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Festival de Cannes 2023 : le compte à rebours est lancé

Le 76e Festival de Cannes s’ouvrira le 16 mai. Au générique : des cinéastes reconnus ou à découvrir, des stars comme dans un rêve, des films attendus ou des trésors encore insoupçonnés.

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“Le rêve est toujours là”, annonçait Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes. Après avoir vu près de 2 000 films, pour en sélectionner 19 (même s’il arrive qu’un invité de dernière minute se faufile parmi les élus), son enthousiasme faisait plaisir à entendre. À l’heure où s’écrivent ces lignes, impossible de miser sur tel ou tel, disons seulement la satisfaction à voir six réalisatrices en sélection : Catherine Breillat, Justine Triet, Jessica Hausner, Kaouther Ben Hania, Alice Rohrwacher, Ramata-Toulaye Sy et Maïwenn (hors compétition).

À nouveau, c’est toute la planète cinéma qui déploiera la variété de ses talents, de ses écritures, de ses visions du monde. Italie, Turquie, Japon, Chine, États-Unis, Angleterre, Sénégal, Tunisie, Finlande – et l’on en oublie – enverront ainsi leurs plus éminents ambassadeurs de la création cinématographique. Il est toujours utile d’entendre battre le pouls créatif d’autres continents, et d’être ainsi un cinéphile à l’image de ces vers sublimes de Blaise Cendrars : “Je tourne dans la cage des méridiens comme un écureuil dans la sienne.”

De nos cinéastes fétiches – Nanni Moretti, Takeshi Kitano (pour qui ce pourrait être son dernier film), Todd Haynes, Jessica Hausner, ou Wang Bing, au retour très attendu de Catherine Breillat en passant par les confirmations espérées de la part de Justine Triet ou d’Alice Rohrwacher, les appétits devront, à moins d’avoir renoncé à tout espoir, être satisfaits. On guettera aussi, bien sûr, les sélections parallèles, toujours riches et passionnantes : notamment, le nouveau film de Katell Quillévéré, au beau titre très Douglas Sirk, Le Temps d’aimer, avec Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste.

Sans doute l’on y entendra, plus ou moins sourdement, les échos des tumultes contemporains, quelques ondes des zones de turbulences covidées dont l’on sort à peine, encore un peu froissé et titubant, mais assurément, à l’image de la vocation défricheuse du Festival, l’on découvrira de nouvelles approches d’un art plus que centenaire, toujours fringant, nourri des révolutions technologiques en mutation perpétuelle, n’ignorant pas les nouveaux supports créatifs – le superlativement attendu Killers of The Flower Moon de Martin Scorsese a été réalisé à l’instigation d’Apple TV+, ou The Idol, la série made in HBO de Sam Levinson avec The Weeknd et Lily-Rose Depp, seront bien là, hors compétition. (On notera la malice de Scorsese qui proposera un film dont la durée semble excéder trois heures, exigeant du public une attention soutenue, à laquelle les plateformes de streaming incitent en général assez peu…). Les projets singuliers seront aussi à l’honneur, notamment avec cet intrigant court-métrage Strange Way of Life, réalisé par Pedro Almódovar et produit par Saint Laurent Productions, marquant les grands débuts de la maison de mode dans le cinéma, avec Pedro Pascal et Ethan Hawke, réunis pour un western queer. Retrouver le cinéma délicatement poético-mélancolique, et souvent franchement éthylique, d’Aki Kaurismäki, au titre prometteur, Fallen Leaves, est une excellente nouvelle, tant on croyait le cinéaste finlandais parti en retraite volontaire. Il y aura bien sûr des révélations, mais incontestablement cette édition marque le retour des grands auteurs.

On sait aussi l’importance d’un jury, curieux, sensible, aventureux s’il le faut. Sous la direction du cinéaste Ruben Östlund, doublement palmé, dont l’oeuvre acide séduit autant qu’elle peut diviser. Mais il ne faut préjuger d’un jury ses choix : ainsi, qui aurait pensé que celui présidé en 1987 par Yves Montand accorderait la distinction suprême à Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat ? Ou que celui sous la présidence de Pedro Almódovar désignerait Rosetta des Frères Dardenne ?

Parmi les montées des marches les plus attendues, assurément, les projections de Killers of The Flower Moon, réunissant DiCaprio et DeNiro, d’Asteroid City de Wes Anderson qui a embarqué dans sa nouvelle aventure, attention les yeux, Adrien Brody, Maya Hawke, Tom Hawks, Tilda Swinton, Jeff Goldblum, Margot Robbie et… Scarlett Johansson – les photographes accrédités sont sans doute déjà en hyperventilation. Pas de Cannes sans scandale à l’horizon : a priori, moins sur les écrans que hors champ, avec la présence de Johnny Depp, à peine sorti d’une tempête judiciaire, à l’affiche du film de Maïwenn, Jeanne du Barry, qui fera l’ouverture du Festival, et les rumeurs aux odeurs tenaces de soufre de The Idol, la série du créateur d’Euphoria, Sam Levinson, pourraient bien faire de l’ombre à ses vertus intrinsèques (éventuelles). Parmi les cinéastes ayant le plus compté dans notre vie, l’Italien Nanni Moretti se présentera avec un film qui porte un titre – dans sa version française –, dont l’on espère qu’il annonce fidèlement.

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