Marcia : l'obsession des Parisiennes engagées, sexy et écolo
C’est par une robe, la fameuse Tchikiboum, modèle nineties, entièrement ouverte sur le côté – une découpe inattendue, en dehors des clichés de la séduction – et à porter sans rien en dessous, que l’histoire de la marque Marcia, imaginée par Emma Reynaud, a commencé. Haute silhouette gracieuse, la jeune styliste s’était d’abord destinée à une carrière de danseuse classique, puis à celle de mannequin, avant de devenir la créatrice de mode que l’on connaît – elle a pu pour cela compter sur les conseils avisés de son amie la créatrice de bijoux Charlotte Chesnais. Avec Marcia, Emma avait envie de dévoiler “une autre féminité qui rime avec éco-responsabilité”. Une belle et bonne idée sur laquelle surfe de plus en plus l’industrie de la mode en réponse à notre nouvelle manière de consommer. Mais que pense-t-elle de la récente euphorie de l’upcycling (recyclage valorisant les pièces d’origine, ndlr), elle qui en a fait un des principes forts de sa marque 100 % made in France? “C’est une prise de conscience considérable. Partir d’une pièce existante pour en créer une autre est le moyen le plus écologique qui soit de concevoir un vêtement. J’ai beaucoup d’admiration pour ces designers qui font de l’upcycling, comme Hala Moawad qui crée des vêtements à partir de chutes de cuir, ou Gaëlle Constantini qui a confectionné une robe à partir d’un rideau de l’Élysée. Cela demande un engagement sans faille et tellement de créativité. Transposer cela à l’échelle d’une production est un défi que j’aimerais relever.”
Et ce défi n’est pas le seul. Car si toutes les grandes maisons savent réaliser un produit de luxe à partir de matériaux recyclés, elles ne le font pas forcément car les clients, eux, demeurent toujours aussi hésitants ! Le seul moyen, selon Emma, est que nous, les consommateurs, refusions d’acheter des vêtements qui ne sont pas confectionnés dans le respect de l’environnement, surtout ceux en matières synthétiques non recyclées. Avec Marcia, Emma n’utilise qu’une seule matière, l’Econyl® (nylon recyclé), fabriqué à partir de déchets, un challenge quotidien érigé en ligne directrice. Maintenant, elle se sent prête à explorer d’autres voies et à utiliser d’autres matières qui resteront bien entendu respectueuses de l’environnement. Pour ce qui est du made in France, elle a toujours eu le flair pour trouver de bons ateliers français qui ont su s’adapter à son évolution. Le nom de sa marque, Marcia, est un hommage à la fameuse chanson des Rita Mitsouko, car Emma a le sens de la fête. Ses créations sont inspirées autant par Pascale Ogier dans Les Nuits de la pleine lune de Rohmer, que par la reine des 60s Edie Sedgwick ou son amie Elena Cavagnara, fameuse directrice de l’agence de photographes et talents Bomba. Son vestiaire idéal de party girl pousse le sexyness à l’extrême et son e-shop est le trombinoscope des filles les plus cool de Paris. Finalement, l’un ne va pas sans l’autre. “J’ai eu la chance d’avoir des amies inspirantes qui m’ont soutenue dès le début. Pour ma première campagne, j’ai proposé aux actrices Leïla Bekhti et Adèle Exarchopoulos de poser pour moi et elles ont accepté par amitié.” Et qui de mieux pour immortaliser sa collection que son meilleur ami le photographe Pierre-Ange Carlotti, connu pour ses collaborations avec Proenza Schouler, Jacquemus, etc. “Pierre-Ange est un ami de longue date dont j’ai toujours admiré le travail et le talent. C’est très stimulant de travailler avec lui. J’adore le regard qu’il pose sur les femmes.” Comme Emma aime le dire, “Marcia, c’est une histoire d’amitié, que cela soit avec mes muses, avec Pierre-Ange, ou avec mes amies qui travaillent dans la mode et qui m’ont énormément conseillée. Mais également une histoire d’amour, car mon mari (le producteur de cinéma Hugo Sélignac, ndlr) est associé dans l’aventure.” Plus qu’une histoire de mode, un style de vie et des convictions féministes et écologiques.
Photographie : PIERRE-ANGE CARLOTTI
Casting : JENJALOUSE
Stylisme : KENZIA BENGEL DE VAULX