Les 7 livres pour accueillir le printemps d'après @reading_is_sexyy
Pour vous aiguiller dans vos choix littéraires, les parisiennes du club de lecture Reading_is_sexyy vous ouvrent leur bibliothèque et vous font découvrir leurs coups de cœur. Du classique au contemporain, laissez-vous tenter par leur sélection printanière.
La Familia Grande – Camille Kouchner (Editions Seuil)
A travers ce magnifique roman, l’auteure nous transporte dans le monde post soixante-huitard d’une néo-bourgeoisie intellectuelle de gauche qui s’émancipe des générations antérieures à travers une quête utopique de liberté.
Un joyeux bordel de culture, d’amour et d'amitié où les générations se mélangent et où les interdits se dissolvent. Une vie libre, intelligente, heureuse mais vite rattrapée par les limites de cet idéal, ses dérives et ses dangers.
L’auteure relate son enfance et adolescence avec toute la subtilité qu’une vie comporte et parvient à décrire avec brio l’ambivalence des sentiments et leurs paradoxes.
Ce roman fut sans aucun doute le séisme littéraire de 2021, l’autopsie d’un inceste brillamment décrit qui a depuis permis de libérer la parole de milliers de victimes #metooinceste.
Rien n’est noir – Claire Berest (Editions Stock)
Après le succès de Gabriële, Claire Berest revient signer un roman majestueux avec pour héroïne la vivante, vibrante et dansante Frida Khalo.
Nous voici embarqués dans le tourbillon de sa vie où se mêlent amours suaves et amitiés charnelles. Un monde en couleur, où le clair de lune n’existe que pour illuminer ces fêtes grandioses où l’on s’embrasse au rythme de danses effrénées et de gorgées de tequila.
Frida la magnifique, ornée de fleurs, couverte de couleurs qui traverse la vie avec son corps brisé, sa rage de vivre, de créer, d’aimer plus que jamais, encore et toujours à l’infini l’ogre Diego Rivera.
Fille – Camille Laurens (Editions Gallimard)
Un récit qui allie douceur et force pour évoquer sans tabou, les épreuves endurées par les femmes au cours de leurs vies. Sans tomber dans les clichés féministes, Camille Laurens aborde avec beaucoup de justesse les abus, les rejets, les humiliations vécues par les femmes à travers les décennies et qui sont autant d’obstacles à leur féminité.
Que devient la petite fille abusée ? Que devient celle qu’on a sacrifiée sur l’autel de son grand frère mort-né ?
On touche du doigt des éléments de réponse, mais on retient surtout le besoin d’amour et de reconnaissance dont ont besoin les enfants pour s’épanouir pleinement. Etre une fille, en avoir une à son tour et se demander à chaque fois la place que celle-ci aura dans notre société en constante évolution.
Les enfants sont rois – Delphine De Vigan (Editions Gallimard)
Ce roman signe le retour de Delphine de Vigan qui vient explorer à travers un nouveau thriller haletant les dérives et les failles de notre époque.
L’intrigue, suspendue autour de la disparition d’une petite fille de 6 ans met en exergue les excès et les dangers d’une surexposition des enfants, victimes collatérales du sacre et de l’omniprésence des réseaux sociaux.
Des années Loft aux années 2030, l’auteure retrace le chemin et le parcours de deux femmes que tout oppose et qui prennent vie sous sa plume avec brio.
Un récit ancré dans l’actualité qui fait réfléchir sur une société en perte de repères, de valeurs et d'idéaux.
Aurélien – Aragon (Editions Gallimard)
Plus qu’un classique, un incontournable. Un roman sur l’impossibilité d’aimer, l’amour d’aimer, les années folles, les deux guerres, la bourgeoisie.
Les intrigues mondaines au sein des couples et le besoin de séduction, nous ouvrent un monde de manipulations et de chimères qui donnent envie de croire au couple Aurélien-Bérénice. Eux si différents et si détachés mais finalement si banales.
Aragon nous parle dans cette œuvre de l’absolu et du malheur qu’il entraîne, de l’oisiveté du rentier, mais c’est finalement l’ennui qui asphyxie les protagonistes et prend le dessus sur le reste.
On ne peut s’empêcher de refermer ce livre en se demandant s’il aurait pu en être autrement, si l’on forçait le destin, et si…
Marie-Antoinette – Stefan Zweig (Editions Grasset)
Marie-Antoinette, propulsée reine à 15 ans devenue figure emblématique de l’histoire de France. Héroïne des temps modernes et muse dans l’air du temps, elle n’a eu de cesse d’être utilisée, filmée, décrite et analysée sans jamais que l’on parvienne à en saisir l’essence et les ambivalences.
Stefan Zweig raconte avec précision cette période sombre de l’histoire et dépeint la reine, avec une telle délicatesse que nous entrons avec empathie dans la psychologie de ce personnage complexe qui impressionne par son sens de la dignité.
L’auteur nous fait aussi découvrir les prémices de la révolution à travers un angle inédit, les frustrations d’une aristocratie rendue désuète par la jeune reine espiègle, se cristallisent sous forme de satires et de caricatures qui vont rejaillir sur les flammes de colère d’un peuple déjà embrasé.
On connaît la suite mais on vous laisse découvrir cette œuvre essentielle où se mêlent glamour et intrigues.
Betty – Tiffany Mc Daniel (Editions Gallimester)
Plébiscité et ovationné par la critique, Betty est pour beaucoup, considéré comme le roman américain de l’année 2020 en venant rejoindre les histoires riches et flamboyantes de Steinbeck.
Betty c'est l’incarnation de la force et de la puissance, elle traverse la vie avec poésie et magie malgré la noirceur de son histoire familiale faite de non-dits et de douleurs. C’est finalement par les mots qu’elle parvient à guérir ses maux, en les écrivant et en les enterrant au fond du jardin délicatement nommé « le bout du monde ».
Dans cette écriture, il y a la naïveté et la poésie de l’enfance qui petit à petit s’effacent pour laisser place à un roman déchirant mais d’une grande beauté.