Voyage

À l'Hôtel Singer, cocon 5-étoiles à Rome

L’établissement est de ceux dont on se refile l’adresse entre connaisseurs, comme un bon plan d’initiés. « Le Singer » comme on dit, tient sa promesse. L’escapade à Rome s’annonce grande classe. Visite…

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Rosa Visocchi aime les belles manières. Un fil d’or à chaque doigt de la main gauche, une veste griffée, des souliers italiens distingués, le regard clair comme un ciel de printemps et l’envie d’offrir le plus bel accueil de Rome, chaleureux, soyeux, raffiné. Gagné.

Vue panoramique de dingue

Il est vrai que le Singer Palace Hotel, 30 chambres et suites 5-étoiles nichées en plein cœur de la Ville éternelle, est propriété de sa famille, comme quatre autres adresses de charme en Italie. Rosa dirige celle-ci en parfaite maîtresse de maison, l’œil sur tout, du bouquet de fleurs à l’éclat du miroir, des lumières du bar aux mignardises posées en chambre. Sans oublier de briefer les arrivants dans un français impeccable : la fontaine de Trevi (devant, 3 minutes à pied), l’imposant monument dédié à Victor-Emmanuel II (2 minutes, « grimpez sur le toit, vue panoramique de dingue »), les boutiques du Corso (juste en bas), le Quirinal des papes et les jardins qu’on traverse main dans la main (5 minutes), le Forum romain (4 minutes), l’extraordinaire Piazza Navona, ses fontaines, autant de chefs d’œuvre, ses terrasses de cafés, ses façades, le panthéon (5 minutes), mille églises avec toiles et sculptures du Caravage, de Raphaël, de Michel-Ange, tout autour… Mieux situé, on n’a pas trouvé.

 

Singère, Singeur, Singéré

Pourtant, un détail chagrine Rosa. La quadra n’a toujours pas réponse à la question qu’on lui pose régulièrement. Faut-il prononcer Singer à la française, genre Singère, la célèbre marque de machines à coudre qui enchanta toutes les mamans au début du siècle dernier et qui donne son nom à l’hôtel ? Ou bien Singer, Singueur à l’américaine, comme un chanteur, puisque c’est à New York qu’Isaac Meritt Singer développa la trouvaille à pédale (1851) qui fit sa fortune ? « Alors, tentez, la manière italienne, dites Singéré ! » propose Rosa pour en rire.

En 1931, l’entreprise qui inventa la couture avec une aiguille verticale décide d’installer son siège européen à Rome. Elle fait construire un magnifique petit palais de cinq étages, style Art Nouveau. Le temps passe, le monde change, les repriseuses n’ont plus la cote, le gratte-ciel emblématique de la marque à Manhattan est détruit, les bureaux de Rome sont désertés. Mais pas question d’abandonner le joyau. Acheté par les Visocchi qui le rénovent en 2018, il abrite désormais le Singer Palace Hotel et entame sa nouvelle vie. Elle est radieuse.

 

Hymne au cocooning

Clin d’œil au temps qui passe, quatre machines à coudre des origines, corps noir et lettres d’or, garnissent les vitrines du lobby. On dirait un souvenir de famille, des médailles à la gloire d’un ancêtre vertueux, la présentation de l’hymne au cocooning que revendique la maison. Les habitations jamais bien grandes se déploient sur cinq étages autour d’un escalier majestueux tout de marbre blanc veiné de noir, un bijou de tourbillon. Il bat le cœur du boutique hôtel. Pas de souci, un ascenseur aux parois de verre assure par ailleurs les grimpettes.

Les chambres racontent l’élégance de la patronne, tons gris perle, tentures épaisses jouant crème et blanc cassé pendant que les murs peints à l’unisson portent les luminaires années trente autour d’un vaste lit. Les Américains adorent, les amoureux aussi. La salle de bains relève du même éloge, 100% blanc immaculé. Magnifique, mais mesuré. Amateurs de grandes enjambées, filez dans les établissements de chaînes. Fans de cachette douillette, Benvenuti a casa di Rosa !

 

Inspiration céleste

Entre deux paresses, prière de plonger dans la ville, d’en respirer l’atmosphère, de suivre à l’instinct ses rues joyeuses et colorées. Les gravures de mode des deux genres y croisent les tribus religieuses, gros crucifix de bois en sautoir, grappes de nonnes, moines en chasuble, curé pressé (le Vatican tient son rang !), la Fiat 500, électrique bien sûr, passe une Ferrari en fanfaronnant, un chanteur fait la manche sous le balcon d’où jadis Mussolini haranguait les foules, les pierres gardent la mémoire de César comme de ses gladiateurs. Ce palais raconte la Renaissance, cet autre l’arrivée de Napoléon ou l’élection d’un pape, la statuaire grandiose avoue son inspiration céleste et la moindre église impose la ferveur par la puissance de ses lumières. Invariablement, Rome fait regretter l’heure du départ.

 

Avenir étoilé

Retour aux plaisirs terrestres. En fan de gastronomie comme de grands crus français, Madame la directrice a confié Le Terrazze, le restaurant du Singer, au très prometteur chef trentenaire Alessandro Fiacco. Bravo à ses conjugaisons inspirées par les produits de saison, avec la pasta comme fil conducteur, évidemment. Les gourmets de Rome et d’ailleurs lui promettent un avenir étoilé.

Toutefois, avant de passer à table, impérativement s’installer juste au-dessus, au 6ème étage de l’hôtel. Le roof top offre une vue grand écran sur Rome, son océan de tuiles roses duquel émergent clochers et dômes d’or, quadriges conquérants et murailles nées avec l’antiquité. Le spectacle invite à prendre la pose sur fond de légende romaine. Selfie s’il vous plait, Spritz, Martini ou Prosecco à la main. Chaque soir, Frederica Geirole, bar tender et reine du cocktail, fait danser doseur, shaker et couleurs. Avec elle, Rome et « Le Singer » brillent un peu plus joliment.

 

Singer Palace Hotel Via Alessandro Specchi, 10 Roma 00186.
Tél. : 00 39 06 697 61 61 et www.singerpalacehotel.com

Réservations également sur benvenuto@singerpalacehotel.com

Prix : entre 450 € et 1 200 € pour deux par nuit, selon dates et standing de la chambre ou suite.

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