Tout plaquer et partir dans le Larzac
Qui n’a jamais traversé ce désert piqué de dolmens, juste avant le Viaduc de Millau, sur la route des vacances ? Étape pique-nique devenue destination bobo, le "grand chauve" n’a pourtant pas changé : mêmes paysages, même densité de population (environ 2 habitants au km2), mêmes invités de marque (vautours et loups), mêmes engagements – antimilitaristes et écolo… Mais alors qu’on riait de l’altermondialiste en peau de brebis, on l’envie aujourd’hui. Trente ans après la création de la Confédération paysanne, le citadin type rejette en masse OGM et anti-vomitifs, achète des pulls en alpaga made in Aveyron, passe ses vacances en yourte, part en retraite yogi sur le Méjean, et n’aspire finalement qu’à une seule chose : le retour à la terre.
Pas moins hippies que les "zippies" - venus protester contre l’implantation d’un camp militaire sur le Causse dans les années 1970 -, les néo-Larzaciens sont protéiformes. Il y a ceux qui quittent tout, job, maison et vie rangée à Paris, Bruxelles et ailleurs, pour élever des chevaux préhistoriques, les "Przewalski", faire des fromages ou monter un éco-gîte. Moins téméraires mais plus nombreux, les autres se contentent de passer… et font grimper en flèche la "cote" du Plateau : fraichement racheté par Mathias Echene, le Palais Episcopal de Rodez va être transformé en hôtel de luxe, alignant restaurant gastronomique et spa. À Millau, la ganterie Lavabre Cadet (protégée d’Yves Saint Laurent) voit son atelier remplumé grâce aux fonds du maroquinier de luxe Camille Fournet. Dans un registre plus rock’n’roll, le mythique festival "Burning Man" serait en passe d’investir la lande, après un Teknival clandestin suivi par 40 000 festivaliers en août 2016. Tout plaquer…au moins une nuit.