Pop Culture

Faut-il voir la nouvelle série avec Paul Rudd et Will Ferrell ?

Un duo formé par les meilleurs acteurs comiques de leur génération, un pitch en or massif, tout était réuni pour une création exceptionnelle. Et pourtant….

Will Ferrell et Paul Rudd. Copyright : Apple TV +
Will Ferrell et Paul Rudd. Copyright : Apple TV +

« Combien de psychiatres faut-il pour changer une ampoule ? Un-e seul-e, mais il faut que l’ampoule le veuille vraiment. » Cette plaisanterie (pour initié-e-s, certes…) souligne que le travail effectué dans le cabinet d’un-e psychiatre dépend principalement de la volonté du patient de s’y soumettre et surtout d’en être l’acteur/l’actrice. Ainsi, lorsque Marty (Will Ferrell) rencontre le docteur Dr Ike Herschkopf (Paul Rudd), ce dernier percevant la faiblesse et la grande détresse de son patient, désormais orphelin, reprenant comme il peut l’entreprise familiale, encombré d’une sœur assez paumée, s’engouffre dans la brèche offerte. Manipulant suavement et perfidement Marty, il en fait son jouet, l’asservissant, le contraignant à des rapports de force toxiques, l’expulsant de sa propre vie. Il rejette progressivement en périphérie tout ce qui donnait au quotidien de Marty son identité, afin que celui-ci n’ait plus qu’une lune, un soleil : lui. Adaptée d’un podcast réalisé par Joe Nocera, revenant sur des faits réels, cette mini-série, portée par les exceptionnels Rudd et Ferrell capte parfaitement ce lent et inexorable basculement de leur relation, fondée sur l’emprise qu’exerce un psy-gourou, animé par une volonté de revanche sociale, sur sa victime. La sourde tristesse dégagée par un Marty infantilisé et dévoré par la voracité irrésistible de Ike, donne toute son essence au récit, qui s'épuise à ne plus savoir comment lui donner des formes narratives neuves, quels personnages apporter au tableau pour lui offrir davantage de profondeur, le tentant, avant d’y renoncer. Certes logiquement, tant l’horizon de Marty est tout entier bouché par Ike, mais il semble que certains épisodes tirent un peu paresseusement sur le même élastique, qui ne claque plus entre les doigts, mais au contraire, s’amollit. Si cette dynamique corrosive a dans la réalité en effet rongé Marty pendant des décennies, quelques ellipses auraient permis d’en garder la charge intacte. Fatalement, à force de tourner en rond, à se délester des personnages secondaires, le moteur narratif finit par toussoter, avant de caler tout à fait.  « Je n'ai fait celle-ci plus longue que parce que je n'ai pas eu le loisir de la faire plus courte. » plaisantait Pascal dans ses Provinciales au sujet d’une de ses lettres ; on s’imagine bien que les producteurs -trices et la créatrice ici à l’œuvre ont mieux à faire que lire des écrits jansénistes, mais l'équipe créative aurait été bien inspirée de se souvenir de cette formule. Et de prendre précisément le temps de la concision... 

Créée par Georgia Pritchett. Avec Paul Rudd, Will Ferrell et Kathryn Hahn. Une mini-série en huit épisodes. Un épisode chaque vendredi à partir du 12 novembre. 

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Cornell Womack, Kathryn Hahn and Will Ferrell in “The Shrink Next Door,
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