L'Officiel Art

11 collectionneurs dévoilent leur univers

Les collectionneurs occupent un rôle essentiel dans l’écosystème de l’art contemporain. Ils apportent un soutien pluriel à l’artiste, de même qu’ils contribuent à la pérennité des galeries. La Centrale, ancien bâtiment industriel de brique rouge, rend hommage à cet engagement en une magistrale exposition placée sous le commissariat de Carine Fol: “Private Choices” met en scène 11 collections privées bruxelloises. Outre les œuvres présentées – sélectionnées par la commissaire ou par le collectionneur lui-même – il a été demandé à chacun d’eux de retenir une pièce de musique et un livre, ouvrant ainsi des pistes complémentaires d’identification de la collection. Résultat : un ensemble dense, passionnant et très intimiste, donné en partage aux visiteurs. Rencontre.
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Propos recueillis par Yamina Benaï

 

L’OFFICIEL : Qu’est-ce qui vous a incitée à mener ce projet d’exposition au cœur des collections privées de Belgique ?

CARINE FOL : Durant une dizaine d’années, j’ai dirigé le musée Art et marges, à Bruxelles, dédié à l’art brut, j’ai réalisé plusieurs expositions personnelles d’artistes bruxellois, placés en dialogue avec un artiste international. Il y a quelques mois, j’ai imaginé un portrait subjectif de Bruxelles intitulé “BXL Universel”, rassemblant une trentaine d’artistes et de créateurs au centre Wallonie-Bruxelles, à Paris. L’exposition “Private Choices” s’inscrit dans cette identité bruxelloise. La Belgique est un pays de collectionneurs et Bruxelles, en particulier, abrite une immense richesse artistique au sein de collections privées. A mes yeux, une collection privée c’est avant tout un collectionneur. Mon objectif initial a donc été de montrer les identités de chaque collection. Dans cette démarche, deux expositions m’ont particulièrement marquée et inspirée : “Passions privées”, organisée au Musée d’art Moderne de la Ville de Paris par Suzanne Pagé (1995), et “L’intime, le collectionneur derrière la porte” à la Maison Rouge (2004), sous le commissariat de Paula Aisemberg, Antoine de Galbert et Gérard Wajcman. Chacune des collections rassemblées à La Centrale porte un titre et, pour extraire le collectionneur de la seule sphère des arts plastiques et livrer un peu d’une vision plus générale, un choix de livre et de pièce musicale complètent l’entité. En réalisant des entretiens avec chacun des collectionneurs, j’ai pu accéder à des fragments plus personnels ce qui, à mon sens, ajoute à la collection une dimension humaine fondamentale.


Comment définissez-vous cet “esprit bruxellois” ? 

Il est pour moi comparable à l’esprit surréaliste. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’exposition commence avec ce “cabinet de curiosités surréalisant”. En effet, une collection est très souvent un cabinet de curiosités, et l’esprit de ces collections en particulier démontre une certaine irrévérence, une sorte de liberté de vue proche de celle caractérisant les surréalistes, que l’on observe peut-être moins dans d’autres pays. Comme beaucoup, j’avais des idées préconçues sur les collectionneurs, notamment que leurs acquisitions avaient pour principal objectif un investissement financier, en se concentrant souvent sur des grands noms... Tout cela est ici remis en question. Avec 250 œuvres issues de 245 artistes, démonstration est faite de l’amplitude de vue  : les collections abritent, certes, des grands noms – tels Bill Viola, ou Jason Rhoades –, mais également de jeunes artistes locaux très confidentiels. Certains des collectionneurs présentés ont acquis aussi bien des œuvres de Cy Twombly que des pièces d’un artiste sortant de l’Académie. 

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Nick Cave, Soundsuit (Collection Servais) ©Nick Cave, Photo par James Prinz Photography.
Carlos Aires, Llorando (Collection Servais).
Carlos Aires, Llorando (détail) (Collection Servais).
Carlos Aires, Llorando (détail) (Collection Servais).

“La collection les motive toujours davantage, que ce soit au voyage, à la remise 
en question, à la dépense déraisonnable... Tous en témoignent : collectionner, c’est rester en vie, remuer ses certitudes et questionner la complexité de la création et du lien au monde.” CF

Collectionner des artistes confirmés et des artistes prometteurs n’est pas antinomique.

Souvent, la démarche de porter un regard sur cette scène, à peine émergente, est motivée par le désir d’accorder un véritable soutien aux jeunes artistes. Parfois même, il se crée un véritable lien entre les collectionneurs et ces jeunes artistes. Certains deviennent même des mécènes, comme c’est le cas pour Frédéric de Goldschmidt, qui a soutenu le pavillon de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre de la présentation d’un artiste.

Quel est le profil des collectionneurs réunis dans “Private Choices” ? 

Ce sont des collectionneurs importants, certains d’entre eux disposent d’une grande fortune, tous vivent pour leur collection. A l’exception de Frédéric de Goldschmidt, tous sont belges. Certains sont passionnés par un mouvement, d’autres par des artistes en particulier... cette diversité était très importante à mes yeux. Les choix des œuvres a été opéré de manière très souple et dans le dialogue. Certains collectionneurs avaient une idée bien précise de ce qu’ils voulaient montrer, avec d’autres nous avons davantage travaillé en binôme, enfin, j’ai parfois reçu une totale carte blanche. La plupart des collections ont été initiées il y a vingtaine d’années, voire davantage pour certaines. Elles vont d’une centaine à un millier de pièces. Il y a également une grande diversité dans la relation des collectionneurs au public : certains disposent de lieux ouverts à la visite, comme la collection Vanhaerents à Bruxelles. D’autres, comme Alain Servais, possèdent un loft qu’ils font parfois visiter. Enfin, certaines collections n’ont jamais été présentées au public. 

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Private Choices (Collection Frédéric de Goldschmidt) ©Viviane Joakim.
Piero Manzoni, Achrome (Collection Frédéric de Goldschmidt) ©Todd White.
Michel Francois, Untitled (Collection Frédéric de Goldschmidt) ©Alain Janssens.
Marcius Galan, Erased Composition (Collection Frédéric de Goldschmidt) © Edouard Fraipont.

VISITE GUIDÉE PAR CARINE FOL

 

Collection R.PATT : “Cabinet de curiosités surréalisant”
Avec des œuvres de Jean-Michel Alberola • anonyme • Stephan Balleux • Manon Bara • Enrico Bay & J. De Jong • Pascal Bernier • André Breton • Frank Castelijns • Sébastien Delvaux • Dialogist-Kantor • Takahiro Kudo • Leo Dohmen • Jiri Georg Dokoupil • Lou Dubois • Marcel Duchamp • Jane Graverol • Jean Harlez • Caroline le Méhauté • René Magritte • Man Ray • Marcel Mariën • Billie Mertens • E.L.T Mesens • Claus Otto Paeffgen • Zoé Paternoster • Laurence Skivée • André Stas • Christophe Terlinden • Emmanuel Tête • Marcel Vandeweyer

R.PATT est un pseudonyme : certains collectionneurs, comme lui, ont souhaité rester anonymes, d’autres ont voulu divulguer leur nom. Cette collection rassemble des œuvres allant de Marcel Duchamp à des artistes beaucoup plus jeunes, belges locaux, parfois anonymes. R.PATT vit véritablement avec sa collection, nombre d’œuvres sont ainsi accrochées dans la chambre à coucher, parfois même au-dessus du lit. 

 

Collection Frédéric de Goldschmidt : “Eloge du blanc” 
Avec des œuvres de Sarah Bostwick & Jim Campbell • Michel François • Marcius Galan • Theaster Gates • Nadia Guerroui • Aniceto Exposito López • Piero Manzoni • Vincent Meessen • Otto Piene • Diogo Pimentao • Sebastião Salgado • Cy Twombly

Le choix de Frédéric de Goldschmidt a été de ne montrer que des œuvres blanches, d’où le titre, “Eloge du blanc”. Sa collection comprend aussi bien des artistes du mouvement Zero, comme Piero Manzoni ou Otto Piene, des œuvres muséales tel celles de Cy Twombly, que des artistes comme Michel François, artiste belge de renommée internationale. Le parti pris a été de montrer une grande diversité d’artistes, mais nous aurions tout aussi bien pu opter pour la monstration des œuvres de David Altmejd, largement présentes dans la collection. 

 

Collection BC : “Harmonie et intensité”
Avec des œuvres de Korakrit Arunanondchai • Kader Attia • Louise Bourgeois • Thierry De Cordier • Andrès Serrano • Miguel Rio Branco • Bill Viola
J
’ai été frappée par la magnificence de la demeure des BC, et le lien qu’ils ont établi entre leur lieu de vie et leur collection. Dans un premier temps, leur collection m’est apparue comme décorative, mais je me suis aperçue qu’il s’agissait en réalité d’un ensemble d’une richesse et d’une intensité inédites. Leurs œuvres ont un lien avec les notions d’humanité, la vie, la mort, comme l’œuvre de Louise Bourgeois mise en dialogue avec celles de Thierry de Cordier, de Kader Attia, d’Andrès Serrano et de Bill Viola. Il est toujours fascinant d’observer combien certaines œuvres prennent une toute autre dimension dans une collection privée : déroulant une narration tout autre que celle que l’artiste a voulu développer. 

 

Collection Nicole et Olivier G. : “La création au plus proche de l’engagement sociétal”
Avec des œuvres de Brigida Baltar • Stephen Brandes • Vincen Beeckman • Marie José Burki • Detanico & Lain • Simon Faithfull • Aurélien Froment • Hamza Halloubi • Ane Mette Hol • Olga Kisseleva • Michaël Matthys • Léa Mayer • Tom Molloy • Simon Nicaise • Joëlle Tuerlinckx • Regina Viserius • Royal Art Lodge • Marc Wendelski

Olivier et Nicole G. montrent pour la première fois leur collection privée. Ils sont tous deux très actifs sur la scène bruxelloise, ils sont, notamment, les créateurs de “Eté 78”, un lieu conçu à la manière d’un centre culturel, dans lequel ils réalisent des expositions et présentent chaque année trois collectionneurs. Pour ce couple, l’œuvre d’art est aussi liée à une vision et à un engagement sociétal. Ici, ils ont souhaité illustrer plusieurs thématiques, et notamment un engagement avec l’artiste Vincen Beeckman, photographe bruxellois qui sillonne les rues des villes. Olivier G. a acheté une boîte, où chaque année Vincen Beeckman dépose des autoportraits réalisés à l’occasion de moments majeurs de sa vie. Le lien existentiel entre l’artiste et le collectionneur est donc ici très important. Le langage occupe également une grande place dans la collection de Nicole et Olivier G. : à l’image des œuvres qu’ils ont acquises auprès de Detanico & Lain, duo d’artistes brésiliens, qui a mis au point un alphabet formel. Leur collection est donc très réfléchie et conceptuelle.

 

Collection Yolande de Bontridder : “De l’artiste à l’œuvre”
Avec des œuvres de Isabel Baraona • Jeanine Cohen • Anne De Gelas • Edith Dekyndt • Nils Dieu • Lise Duclaux • Jo Delahaut • Inci Eviner • Bernard Gaube • Jef Geys • Jean Glibert • Bénédicte Henderick • Guðný Rósa Ingimarsdóttir • Elliot Kervyn • Solange Knopf • Nicolás Lamas • Valérie Mannaerts • Els Opsomer • Tinka Pittoors • Benoît Platéus • Jonathan Sullam • Yoann Van Parys • Richard Venlet & Danny Venlet • Ann Vester

Yolande de Bontridder a commencé à acquérir des œuvres dans des ateliers d’artistes. Elle a privilégié deux types d’œuvres : des œuvres de l’abstraction construite, et d’autres comportant une sensualité et une sensibilité très féminines. Elle a aussi choisi de présenter deux artistes d’art brut.


Collection C2 : “A la vie à la mort”
Avec des oeuvres de Francis Alÿs • Wim Delvoye • Jan Fabre • Michel François • Damien Hirst • Jeff Ladouceur • Sophie Langohr • Kris Martin • Yoshitomo Nara • Fabrice Samyn • Freddy Tsimba

En découvrant cette collection, j’ai été saisie par cet ensemble de vanités, réalisées par des artistes d’envergure internationale, tels Kris Martin, Damien Hirst, Michel François, Jan Fabre, Francis Alÿs...

 

Collection Famille Servais : “L’art comme reflet de la nature humaine”
Avec des œuvres de Apparatus 22 • Carlos Aires • Dieter Appelt • Roger Ballen • Nick Cave • Regina Galindo • Nan Goldin • Daniel Gordon • Ryan Trecartin & Lizzie Fitch • Emmanuel Van der Auwera • Corinne Vionnet • Jérôme Zonder


Alain Servais fait partie de ceux qui m’ont laissé carte blanche. Lorsqu’il réalise des accrochages, il fait systématiquement appel à des commissaires extérieurs. Sa collection m’a marquée par certaines lignes prédominantes : une forme de violence, la sexualité, l’érotisme, le pouvoir... Alain Servais a d’ailleurs choisi comme livre Le Paradigme perdu : la nature humaine d’Edgar Morin, qui évoque, notamment, l’élément bestial qui nous habite. L’une des œuvres majeures de cet accrochage est de Carlos Aires, artiste espagnol qui a vécu en Belgique, qui réunit un florilège de couteaux accrochées lame vers le sol, et gravés de paroles de chansons populaires. Il a créé cette œuvre en Belgique à la suite d’une rupture amoureuse. Il a souhaité illustrer deux éléments : la pluie belge et la douleur de l’amour. 

 

Collection Galila : “De rien”
Avec des oeuvres de Boris Dennier • Michael Johansson • Gonçalo Mabunda • Chema Madoz • Issey Miyake • Rachel Perry Welty • Bernard Pras • Frank Schreiner • Tobias Sternberg • David Taborn • Pascal Tassini • Hiroko Tsuchida • Joep van Liefland • Daniel Von Weinberger

Galila a commencé à collectionner à la mort de son mari, lui-même collectionneur d’art ancien. Sa maison est ainsi remplie d’œuvres, elle ne cesse d’acheter continuellement, et toujours par thématiques : le noir et le blanc, les yeux, l’argent... Dans son jardin se trouve un bâtiment rempli de chaises d’artistes. Ici, elle voulait démontrer que l’on peut réaliser des œuvres de très grande qualité, à partir de presque rien, par détournement d’objets par exemple. Nous présentons, notamment, une œuvre de Pascal Tassini, artiste d’art brut liégeois. 
 

Vanhaerents Art Collection : “Once upon a time...”
Avec des œuvres de Tracey Moffatt • Paul Pfeiffer • Jason Rhoades • Francesco Vezzoli

Walter Vanhaerents et ses enfants ont ouvert à Bruxelles, un lieu d’exposition magnifique. Après une vie professionnelle comme entrepreneur dans le bâtiment, Walter Vanhaerents dédie aujourd’hui sa vie à sa collection. Sa carte blanche m’a incité à explorer la thématique du cinéma, en montrant, notamment, une vidéo de Francesco Vezzoli, La nuova dolce vita, qui instaure un climat cinématographique sur une musique de Nino Rota.

 

Collection 1987 : “En osmose”
Avec des œuvres de Nel Aerts • David Altmejd • Andreas Blank • Jemima Burrill • Johan Creten • Lili Dujourie •Jochen Höller • Jürgen Klauke • Abigail Lane • Marlène Mocquet • Charles Sandison • Nedko Solakov • Daniel Spoerri

Ce couple a nommé sa collection en référence à l’année de son mariage. Contrairement à d’autres duo, ils achètent leurs œuvres dans un dialogue total. Nombre des œuvres choisies ici traitent de la question du double, du couple, justement. Dans leur chambre à coucher est exposée une œuvre majeure de leur collection, à mon sens, Caresse, de l’artiste belge Lili Dujourie. Une œuvre de Daniel Spoerri représente le sentiment amoureux, une vidéo de Charles Sandison laisse découvrir peu à peu les corps décharnés de prisonniers... Je pourrais définir cette collection comme axée sur les choses essentielles de l’existence.

 

Et aussi :  Collection Veys-Verhaevert : “La collection invisible”
Avec des œuvres de Stefan Brüggemann • Marc Buchy • Elisabeth S. Clark • Edith Dekyndt • Detanico & Lain • Aurélien Froment • Mario Garcia Torres • Cristina Garrido • Pierre Gerard • gerlach en koop • Guðný Rósa Ingimarsdóttir • Florian Kiniques • Benoît Maire • Roman Ondàk • Pratchaya Phinthong • Pep Vidal • Oriol Vilanova

 

 

Private Choices”, 11 collections bruxelloises d’art contemporain,
exposition jusqu’au 27 mai 2018 à Centrale Brussels,

Place Sainte-Catherine 44, 1000 Bruxelles 
www.centrale.brussels

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Francesco Vezzoli, Je t’aime (advertisement for an exhibition that will never open) (Vanhaerents Art Collection) ©Vanhaerents Art Collection, Brussels.
Paul Pfeiffer, Self portrait as a fountain (Vanhaerents Art Collection) ©Vanhaerents Art Collection, Brussels.
Jason Rhoades, Eight Wheel Wagon Chandelier (Vanhaerents Art Collection) ©Vanhaerents Art Collection, Brussels.
“Chaque œuvre est une pierre à l’édifice, une étape dans une recherche perpé- tuelle qui nourrit l’existence des collectionneurs. Une recherche de soi intuitive, émotionnelle même. Car, bien que d’aucuns peuvent y accorder un discours intellectuel qui implique une distance critique, tous parlent de l’émotion que ces œuvres, leurs œuvres, leur procurent. Plutôt que des artistes, ils collectionnent des œuvres et ont constitué une taxinomie étrangère aux hiérarchies et aux critères auxquels les conservateurs doivent se référer lors d’acquisitions.” CF
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Kader Attia, Ghost (Collection BC) ©Philippe DeGobert Brussels.
Nicolás Lamas, Strata (Collection Yolande de Bontridder) ©Philippe De Gobert Brussels.
Francis Alÿs (Collection C2) ©Philippe DeGobert Brussels.
Bill Viola (Collection BC) ©Philippe DeGobert Brussels.
Bill Viola (Collection BC) ©Philippe DeGobert Brussels.
Jeanine Cohen, Vertical Red IV & Vertical Red V (Collection Yolande de Bontridder) ©Philippe De Gobert Brussels.
Gudny Rosa Ingimarsdottir, 2001 (Collection Yolande de Bontridder) ©Philippe De Gobert Brussels.
Yoshitomo Nara, Winter Long (Collection C2) ©Philippe DeGobert Brussels.
Fabrice Samyn, Parée (Collection C2) ©Philippe DeGobert Brussels.
Yoshitomo Nara, Winter Long (Collection C2) ©Philippe DeGobert Brussels.
Sébastien Delvaux, Sans titre (Collection R.Patt) ©Philippe DeGobert Brussels.
Kudo Takahiro, Under the same sun (Collection R. Patt).
Dialogist-Kantor, Kaiser (Collection R. Patt) ©Philippe DeGobert Brussels.
Bill Viola (Collection BC) ©Philippe DeGobert Brussels.

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