Pilote sur la Riviera
Laura Villars fait partie de cette nouvelle génération de femmes pionnières, qui met un coup d’accélérateur pour mieux représenter la gent féminine dans le milieu du sport automobile. Rencontre.
L’OFFICIEL: Quelle est l’expérience d’être une femme dans le monde du sport automobile ?
LAURA VILLARS: Je trouve que c’est agréable d’être une femme, car cela rend les choses d’une certaine manière plus “puissantes”. On s’intéresse beaucoup plus à nous ; la Fédération prévoit même de faire entrer une femme en Formule 1 dans les cinq prochaines années. Mais il est clair qu’il faut parfois s’imposer, montrer ses compétences. C’est un milieu fascinant — surtout en tant que femme, cela facilite les partenariats et les collaborations, car c’est un sujet d’actualité.
L’O: D’où vous vient cette passion pour la course et comment avez-vous commencé ?
LV: J’ai beaucoup accompagné mon père sur les circuits, donc j’étais toujours sur le côté à regarder cet univers qui m’a toujours passionné, intrigué. J’ai roulé pour la première fois à l’âge de 15 ans, je ne faisais que des tests et petit à petit je me suis dit, après avoir terminé mes études et l’université, que je voulais vraiment aller pleinement faire des compétitions automobile. J’ai commencé professionnellement il y a une année et demie, c’est très récent et on a des bons retours positifs très encourageants par rapport au parcours qui n’est pas le parcours normal — celui de commencer par faire les compétitions de karting puis évoluer « step-by-step » dans les championnats. Je suis allée directement au championnat en formule 3 régionale.
L’O: Un conseil pour les femmes qui voudraient commencer la course ?
LV: Je les encourage à y aller car il y a vraiment une voie pour les femmes qui se développent en ce moment, et je pense qu’il faut commencer avec le karting. Il y a beaucoup d’écoles de karting féminines qui ouvrent notamment grâce à Susie Wolff, il y a aussi la F1 Academy qui est accessible pour les jeunes femmes pour commencer en F4. Je pense que c’est la meilleure plateforme et pour la visibilité également, car c’est très médiatisé. N’oublions pas d’autres courses, celles d’endurance comme par exemple les 24 Heures du Mans où une équipe féminine de Iron Dames essaie de développer la place des femmes dans ce milieu.
L’O: Pourriez-vous nous parler de votre collaboration avec Ferrari…
LV: Effectivement, cette année, je participe au Ferrari Challenge. Donc il n‘y a que des Ferrari GT et j’ai un partenariat avec le Garage Zénith, qui est un garage en Suisse.
L’O: C’est votre père qui vous initiait, si vous voulez juste nous dire deux mots sur votre père ?
LV: Il est passionné d’automobile, comme moi. Il a fait quelques courses également. Il a toujours roulé par pur plaisir et par passion, une chose qu’il m’a transmis par la suite.
L’O: Les marques de mode s’intéressent de plus en plus à la « car culture ». Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de cette tendance ?
LV: Je pense effectivement que c’est une belle approche. Charlotte Tilbury vient de sponsoriser une femme en Formule 4, et c’est ce que nous essayons de faire également, notamment avec le partenariat que nous avons avec la marque L.Raphael, créée par Ronit Raphaël. Ce sont des femmes puissantes qui essaient de s’imposer dans le milieu automobile sans s’empêcher d’afficher leur féminité et d’utiliser des produits de beauté. C’est ce qui fait notre force et qui peut montrer que, même en sortant de la voiture, on peut rester féminine tout en étant dans un milieu complètement masculin.
L’O: Justement, Charlotte Tilbury, si je ne me trompe pas, sponsorise le F1 Academy.
LV: Exactement. C’est une des premières compétitions consacrées uniquement aux femmes âgées de 16 à 25 ans qui encourage les femmes à évoluer dans le milieu automobile. La Formule 4 est une monoplace plus facile pour apprendre et pour pouvoir évoluer, pour plus tard aller potentiellement en Formule 3, Formule 2 et peut-être Formule 1. F1 Academy est un excellent tremplin pour les femmes dans le sport automobile. C’est très encourageant, de voir de plus en plus d’initiatives de compétitions féminines.
L’O: Vous portez la marque Alter Design dont la créatrice Pauline Ducruet dit que son rêve, serait de voir une femme gagnante en F1. Est-ce que c’est un rêve ou quelque chose qui pourrait vraiment se réaliser ?
LV: J’adore le côté racing chez Alter Designs. Et pour le rêve que vous évoquez, je pense qu’avec les mesures qu’ils mettent encore actuellement en place dans le milieu automobile, c‘est-à-dire de commencer très jeune par le karting pour pouvoir potentiellement faire tout l‘entraînement « step-by-step », passer par la F4 pour pouvoir accéder en F1, est faisable de nos jours. Meme si c’est très dur physiquement, que c’est beaucoup d’entraînement, je pense que c’est faisable avec beaucoup de persévérance, et on espère que le rêve se réalise, un jour.
L’O: Vous vivez dans le sud de la France, partiellement…
LV: Du mois de mai au mois de septembre, j’adore le sud.
L’O: Pouvez-nous partager un peu vos secrets de la Côte d’Azur et votre passion pour le sud ?
LV: Ça fait plus de 25 ans que je viens chaque été à Saint-Tropez, j’ai le circuit du Castellet, qui est à à peu près une heure et demie de chez moi. J’y vais pour m’y entraîner, j’y ai été hier et avant-hier, et c’est un circuit qui est juste magnifique. Le Paul Ricard est assez mythique dans le milieu automobile, donc j’adore aller là-bas. Le sud de la France est pour moi le plus simple pour pouvoir m’entraîner également.
L’O: Comme vous êtes sur ce circuit, est-ce que vous y croisez par hasard des champions de courses automobiles ?
LV: Oui ! Après, il y a beaucoup de pilotes qui s’y entraînent, donc ça dépend les événements. Hier, par exemple, on n’était pas beaucoup de personnes mais j’ai déjà été sur des week-end où il y a tous les pilotes officiels de la F3, de la F2 qui s‘entraînent et qui ont des tests officiels. Donc, oui, en général, on se retrouve tous les pilotes à ce moment-là.
L’O: Et votre pilote préféré à vous ?
LV: J’aime beaucoup le parcours de Charles Leclerc, surtout actuellement, et son histoire familiale et automobile, proche de la mienne. J’aime beaucoup le personnage.
L’O: Le grand prix de Monte Carlo, c’est un peu l’origine de la F1, même si maintenant on parle de Abu Dhabi, Montreal, Miami et Las Vegas. C’est quoi votre feeling par rapport à toute cette exportation mondiale et le fait que ça devienne une marque ?
LV: Le Grand Prix de Monaco est fondamentalement historique, depuis les années 59 et 60, c’est le circuit mythique dans la ville, et il n ‘a pas bougé depuis toutes ces années. C’est vrai que de nos jours, comme on a pu le voir au dernier Grand Prix les bolides deviennent trop imposants pour ce genre de circuits. Certes, on a des circuits comme Jeddah, le Qatar qui se sont développés, mais ça n’a pas la même histoire à mes yeux comparé aux circuits européens et à l’histoire de ces courses légendaires.
L’O: Vous avez un partenaire beauté qui est L.Raphael. Est-ce que vous pouvez nous parler de votre rencontre et comment s’est fait cette collaboration ?
LV: Ronit Raphaël est une femme d’affaires qui gère son entreprise pionnière dans le domaine des de soins de beauté à Genève. J’allais chez elle et, du jour au lendemain, elle a vu mes stories sur Instagram, elle a vu l’impact qu’avait la femme dans le milieu automobile et elle m’a dit qu’elle serait très intéressée de faire une collaboration. Elle aussi est partie de rien, elle s‘est faite elle-même depuis plus de 20 ans dans le milieu de la beauté et ça l’intéressait vraiment de faire une collaboration avec une jeune femme pilote.
L’O: Y a-t-il un designer ou une marque que vous affectionnez particulièrement en ce moment ?
LV: J’adore Jacquemus et, surtout, sa très jolie collaboration avec Nike. J’adore la mode qui s’inspire du sport.
L’O: Quels sont vos projets pour cet été ?
LV: Pour l‘instant, j’ai 3 courses au courant de l’été. Donc beaucoup d’entraînement et de simulateurs à venir. Je vais avoir notamment une course dans le sud de la France, au Castellet le 28 juillet.
Photographie & Stylisme: Kenzia Bengel De Vaulx
Casting : Marcela Mayorga Meignan
Coiffure : Manon Martin Maquillage : Charlotte Cecillion
Directeur Artistique : Jenny Mannerheim
Assistant photo : Luka Radulovic
Production : Romain Scardilli
Remerciements : Thomas Alunni Carosserie Lecoq Riviera