Confiné ? On vous fait voyager en redécouvrant Chicago autrement
Audacieuse et laborieuse, la troisième ville des Etats-Unis a toujours fait figure de précurseur en matière d’urbanisme, d’architecture et de design. Ballade enivrante entre gratte-ciel emblématiques, street art monumental et projets futuristes.
Ambiance Pullman, style Cadillac. La Business Class du vol 986 de United Airlines vous transporte en une Amérique de style classique, classique mais cossue. Les fauteuils lits sentent le cuir. Les hôtesses le musc, la rose et le lilas et sont bien Made in USA, blondes colorées, promesses de bonheur des années ciné, d’avant les séries TV, aux petits soins… Préventives.
Cela fleure bon le Midwest, sonne comme un air de country. J’ai une petite pensée pour Dolly. La chanteuse, point la brebis.
Le Bloody Mary relevé comme il se doit arrive à point nommé, ravive les sens, redonne de l’esprit au voyageur.
Me voici en vol vers Chicago, la tête pleine de souvenirs d’ado, Robert Stack en Eliott Ness, Al Capone versus de Niro.
L’avion glisse dans la nuit, s’apprête à atterrir en ce début d’après midi.
Au travers du hublot, les gratte-ciel se mirent en une eau aux couleurs du golfe du Mexique : le vert émeraude des hauts fonds, le bleuté métallique des risées.
« Je ne vais pas à Miami, je vais à Chicago ! »
« C’est le lac Michigan » se moque ma voisine d’une nuit. Une jeune femme blonde tout de noir vêtue, de baskets en teeshirt, de teeshirt en casquette, aux allures sportives, un petit air de Cameron Diaz, endormie dès le décollage de Paris, qui in fine se rend compte de ma présence puis boit son thé, aux fruits rouges.
La vue est imprenable. Le lac Michigan est tel une mer, un océan d’eau, de reflets d’acier de soleil et de verre.
Deux ou trois circonvolutions aériennes et c’est le tarmac.
Le poste de douane passe comme une lettre à la poste. Le shérif y est même affable. « Vous êtes photographe ? Vous allez adorer Chicago ! »
La limousine qui m’attend est noire comme un corbillard, longue, longue à s’y perdre. Elle ralentit devant la vitrine de Tiffany’s. Au-dessus est l’Hôtel Peninsula qui trône parmi les palaces de Magnificent Mile, surnom de ce tronçon de Michigan Avenue qui scinde Chicago en deux, de nord en sud.
Son hall accueillerait la cour d’Angleterre au grand complet ou presque, certains ayant choisi la Californie après un mariage princier. Quelques habitués y prennent le thé.
S’ensuit une suite où l’on égarerait ses petits. De l’immense baie vitrée, je contemple une forêt de gratte-ciels et meurs de faim.
Prendre Superior Street à droite du Peninsula, continuer sur six blocs, puis tourner à gauche sur Weels Street. Le restaurant GT Prime est là et vaut le déplacement. Un décor de bois brut et d’or et la tradition de boucherie de Chicago.
La ville n’est-elle pas le centre névralgique du bétail aux Etats-Unis ? C’est bon, les carnivores apprécieront, et cool, très cool. Le personnel est avenant, tout droit sorti de Fame, les filles y sont natures, la bière locale et légère. Ambiance feutrée. On y cause polonais et latino, lituanien et slovaque, roumain, anglais, rital et portugais, y croise le melting pot local.
Haut de forme et gants de peau
Cinq heures du mat. Aucun frisson mais l’œil grand ouvert depuis 120 bonnes minutes. A Paris il est 11 heures.
Le jour pointe enfin son nez et je sors à pied. Je veux en avoir le cœur net du « Michigan Lake ».
Je remonte plein Nord au départ de Chicago Avenue, croise deux joggeuses, un camion de déménagement, une vieille dame, des concierges portant chapeaux haut de forme et gants de peau. Le vent est frais et malgré le soleil, je me maudis d’avoir laissé les mitaines à l’hôtel. L’eau apparaît. Un lac tel un océan intérieur. Le ciel est nuageux et la surface aqueuse plaquée argent. Le quartier se nomme Gold Coast et les demeures anciennes sont trendy, hautes et claires. Pierres de taille et portails de fer forgé, jardins grandioses ou coquets. Plaques indiquant qui vécut ici, ou là. Quelques hors-bords hors de bourse passent le long d’Oak Street Beach. Cela sent le début de printemps, se donne des airs de Martha’s Vineyard, des envies de revenir en été. Je refais mon lacet de chaussure et une promeneuse, haute comme trois granny smith, passe au bout d’une laisse, tirée par un danois qui me hume sans égards. Haleine de Baskerville. J’en frémis.
Le fauve paraît cependant bien mesquin à côté de Felix, le chat de fibre de verre de Maurizio Cattelan qui trône de ses plus de 6 mètres de haut dans l’entrée du MCA tout proche.
Je file me goinfrer d’une tarte à la myrtille, au Marisol, tout récent restaurant du MCA, le regard noyé dans une splendide fresque de Chris Ofili. Les serveuses sont courtoises, tout autant que l’ardoise.
Michigan Avenue déroule ses gratte-ciel au fil du chemin, l’architecture de la fin du XIXème côtoie des projets futuristes, pharaoniques, hédonistes, de verre, de matériaux nouveaux, légers, aériens. Les badauds se promènent, tête en l’air. Passé le John Hancock Center et ses 343 mètres, son bar du 96ème étage et ses fenêtres qui s’inclinent à 45° au-dessus du vide, les boutiques de luxe se succèdent. Quelques artistes de rue tentent leur chance, d’un coup de saxophone, d’un numéro de cirque urbain. Camions et voitures semblent circuler en une fluidité certaine. La troisième ville des Etats Unis parait humaine, comme si, au bord des grands lacs, à l’orée des gigantesques plaines du Middle West, on avait pris du recul, tant par rapport à New York qu’à Los Angeles.
L’avenue s’élargit, devient place à l’approche de la Chicago River. La Tribune Tower, tour néogothique hérissée de flèches, abrite depuis 1926 le Chicago Tribune, décor possible du Metropolis de Fritz Lang. L’ancienne jetée, bâtie en 1916, accueille restaurants et magasins, des jardins et des musées, ambiance à la Gotham city. N’y manque plus que l’homme chauve-souris. J’embarque sur un rafiot que je jurerais des années 20 mais qui est récent, ayant seulement gardé ses lignes nautiques de l’entre deux guerres. Posé sous le Michigan Avenue Bridge, l’esquif de quelques dizaines de mètres fait office de moustique au milieu des monstres de verre et d’acier qui poussent alentour, partent telle une envolée de structures véhémentes à la chasse aux nuages.
L’école de Chicago
La relation passionnelle entre Chicago et l’art de construire est née dans le feu.
Le 8 octobre 1871, un incendie ravage la ville, en détruit les deux tiers, cause la mort de 300 personnes, laisse 100 000 sans abris, enfante en ce désert apocalyptique l’une des expériences architecturales les plus innovantes de l’époque.
Tandis que la vieille Europe s’attelle aux chemins de fer et à la réalisation de galeries prestigieuses, les USA travaillent sur le laminage de l’acier, sur les différentes techniques, dont entre autre l’ascenseur, qui permettent de construire à la verticale. L’invention du chauffage central suit. Le premier gratte-ciel sort de terre en 1884. C’est le début de l’école de Chicago qui avec 20 à 30 ans d’avance préfigure la naissance de l’Art Déco en Europe.
Le bateau, « Chicago First Lady », remonte la rivière. Le spectacle est unique. De la Fulton House érigée en 1898 au 150North Riverside qui défie les lois de la gravité, des 90 étages de verre de la Trump Tower, aux balcons en forme de vagues de l’Aqua, à Lakeshore Esat, des 442 mètres de la Willis Tower, au style Art Déco du Merchandise Mart et au minimalisme de l’AMA Plazza, l’ensemble architectonique est simplement époustouflant, laisse les skylines de New York, Tokyo, Hong Kong et Dubai loin… très loin derrière !
Gentryfication récente
L’espace et le temps semblent ici différents et je me retrouve à la rue alors que tombe la nuit, que tombe la pluie.
En moins d’un quart d’heure de Uber j’ai l’impression de me téléporter dans les années 30. Le hall tout en ascenseurs du Robey est définitivement Art Déco. Le récent établissement, réinventé en un bâtiment classé des années 20 est devenu la coqueluche hôtelière des quartiers nord de Chicago. Ici semble t-il bat l’âme de la ville. Les anciens entrepôts sont devenus galeries ou restés tels quels. Les restaus chics côtoient les vendeurs de hot dog. La gentryfication y est récente et le mélange doux des genres a comme une odeur de café en une terrasse encombrée.
La déco de l’hôtel n’est pas sans influences du design scandinave. Petit plus, je trouve sur ma table de chevet une paire de boules quies et de sillicone. Et oui. Le fameux Ring, métro aérien de Chicago passe juste là, à trente mètres de mon nouveau chez moi.
Il pleut et je vois quelques hipsters, des ouvriers, descendre d’un wagon, traverser les flaques d’eau où se reflètent néons rouges et lampadaires orangés. Un Black sans âge joue du trombone à coulisse dans un abribus.
Le Robey offre une vue à 190° sur la skyline de Chicago. C’est comme si je voyais la courbure de la terre. Une extase qui m’ouvre l’appétit.
Beatnik, 1604 West Chicago Avenue.
Le restaurant baigne dans une douce atmosphère, une jouissive opulence, faite de lustres surréalistes, de tables sans fin, de tissus rares, de céramiques. C’est bombé à craquer et que de bels gens, souriants.
Lizy, ma serveuse, est une parfaite réincarnation de la Twiggy du Swinging London des sixties, avec des lunettes trop grandes, vertes, et un sourire marrant. Entre ses mains passent des cocktails extravagants et savoureux, des mezzés colorés, mets sucrés salés. Je dois de tout goûter me dit-elle. Le son est remarquable. Reggae, Afrobeat, Rock Sudiste, pop française des années 60 et Bossa Nova. Alors que l’ivresse me tente, je songe à la loi de 1919 qui mit en place la prohibition, fit la fortune, tant de Capone que du père Kennedy. Loi votée pour augmenter les cadences de travail en usine. Un dernier cocktail, me propose Lizy-Twiggy pour oublier ces mauvais souvenirs. Puis…
Je n’ai pas dû oublier mes boules quies, car j’ai dormi tel un loir.
Je n’ai qu’un vague souvenir de la façon dont je suis rentré, mais aucune trace migraineuse de quelque alcool frelaté.
Ténors du street art
Ce matin j’ai rendez-vous à Columbia College Chicago. Avec Neysa Page-Lieberman plus exactement. Elle est conservatrice en chef de Wabash Arts Corridor et m’explique, emmitouflée comme il se doit alors que le vent n’est que froid, ce qu’il se passe ici. L’idée a émergé en 2013. L’université immergeait les étudiants en art au travers des rues, de la 16eme à Congress Avenue, du Nord au Sud, et de Plimouth Avenue à Michigan, d’Est en Ouest. Objectif ? Redynamiser le quartier. L’art s’est attaqué aux murs de la ville, parfois des ruines, souvent du béton, de la brique de construction. En 15 ans, autour de Columbia, les ténors du street art Mondial sont venus se mêler, créer au sein du quartier et de l’université.
C’est tout simplement bluffant. Du Muddy Waters Tribute d’Eduardo Kobra au Moose Bubblegum Bubble de C. Jacob Watts, de We own the future de Shepard Fayrey aux œuvres anonymes, Warbash Arts Corridor est l’un des ensembles monumentaux les plus passionnants de street art au monde. Neysa Page-Lieberman l’est tout autant. Le temps est glacial, il court et nous sépare alors que j’aurais tant aimé en savoir plus.
Mais voilà… L’avion m’attend.
L’aéroport O’Hare qui était il y a encore 30 ans le plus vaste au monde doit, je l’imagine, employer des dizaines de milliers de personnes.
Pour autant, passant la douane, à une chance sur mille, je retombe sur l’officier qui m’avait accueilli à l’arrivée.
- Alors? Chicago?
- Chicago?
- Oui! Chicago. Vous avez aimé ?
- I love Chicago !
Son sourire est large comme le lac Michigan et je me dis « Clairement, à Chicago, je reviendrai ».
Y aller
Lancée fin 2016, la nouvelle classe United Polaris est une réinvention de l'expérience de voyage haut de gamme internationale de United, offrant un confort et un service élevé du salon à l'atterrissage, pour une nuit de sommeil reposante dans l'air. La première phase du nouveau produit est maintenant disponible à bord et propose une expérience élevée de nourriture et de boissons en vol, une literie personnalisée de Saks Fifth Avenue et des trousses d'agrément exclusives avec des produits du spa Cowshed de Soho House & Co.
United Airlines assure des vols aller-retour quotidiens de Paris Charles de Gaulle à Chicago en Boeing 767-300 à partir de 939 euros pour les vols en classe Economique et de 3918 euros pour les vols en classe affaires Polaris (les deux tarifs incluent les taxes).
Pour plus d’informations, www.united.com, par tél. au 01 71 23 03 35, ou en agence de voyages.
Se renseigner
choosechicago.com/fr et sur les réseaux sociaux : Facebook ChooseChicagoFR et Instagram @choosechicagofr
Se loger
Le Peninsula Chicago
C’est sans aucun doute l’adresse de luxe incontournable sur Michigan Avenue. L’équivalent de La 5ème de New York transportée à Chicago. Le luxe ultime avec 3 restaurants, un spa de 1400 M2, une piscine dominant le skyline de Chicago…
www.thepeninsula.grandluxuryhotels.com
The Robey
The place to be. Branché, là où la ville bouge en dehors des circuits classiques. Pour se sentir intime avec la ville.
www.therobey.com
Avec qui
Voyageurs de Monde, spécialiste des voyages sur mesure vous conseillera, au plus près de vos désirs, pour découvrir Chicago, ses alentours, le lac Michigan.
Tél. 01 42 86 16 00