Allégorie de l'hiver blanc - qui fait cruellement défaut à l'Europe continentale - la collection automne-hiver 18-19 de YMC prône le retour à l'efficace. Du teddy en mouton au bombardier, du tartan au velours côtelé, de la grosse maille au chambray, les composants d'une saison passée au coin du feu répondent présent.

Sublime de simplicité, majestueux dans son port, affuté dans la silhouette, l'homme Berluti n'a jamais autant été fidèle à son aristocratie innée. Less is more, seules les matières opulentes parlent - daims, agneaux nappa, draps de laine, cachemires et angoras -, le tout ponctué d'accessoires qui ont tout du it. Une nouvelle définition du gentleman moderne, sans accroche, intemporelle et bien sentie.

Normcore mais soucieux du détail, l'homme GGDB prône la sophistication minimaliste et subtile à travers une silhouette qui, en apparence, paraît classique. Mais lorsqu'on s'y penche de plus près, le travail des cuirs, velours, denim et draps de laine est aussi exceptionnel que le sens de la coupe est juste. Un vestiaire efficace et désirable qui n'a pas besoin de taper dans le show-off pour plaire.

Dans le cadre de son premier partenariat avec The Woolmark Company, Hiromichi Ochiai, fondateur de Facetasm, fait un stop en enfance, s'inspirant de l'insouciance et des émotions primaires que l'on ressent avant le passage des 10 ans. Une palette de couleurs crues s'applique sur les effets de matière, du froissé, du plissé, formant un ensemble aussi ludique que percutant. Rencontre.

Entre subtil retour aux fondamentaux et réinterprétation des archives maison, l'hiver est à l'hommage chez Helmut Lang. Des stitchings contrastants aux détails tailormade des doublures en passant par le jeu chaleureux des matières, rien n'est laissé au hasard. Mais tout y est légitime.

Certains préfèrent la technique à l'apparence, la qualité à l'apparat. C'est le cas de Luke et Lucie Meier, qui pour leur première collection homme chez Jil Sander rendent hommage au travail des étoffes et des peaux si cher à la fondatrice. De l'incroyable duffle-coat en agneau plongé aux lainages sévères et droits, en passant par les nylons et effets de maille, le détail fait la silhouette. Laquelle, par son efficacité et sa pureté, promet un avenir radieux pour la maison.

Victime du syndrome de Peter Pan, Maxime Simoëns imagine un vestiaire mi-homme mi-adolescent, où les codes du businessman s'encanaillent de détails underground. Le costume est à rivets, le jogging en drap de laine, et les références à la street omniprésentes. L'art et la manière de comprendre le jeune loup en quête de style.

Bien au delà d'une simple présentation de collection, Jonathan Anderson dévoile un univers fantasmagorique dans lequel les vêtements deviennent, plus que les modèles, les protagonistes principaux de l'intrigue. A la manière du grand Houdini, le vestiaire hivernal de l'homme Loewe se métamorphose tantôt de manière formelle, tantôt dans une vibe outerwear très luxe. Les peaux lainées donnent la réplique aux cuirs exceptionnels et aux détails tailoring oniriques, une juste balance entre liberté de création et réalité textile.

Allégorie du geek ultra-chic, l'automne-hiver 18-19 est placé sous le signe du pixel tailormade chez Maison Kitsuné. Parce qu'au delà des clichés du jeune adolescent acnéique vivant littéralement dans un cyber-café, il y a un lexique stylistique très fourni dans le domaine du gaming, le ton est preppy et le second degré de mise. Léger, smart, le nerd n'a jamais été autant dans le coup.

Poésie du businessman désabusé, la collection automne-hiver 18-19 d'Off-White dresse le portrait d'un jeune loup de la finance qui porte le Casual Friday dans son coeur. Du formel à l'ensemble training, du Prince de Galles au strass sur fond de tie and dye, la jeune génération s'approprie le tailoring à sa manière. Et change les règles.

Premier défilé parisien pour le label suédois le plus prometteur du moment. Du new-normcore, où le nylon rencontre le banker-suit revu version adolescent, du vinyle pour le côté sulfureux des raves en 1990, et une nouvelle vision du sportswear rétro, plus luxe, plus soft. Désirable et assurément bien pensée, on acclame ici une première réussie dans le calendrier de la semaine de la mode homme de Paris.

Dernière semaine du marathon trimestriel, la semaine de la mode masculine parisienne débute ce soir. L'occasion de vous briefer sur les endroits à investir jusqu'à dimanche prochain (et même après).