Comment flirter en 2017 ?
Août 2015, le débat fait rage sur la toile. Dans son numéro de septembre, Vanity Fair publie un pamphlet saignant intitulé sobrement “Tinder et l’aube de l’apocalypse des rendez-vous”. La journaliste Nancy Jo Sales y accuse l’application aux 50 millions d’utilisateurs basée sur la géolocalisation de favoriser les coups d’un soir. Sur Twitter, elle en rajoute une couche, citant des statistiques tirées de GlobalWebIndex montrant que “30 % des utilisateurs de Tinder – censés être célibataires – sont mariés”. Résultat ? Le compte officiel twitter de Tinder explose et se livre à un échange cinglant d’une trentaine de posts qui finissent en monologue gênant. Pour la reine des applis de dating, le sexe n’a pas attendu 2012 et Tinder pour naître. Au-delà de l’amusement puéril, ce Tindergate a relancé un débat de fond sur les applis et sites de rencontres. Sont-ils responsables d’une transformation néfaste de l’amour moderne ?
Love me Tinder ?
Une étude américaine d’août 2016 réalisée sur plus de 1 000 étudiants par l’Université du Nord du Texas montre que les utilisateurs de Tinder ont une plus mauvaise estime de soi que les autres. L’auteur de l’enquête décrit même ces âmes damnées comme “des hommes et femmes qui sont tout simplement des objets destinés à être vus, notés, utilisés et à la disposition de l’univers Tinder”. En faisant défiler de gauche à droite les profils d’un immense catalogue afin de matcher ou pas, on peut en effet se sentir très seul. Comme dans un supermarché géant où l’on jugerait le livre à sa couverture, la pression de l’apparence atteint des sommets. Ce qui crée des situations plus ou moins étranges. On a ainsi entendu récemment une jolie fille mannequin nous raconter qu’elle était sur Tinder pour nourrir son égo à l’aide de “matchs” alors qu’elle était en couple.
To doux or not to doux ?
Mais Tinder et consœurs sont aujourd’hui tellement rentrées dans nos mœurs que la donne est en train de changer. Au départ réservée aux millennials urbains amateurs de one-night stand, la cible a vieilli et est devenue plus grand plublic. Moins de barbes et de tatouages, plus de costumes-cravates et de créatures posant avec des tigres ou dans des salles de fitness. Selon le Journal of Sociology d’octobre 2016, les usagers chercheraient de plus en plus une relation longue durée et monogame, et non un “plan cul” comme les early adopters. Car plus il y a de monde, plus il y en a pour tout le monde. Mais ne vous emballez pas trop vite. Un chiffre calmera tout de suite les ardeurs des fans de Jane Austen et de dating à l’ancienne (apéro-ciné-brunch-séries TV à deux). Les “vraies” histoires d’amour ne commencent pas sur Internet, mais en soirée, grâce à des amis ou au boulot, contrairement à ce que les marchands d’idylles voudraient nous faire croire. Parmi les personnes ayant connu leur partenaire récemment, moins de 9 % l’ont rencontré par le biais d’un site, selon une étude très sérieuse de l’Institut national d’études démographique publiée cette année. Et si vous lâchiez votre iPhone pour swiper à droite sur le vernissage de ce soir ?
Photographe : Chad Moore