Joaillerie
Elsa Jin : perles de vie
Lors du dernier Festival de Cannes, le mannequin Isabeli Fontana arborait les deux nouvelles broches d’Elsa Jin, Mozi et La Belle. Deux créations de haute joaillerie dont la somptuosité ne doit pas faire oublier le caractère féministe.
Avant d’être une créatrice de bijoux, Elsa Jin est d’abord une artiste. Elle utilise les métaux et pierres précieuses pour exprimer ses incompréhensions et ses réflexions vis-à-vis de l’époque. Ainsi, sa collection Life était un miroir de la période de la pandémie, tandis que sa ligne Fireworks explorait la cruauté de la guerre. Cette série À la recherche de la Chine, commencée en 2021, montre toute sa fascination pour ses origines, et aborde un thème ancien et insoluble: la fraternité et les femmes. “Le monde n’est pas aussi beau qu’on le dépeint, assure-t-elle. Justes ou non, les guerres se font, et ce sont toujours les femmes qui souffrent et meurent : des filles, des épouses et des mères.” Dans un élan féministe, et soucieuse du climat géopolitique actuel, Elsa Jin a donc imaginé deux nouvelles pièces, où les pierres principales sont organiques. Après le bijou Lamelles de bambou présenté à la Berlinale de 2022, et la pièce Danse nocturne, que l’on a pu admirer au Festival de Cannes de l’année dernière, les broches Mozi et La Belle sont donc les oeuvres les plus récentes de la collection. La broche Mozi – en référence au grand philosophe de la Chine ancienne – met en avant une exceptionnelle perle noire de Tahiti nuancée d’un vert malachite de près de 35 carats. Celle-ci s’accompagne de diamants noirs, de diamants gris et d’émeraudes. Elle trouve son inspiration dans la calligraphie chinoise : les peintres et calligraphes chinois de l’école audacieuse versent librement de l’encre sur le papier, puis créent à partir d’elle des formes selon leur inspiration. La broche reprend cette idée, avec des lignes épaisses et d’autres plus fines, représentant à la fois une grande liberté et une forte tension. La perle noire représente cette encre mais aussi l’âme de l’artiste.
Crédits : Courtesy of Elsa Jin
Quant à la broche La Belle, elle se caractérise par sa perle de Melo centrale de plus de 63carats, entourée de saphirs bleus et saphirs roses, diamants blancs et diamants jaunes. Elle met en scène une légende chinoise du nom de Xiang Ru Yi Mo, où deux poissons à terre, bouche contre bouche, se crachent des bulles pour se maintenir mutuellement en vie. Une histoire d’amour poignante, démonstration somptueuse de la vie, de l’amour et de la femme. “Je m’intéresse à la vie actuelle, mais aussi à la vie antérieure, assure la créatrice. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi ici des perles, de Tahiti et de Melo, qui elles aussi ont un passé.” Enfin, Elsa Jin montre au monde entier sa vision de la mode : les grosses broches sont plus que jamais au goût du jour.
