivité… Bordeaux s’affranchit des clichés qui plombaient sa réputation. On la disait austère, prétentieuse, réservée, la voici pétillante, hédoniste, accueillante. La Garonne fait la fête, les Chartrons jouent les délurés, le miroir d’Eau ravit petits et grands, le quartier Saint-Pierre s’encanaille. Résultat, la ville inaugure des hôtels inspirés. Une affaire pour touristes ? Mais non ! Les vignerons de la région et les jeunes pousses locales de la tech, adorent tout autant. Plaisirs partagés, fusion annoncée.
Cachettes pour confidences
Dernière ouverture locale, le Burdigala, illustre à merveille le renouveau bordelais. Avec un nom étrange, celui que les Romains attribuaient à la ville, sa situation un rien excentrée, le quartier Mériadeck, à 20 minutes à pied de tout et une architecture close, cinq étages sans balcon ni terrasse, la vibe couve à l’intérieur.
L’entrée donne le ton. Les couleurs chaudes habillent l’espace, du sol aux canapés, des piliers habillés de bois aux recoins de l’immense espace qui accueille bar, grande table de coworking, salle de jeux, bibliothèque et même alcôves pour confidences. Ambre, crème, olive, anis, cuivre, chocolat, tabac…, soulignés de lumières délicates tissent les plaisirs d’un cocon dans lequel on se loverait bien encore un peu.
Art de vivre
Les 83 chambres et suites déclinent semblable douceur grâce à des touches claires, rideaux, moquette, boiseries, si opportunes dans une enclave où la vue sur l’extérieur manque d’attrait. Dommage. Imaginé comme un espace futuriste dans le boom bétonnier des années 70, le quartier de Mériadeck délaisse la noblesse des pierres bordelaises, ignore les harmonies citadines qui font le plaisir de flâner main dans la main. Alors, le Burdigala se fera le chantre des bonheurs intérieurs, comme chez soi, à la maison. Un trésor et quelques jolies trouvailles assurent la démonstration.
Carte ultra-courte
Le premier s’appelle Madame B, le restaurant du Burdigala. Une quarantaine de couverts (chaque soir, c’est bondé, réservation obligée), un service bienveillant jamais guindé, chemise blanche et pantalon crème, une carte ultra-courte, quatre entrées, autant de plats et de desserts, des merveilles chaque jour alignées sur les trouvailles du marché.
Avant de débarquer ici, le jeune chef Grégory Vingadassalon a fait ses classes auprès de Ducasse à Paris puis au Toiras, le Relais & Châteaux de l’île de Ré. Des références... A Bordeaux, il souffle l’originalité, la subtilité, sa liberté gourmande. Raviole de volaille au foie gras, filet de truite aux salsifis, sauce maltaise, coque de meringue, crémeux de citron… La récompense ne saurait tarder, addition ludique en prime : on choisit deux assiettes (24 euros), trois, quatre ou cinq, le prix prend dix euros à chaque marche.
Champagne, s’il vous plaît
Du coup, la salle ne désemplit pas. Etrangers guidés jusqu’ici par une réputation déjà en marche, couple établi savourant sa bonne étoile, champagne s’il vous plaît, liane court-vêtue au bras d’un garde du corps mal rasé, bande de filles réjouies de leur complicité, diam à l’annuaire, on est quand même à Bordeaux !, messieurs cravatés en sérieuses négociations, amours en devenir, regards déjà prometteurs… Il règne chez Madame B comme une étonnante fusion des genres, une euphorie du bon goût, de l’adresse pour initiés. Un signe ne trompe pas, il n’est pas rare que les tablées, ravies du voisinage, célèbrent ensuite côté bar les hasards de leur rencontre.
Salons de lecture ou de jeux
Au rayon des trouvailles, voici les deux cachettes du rez-de-chaussée. Aménagés avec fauteuils et canapés, elles font office de salons de lecture (livres en rayonnage) ou bien salles de jeux, DVD à disposition. L’écran est grand, les manettes patientent, choisir sa bataille ou son défi. Des tentures permettent l’isolement. En voisin, le bar et sa carte sans fin semée de trésors (Coal Ila, rhum de la Barbade, cognac 1988, cachaça et même jus de pomme ou verre de graves) ravit les lecteurs qui prennent leur temps comme les joueurs les plus ardents.
Dix-neuf fauteuils bleu-roi
Salle de sports et Spa (ouverture début 2024) complètent l’agrément du Burdigala. Alors, reste à pousser une dernière porte, celle qui protège le secret le mieux gardé de la maison. Elle ouvre sur une salle de cinéma de dix-neuf fauteuils couverts de tissu bleu-roi, assez espacés pour qu’on y prenne largement ses aises. Une réussite absolue pour le regard. A la demande, les clients des suites peuvent y visionner tranquillou film et série de leur choix.
Emilie Depierrois, directrice de l’hôtel, imagine un grand destin pour cette pépite : « j’aimerais qu’elle accueille les événements qui font l’actualité, présentation de produit, match de tennis, de foot ou de rugby, épreuves des Jeux, dégustation de grands crus, concert filmé, conférence de presse… Sa petite capacité et le style Burdigala impliquent le chic et l’exclusivité, Bordeaux va adorer ». Impatients, les habitués attendent le programme en squattant le long bar de la maison. Tchin ! Promis, on revient demain.
Hôtel Burdigala, 115, rue Georges Bonnac 33000-Bordeaux
Tél. : 05 56 90 16 16 et burdigala.com
Chambre double à partir de 200 euros la nuit. Restaurant Madame B à partir de 24 euros.