The Underground Railroad, la mini-série à ne surtout pas manquer
Adaptée d’un magnifique roman de Colson Whitehead, la mini-série The Underground Railroad est à la hauteur. Romanesque, bouleversante, la mini-série livre une vision terriblement juste de l’esclavage.
Pour échapper à la brutalité de leur sort d’esclaves - ceux et celles qui s’imaginent qu’Autant en Emporte le Vent donnait une lecture juste de leur quotidien seraient bien inspiré-e-s de ne pas rater cette mini-série - , certain-e-s tentaient de s’échapper des plantations. Barry Jenkins, à qui l’on doit les beaux films Moonlight et Si Beale Street pouvait parler, adapte avec beaucoup d’humilité, d’intelligence du texte, de sensibilité - et toute la rage que mérite le sujet - le grand roman de Colson Whitehead, paru en France en 2017 sous le titre Underground Railroad. Des âmes aussi bienveillantes qu’écœurées avaient mis au point un réseau facilitant la fuite des esclaves : itinéraires sécurisés balisés de maisons discrètes, soutenus par des complices courageux. Ce qu’on appelait métaphoriquement de « réseau ferroviaire souterrain » , l’écrivain Colson Whitehead, un des plus passionnants de sa génération, a voulu, dans son livre, lui donner une réalité concrète, décrivant un véritable réseau ferroviaire souterrain, conduisant vers la liberté. C’est celui qu’empruntent Cora et Cæsar, pourchassés par Ridgeway, mandaté pour les ramener à la plantation. On ne dira rien de la suite de l’intrigue, pour ne rien gâcher du plaisir - tétanisé parfois par l’horreur montrée dans sa crudité -, de la suivre. Touffu, aux péripéties passionnantes, fourmillant d’idées narratives géniales, de trouvailles bouleversantes (ces récurrents regards-caméra inoubliables…parce que précisément il ne faut pas les oublier) se déployant avec une patience empathique, d’audaces tirant parfois le récit vers le fantastique, admirablement joué, The Underground Railroad souffre seulement parfois d’afféteries stylistiques vaines et de l’omniprésente musique - soit redondante soit annulant l’effet recherché. De ce voyage, on ne sort cependant pas indemne, ni rassuré sur l’humanité ni totalement découragé - mais assurément bouleversé par la puissance dramatique d’une des créations les plus marquantes de l’année.
Une série créée par Barry Jenkins. Avec Thuso Mbedu, Aaron Pierce, Chase W.Dillon et Joel Edgerton. Disponible sur Prime Video.
A lire : Colson Whitehead : Underground Railroad (Albin Michel)
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