Pop Culture

Pourquoi il faut absolument voir l'exposition consacrée à Basquiat

Une passionnante exposition à la Philharmonie de Paris consacrée aux liens étroits qu’entretenaient Jean-Michel Basquiat et la musique promet de faire évènement. 

Jean-Michel Basquiat dansant au Mudd Club, New York, 1979 © Courtesy of Nicholas Taylor
Jean-Michel Basquiat dansant au Mudd Club, New York, 1979 © Courtesy of Nicholas Taylor

Parmi les époques où l’on aimerait se téléporter, le New York des années 70 et 80 serait une étape indispensable. Ne serait-ce que pour découvrir, en direct, l’œuvre jubilatoire de Jean-Michel Basquiat, s’enivrer de sa vitalité hors normes. Au diapason d’une ville bouillonnante, où s’inventent chaque jour les musiques de demain, préparant le terreau fertile où, des décennies plus tard, les artistes d’aujourd’hui viennent encore faire leur marché pour nourrir leur propre inventivité. Une collection de près de 3 000 disques attestait de la relation passionnelle qu’entretenait le peintre avec la musique, et la variété des genres représentés ne devrait étonner personne : opéra, soul, jazz, reggae, hip-hop, blues... Elle façonnait un autoportrait révélateur d’une curiosité avide de sensations fortes, en quête de formes neuves. À l’image des récentes expositions, ntamment celle consacrée à Fela, la Philharmonie a déployé une scénographie inventive, ludique et pédagogique. Elle offrira une immersion sensorielle presque complète, harmonisant toiles (près d’une centaine sera présentée) et musiques, elle mettra en lumière mieux qu’une influence, une interaction évolutive entre la musique et son travail. Ingénieur du son, compositeur et sound désigner pour l’art contemporain (pour Philippe Parreno), et le cinéma (pour Iñárritu), Nicolas Becker a conçu une matière musicale organique, grâce à un logiciel, Bronze, qui imagine des associations imprévisibles, offrant une trame sonore recomposée à l’infini. On sait qu’une œuvre n’est pas ressentie de la même façon par tout le monde; il est ainsi naturel que chacun entende une musique différente. Peu de peintures dans l’histoire chantent, crient, improvisent autour de grilles harmoniques avec autant de puissance que celles de Basquiat, et ce dialogue fructueux structure la démarche scénographique. L’exposition rappellera qu’avant d’être pleinement peintre Basquiat fut musicien, fréquentant avec son groupe Gray (où Vincent Gallo passa une tête) la scène no-wave, notamment les essentiels DNA et The Lounge Lizards, dont l’influence reviendra inspirer vingt ans plus tard la galaxie Yeah Yeah Yeahs, The Kills, TV on the Radio... À ce sujet, on aura la chance de voir le rare film Downtown 81, réalisé par Edo Bertoglio, suivant les péripéties urbaines d’un artiste incarné par Basquiat à travers un Lower East Side délabré. Bien sûr, la déflagration esthétique et politique que représenta l’explosion des scènes hip-hop et street-art – remodelant son approche de la peinture, suggérant de nouvelles approches techniques, structurelles, décisives – sera mise en lumière. L’on verra aussi les sublimes Polaroïds de Maripol captant leș protagonistes de la scène new-yorkaise, de John Lurie à Debbie Harry, en passant par Klaus Nomi et Madonna, apportant une touche romanesque teintée de mélancolie. C’est moins une exposition qu’une biographie sensible du peintre, donnant à voir la multiplicité de ses inspirations, et la complexité d’une personnalité qui mérite mieux que les habituels clichés le résumant injustement à une comète maudite. Puisqu’il s’agit aussi d’un magnifique lieu de concerts, on conjure de n’en rien rater : une création sur mesure de Chassol; Eric Bibb; la récente révélation Leyla McCalla...
Enfin, signalons qu’aux mêmes dates, la Fondation Louis Vuitton présentera l’exposition “Basquiat X Warhol, À quatre mains”, rappelant opportunément les échos, reflets, relais que leurs œuvres proposent. 

https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/exposition/24617-basquiat-soundtracks

Expositions “Basquiat Soundtracks”, du 6 avril au 30 juillet, à la Philharmonie de Paris, et “Basquiat X Warhol, À quatre mains”, du 5 avril au 28 août, à la Fondation Louis Vuitton.  Un merveilleux catalogue accompagnant l'exposition vient de paraître : Basquiat Soundtracks, dirigé par Vincent Bessières, Dieter Buchhart et Mary-Dailey Desmarais (Editions Gallimard, 280 pages, 39€)

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Jean-Michel Basquiat, Jazz, 1986, Mugrabi Collection © Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York.
Jean-Michel Basquiat, Untitled (Dizzy), 1983, Private Collection © Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York
Test Pattern (aka Gray) at Hurrah, Jean-Michel Basquiat, Shannon Dawson, New York, 1980 © Courtesy of Nicholas Taylor
Jean-Michel Basquiat mixant au Area Club, 1984 © Ben Buchanan
Gray composé de Vincent Gallo, Justin Thyme, Nicholas Taylor, Michael Holman, Jean-Michel Basquiat, 1980 © Marina D.
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