Le conte Couture et fantasmagorique de Charles de Vilmorin
Personnages tantôt effrayants, tantôt féeriques, comme tirés d'une fable des frères Grimm, ont traversé la scène baignée d'une lumière rouge.
En pénétrant la salle sombre de La Compagnie 1837, calefeutrée de rideaux obscurs, on se demande bien sur quel chemin Charles de Vilmorin désire nous faire voyager. Arrivé sur son siège, on découvre une scène aux lumières rouges tamisées, tandis qu'on attend l'arrivée de tous les ivnvités au son de bruits de la forêt — mystiques et étranges. Le spectacle commence, avec l'arrivée lente et théâtrale de silhouettes, à mi-chemin entre la Couture génialement alambiquée et le costume de scène. habitué à des élans vibratoires et chromatiques de la part du créateur, les premières pièces qui défilent sont dans des palettes noires et rouges, évoquant les méchants des contes de fée : une sorcière à l'égo aussi surdimmensionné que sa robe, un loup aux longues dents, des êtres hybrides inquiétants aux coiffes aussi tarabiscotées que leurs esprits malins. Suivent des princesses apeurées, essouflées, qui cherchent à s'éveiller de ce conte transformé en cauchemar. Leurs robes sont d'un blanc virginal ou d'un fuschia joyeux, mais leur construction complexe — voire volontairement froissée — indique une certaine urgence, une peur. Un couple tout droit tiré du film Les Noces Funèbres de Tim Burton interpelle également, tout de noir et blanc vêtus, alors qu'on ne sait s'ils sont annonciateurs d'un drame ou d'une bonne nouvelle.
Au-delà de ce spectacle vivant, on reconnaît bien la patte arty de Charles de Vilmorin, à l'univers décalé jouissif, et dont le travail tout en courbes et coiffes inattendues a fait sa renommée. Pour nous libérer de son ensorcellement, le créateur clôture le spectacle par une danse poétique. Derrière un voile orangé, la danseuse Marie-Agnès Gillot offre une parenthèse suspendue dans le temps. On pourrait y reconnaître le spectre de Loïe Fuller. Quelle grâce.