Sophia Amoruso : "dans la vie, on peut tout obtenir"
Dans la scène d’ouverture de la série Girlboss (sur Netflix), le personnage de Sophia, joué par Britt Robertson déclare : “Adulthood is where dreams go to die” (l’âge adulte, c’est là que meurent les rêves). Et visiblement, les rêves de gosse de Sophia Amoruso se sont crashés sur la dure réalité de la fast fashion. En novembre dernier, son site de e-commerce Nasty Gal, fondé il y a dix ans, était déclaré en faillite, et ce après avoir engrangé plus de 100 millions de dollars de revenus annuels. Pour beaucoup de filles, Nastygal.com a longtemps été synonyme de coolness ultime. À l’orée des années 2010, le site proposait une dégaine qui collait parfaitement à l’époque, à base de mom jeans, de platform shoes et de crop tops : bref, la parfaite panoplie de la bad girl un peu bitchy. Les fans ? Lana Del Rey ou Beyoncé. Nasty Gal, c’était un secret que se refilaient les filles in the know. Chloé, une trentenaire groupie de la première heure, raconte : “C’était le Saint Graal des fringues pointues. Je collectionnais leurs shoes Jeffrey Campbell et tous leurs accessoires. J’allais sur le site toutes les semaines !” Mais là où la marque faisait la différence avec les autres sites mode type Urban Outfitters, c’était dans la mise en scène, ultra léchée, qui rendait les produits archi désirables. L’objectif ? Vendre bien plus qu’un simple short en jean déchiré : vendre tout un lifestyle ancré dans l’héritage de l’Amérique underground, entre Californie hippie et East Village rock, le tout saupoudré de figures féministes badass (le nom du site est un hommage à une chanson de Betty Davis, soul sista et ex-femme du jazzman Miles Davis). Au-delà du simple carton business, Nasty Gal, c’était surtout la success story d’une femme, surnommée par le New York Times la “Cendrillon de la tech” : Sophia Amoruso. Frange corbeau taillée au cutter, œil noir et bouche carmin, Sophia ressemble à une Riot Girrrl qui aurait troqué son jean informe contre bijoux bling et Louboutin. Avec son charisme indéniable et son imparable sens du style, c’est une vraie rockstar de la sape, comme seule l’Amérique sait en façonner. Dès le début des années 2010, la presse US s’empare du phénomène, la présentant comme une version punky de Natalie Massenet (fondatrice de Net-a-porter). En 2014, la jeune PDG entre même dans la liste des “Best dressed” de Vanity Fair. Et en 2015, elle est, selon le magazine Forbes, plus riche que Beyoncé (avec une fortune estimée à 280 millions de dollars). Son background de bourlingueuse et son franc-parler fascinent. Ses déclarations de manageuse féministe bon teint aussi. En vraie pro du self-branding, c’est Sophia ellemême qui écrit sa légende avec son livre #girlboss (2014). Cette autobiographie doublée d’un manuel de la e-entrepreneuse est un manifeste, mi-féministe, mi-capitaliste, rempli de mantras faciles à digérer et de conseils avisés, du genre : “Une #girlboss est en charge de sa propre vie. Elle obtient tout ce qu’elle veut car elle a travaillé pour ça.” Sans surprise, #girlboss est un carton mondial, et reste 20 semaines dans la Best-Sellers List du New York Times. La notoriété de l’Américaine explose. Le hashtag #girlboss devient l’un des plus partagés (plus de 5 millions d’occurrences sur Instagram).
Avec son charisme indéniable et son imparable sens du style, Sophia Amoruso est une vraie rockstar de la sape, comme seule l’Amérique sait en façonner. Dès le début des années 2010, la presse US s’empare du phénomène…