Médecine esthétique : quand faut-il vraiment commencer ?
La quête d’une seconde jeunesse pour les uns, la dictature du selfie parfait pour les autres. Tant de bonnes ou de mauvaises raisons envahissent les cabinets des médecins esthétiques qu’on en oublie de se poser les vraies questions.
La médecine esthétique a plusieurs décennies derrière elle et l’on ne compte même plus les techniques qui voient le jour ou leurs innovations. En parallèle de toutes les nouveautés qui se déploient tous les jours dans les cabinets les plus prestigieux qui ne désemplissent pas, des millions de personnes à travers le monde s’adonnent à la médecine esthétique pour regagner en confiance, changer la perception du regard des autres ou militer au-delà du possible pour rester jeune. Dans cet univers où le champ des possibles évolue constamment pour restituer la plus performante des technologies anti-âge, la donne a considérablement changé chez les jeunes qui franchissent le pas de la médecine esthétique dès leur première ridule. A l’ère du virtuel où la perfection est de mise, doit-on pour autant les blâmer ? Ce serait une cause perdue ! Les spécialistes nous exhortent simplement à se lancer prudemment mais sûrement.
Mieux vaut prévenir…
« Vous allez sans doute hurler mais, je vous assure qu’il est nécessaire de commencer jeune pour en faire le moins possible et se contenter d’entretenir sa peau après 40 ans. » déclare Meryem Zizi, médecin esthétique. Si l’on s’en réfère également à certaines conclusions des Journées Dermatologiques de Paris de 2019 ou de la plus récente étude de l’International Master Course on Aging Skin qui réunit les plus grands pontes de la médecine esthétique, ce sont les 18-34 ans qui ont davantage recours à la chirurgie ou à la médecine esthétique que la tranche des 50-60 ans. Et les demandes se font de plus en plus précises. De sorte que les médecins, les vrais, sont aujourd’hui les seuls garants d’une véritable éthique pour être à l’écoute raisonnablement et recadrer le débat si nécessaire afin d’embellir et de suggérer en proposant du « sur-mesure». Alors, quand faut-il en passer par son premier Baby Botox, son premier coup d’éclat, ou son premier filler en somme ? « Jamais avant la vingtaine ». Mais encore ? Sur la question, tous les experts consultés nous disent à l’unanimité qu’à l’exception d’un défaut réel ou de véritables dissymétries, il est temps de consulter, quand les soins et beaucoup de temps à se maquiller ne suffisent plus. Pour autant, pas la peine d’en passer par les injections tout de suite. Sur des jeunes gens, des séances de laser et de lumière pulsée permettent de lisser, de raffermir, d’enlever les rougeurs et d’éliminer les taches pigmentaires ou les traces superficielles d’acné. Mais faut-il recourir au Jaw-contouring à tout prix si l’on est génétiquement prédestiné à avoir le visage rond ? C’est une question d’équilibre et le bilan esthétique s’impose forcément pour dire oui ou non. Doit-on traiter l’ovale du visage avant la trentaine ?
Ce serait presque dommage. Quant à la toxine botulique, elle est plutôt l’apanage des quarantenaires en quête d’un visage plus « relax » et d’un regard plus frais. La diminution des sillons nasogéniens, du fameux « code-barres » au-dessus des lèvres sont aussi des gestes extrêmement demandés. Mais dans le domaine, tout est une question d’harmonie du visage.
… Que Guérir
En matière de médecine esthétique, on le voit tous les jours ou presque : il n’y pas de limite d’âge pour avoir envie d’une bouche pleine et pulpeuse ou d’un « fox eyes». Physiologiquement non plus confirment les experts. Ce qui prévaut pour démarrer ou s’arrêter, c’est bel et bien la déontologie du praticien qui vous dira toujours non quant à l’intervention de trop. Pourquoi ? Parce qu’en marge de toute considération esthétique, trop d’interventions peuvent engendrer des risques fonctionnels. Gare aux joues trop gonflées qui gênent le champ visuel ou de lèvres trop grosses qui empêchent de boire ou gênent carrément la diction. Le pire ? Se faire injecter trop souvent, des produits de natures différentes. Passer d’un praticien à l’autre parce que la demande a été refusée. Ce n’est pas l’image fantasmée qui prime mais ce qu’il est possible de faire ou non. Or, la frontière en médecine esthétique est encore plus subtile qu’en matière de chirurgie reconstructrice. Sommes-nous toutes des Bella Hadid en puissance après quelques injections ? Non bien sûr. La médecine esthétique est un art et non un commerce nous rappellent les vrais spécialistes.
Exit le frozen look, vive le slow ageing
Et les signes de l’âge dans tout ça ? Finalement, nous disent les experts, il n’est plus vraiment dans l’air du temps de les effacer avec des méthodes radicales ni de diaboliser la moindre petite ride qui apparaît. A l’inverse, le « slow ageing » consiste à accompagner le vieillissement cutané en jouant de toutes les nuances d’un visage et d’une peau. Et d’adoucir les traits pour en préserver au plus juste l’intégrité. D’où la personnalisation du traitement. «Il est devenu essentiel de mettre en œuvre des protocoles qui respectent l’harmonie de chaque visage et de chaque personnalité, sans changements apparents pour le patient, explique Meryem Zizi, médecin esthétique. Car ce qui est primordial pour les patients c’est de retrouver un visage qui reflète leurs émotions et de pouvoir porter leur peau nue ou très peu maquillée. Le naturel est ce qu’il y a de plus beau. »