La Couture fragile et puissante de Zuhair Murad

Pour sa dernière collection Couture, Zuhair Murad révèle la beauté de la faiblesse, qui forge sa femme-muse, et dont les blessures et cicatrices la rendent toujours plus forte, maîtresse de son destin. Rien ni personne ne peut entraver son chemin vers le bonheur, sa quête de sérénité malgré les agressions, les déceptions, les coups bas. Elle revient de loin et voyage encore plus loin vers des sommets inaccessibles aux simples mortels.

Cette résilience s'exprime à travers des créations où les traces des douleurs passées sont transfigurées, élevées en broderies. Des sutures réalisées avec des cristaux étincelants rapprochent les bords d'une robe fendue, des cicatrices ou des fentes qui invitent la lumière à entrer. Un imprimé animalier réimaginé élève la sensualité, un camouflage sensuel réécrivant l'instinct de survie sous une forme féminine directement sur la peau. Sur une robe aux épaules rehaussées, de la fumée en 3D s'échappe en spirale du bas vers le haut, émanant d'une cigarette méditative ou d'un feu à peine maîtrisé. Ici et là, Zuhair Murad dessine des impacts de balles, des miroirs brisés, des empreintes digitales surdimensionnées dont les sillons gravent la signature indélébile d'une figure féminine idéale qui s'engage, s'organise, s'accomplit et agit contre l'oubli. Des cristaux s'entremêlent à des filets nerveux et noués comme pour exorciser une tension. Mais partout aussi, les perles imitent les bulles de champagne, scintillant autour de larmes irrégulières, fantaisistes et joyeuses.

La palette, qui va des tons chair, de l'incarnat au rouge, ou des teintes félines des robes brun-orange, fait également la part belle aux noirs, aux gris acier utilisés pour les armures. Le cuir joue un rôle important dans le choix des matières. Les textures les plus fines, soie, mousseline, satin, crêpe, tulle brodé, velours, jersey, subliment le thème en rehaussant les pigments et les reflets.