Chanel Iman : "j’admire seulement les gens que je connais vraiment"
Si les visages de mannequins de type non caucasien sont un peu plus visibles aujourd’hui, c'est le sien qui reste le plus connu. Chanel Iman «fait les covers» (comme on dit dans le jargon) de dizaines et de dizaines de grands magazines – à commencer par l’Officiel.
Chanel Iman n’a que 12 ans quand elle débute dans le mannequinat. Elle part pour New York peu de temps après. C’est là que sa tante l’inscrit au concours Ford Supermodel of the World 2006. Elle remporte la troisième place et sa carrière s’envole. Durant sa première année de mannequinat, elle apparaît dans un nombre jamais égalé jusqu’alors de défilés de mode. Pour sa première couverture, shootée par Steven Meisel, elle se tient aux côtés d’Agyness Deyn, Coco Rocha, Doutzen Kroes et Lily Donaldson.
Shootings, défilés. Galas, premières. Mais ce n’est pas tout. Chanel Iman veut aussi donner en retour, en travaillant pour des œuvres de bienfaisance quand elle en a le temps. La grande classe.
Avant que votre carrière ne décolle, comment vous imaginiez-vous le mannequinat?
J’ai toujours pensé que ce serait glamour. Mais jamais je n’aurais pensé que je pourrais voyager dans tant d’endroits. J’ai eu la chance de faire des shootings dans des lieux qui ne me serait même pas venu à l’idée de chercher sur Google, encore moins de visiter. Je suis vraiment reconnaissante de toutes ces opportunités.
De quoi êtes-vous la plus fière?
D’être toujours là, après tant de temps. J’ai l’impression que j’ai fait ça depuis toujours alors qu’il est difficile de rester à la hauteur et d’évoluer dans ce milieu. Beaucoup de filles disparaissent au bout de quelques années. Je suis très fière que ma carrière soit encore florissante après tout ce temps.
Le milieu de la mode a-t-il changé depuis vos débuts?
Oh, oui. Il change tout le temps. C’est un peu plus diversifié – un peu, pas beaucoup – qu’à mes débuts. Une nouvelle génération est en train d'arriver. Elles paraissent très différentes des filles qu'il y avait quand j’ai commencé. Oui, ça change, ça ne fait pas de doute, et c’est bien. Les gens commencent à être plus larges d’esprit et à donner leur chance à toutes sortes de filles, des filles plus rondes ou des femmes de couleur. Une chance qu’elles n’avaient pas avant.
On vous pose toujours la question des problèmes auxquels les femmes de couleur font face dans la mode. Y avez-vous été confrontée?
Toute femme de couleur a connu beaucoup de rejets. Quand j’étais petite, il était très difficile d’en saisir tous les enjeux. Puis, quand tu comprends que tout vient seulement à cause de ta couleur de peau, tu sais que ce n’est pas juste. Mais c’est comme ça.
Qui étaient vos idoles quand vous étiez petite?
Kate Moss et Tyra Banks.
Et maintenant?
Ma mère.
Pourquoi ce changement?
Parce qu’avec l’âge, je me suis rendu compte des sacrifices et de tout ce que ma mère a fait pour moi. Je l’admire, tout simplement. Elle est tellement forte. Je respecte ma mère dans tout ce qu’elle fait, je suis fière d’elle et j’ai tellement de chance de l’avoir auprès de moi. Aujourd’hui, j’admire seulement les gens que je connais vraiment. En grandissant et avec un peu de recul, on se rend compte que ce sont en fait les gens que l’on connaît qui peuvent nous inspirer. Cela n’a rien à voir avec le respect superficiel, comme pour les gens que l’on idolâtre au cinéma.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre job?
Le fait que je puisse donner en retour, et que je puisse donner à ma famille. J’ai la sécurité de ce côté-là, je suis à l’abri du besoin, mais j’ai dû travailler dur. Et aussi d’avoir toutes ces occasions qui se présentent et qui m’excitent tellement. J’ai vraiment de la chance parce que j’adore aller travailler, j’adore les shootings, j’adore être sur un plateau, j’adore voyager. J’adore tout dans mon travail.
Et ce qui vous plaît le moins?
Le rejet. Je pense que c’est la seule chose qui soit vraiment difficile. C’était dur pour moi au début, d’être rejetée, quand vous êtes jeune, cela peut être déprimant. On vous critique beaucoup et on prend ça personnellement, du coup, il faut être vraiment forte et avoir autour de soi de bons soutiens pour garder confiance.
Vous vous investissez beaucoup dans le travail humanitaire. Pourquoi ?
Je pense qu’il est très important de donner en retour. Ca fait du bien. Et je le fais quand j’ai du temps libre à donner. Si je peux partager l’amour et aider différentes fondations, je le fais. Je travaille étroitement avec celle de mon ami en Côte d’Ivoire, mais en ce moment j’ai beaucoup de travail, alors j’ai du mal à tout faire. Chaque fois que j’en ai le temps, j’essaie d’aider autant d’organisations que je le peux.
Photographe : Marie Schuller
Stylisme : Christopher Maul