Richard Mille : Transformer la matière en or
La force de Richard Mille – et l’un des éléments qui ont fait le succès de la marque – est d’avoir su transcender les matériaux techniques et de leur donner une substance horlogère.
Il y a quelque chose de faustien dans la réussite de Richard Mille. Le fondateur de la marque, baigné depuis des années dans l’univers horloger, a su, au tournant du millénaire, déceler le potentiel du futur et anticiper les attentes d’un public désireux d’avoir une nouvelle vision de l’horlogerie. Alors oui, il a surfé sur une forme ni ronde ni carrée, alors déjà portée par d’autres maisons de renom. Mais il a su donner du lustre et anoblir des matériaux initialement employés dans des secteurs technique.
Repousser les limites du possible
Entouré d’ingénieurs brillants, il capitalise sur leur expertise pour proposer des garde-temps
innovants conçus avec des matériaux issus de la F1, de l’aviation d’affaires, de la voile de compétition et de l’aérospatiale. Incarnations de l’innovation et de l’investissement, ces montres
sont à l’image de leurs propriétaires : investis, visionnaires, puissants et remarquables. Et comme
on sait qu’une montre doit être à l’image de soi pour plaire, on devine que leur rareté fait la différence, d’autant que les matériaux employés sont eux-mêmes rares ou complexes à produire. Il ne sera pas possible ici de définir l’ensemble des matériaux de nouvelle génération employés par la marque. Ce qu’il faut retenir, ce sont la démarche et l’ambition qui incitent les horlogers et les concepteurs à toujours repousser les limites du possible. Toujours en quête de nouveaux défis, ils ont conçus plus de 80 modèles tous originaux, 7 calibres automatiques maison et 1 calibre à tourbillon. En plus d’avoir repensé l’approche structurelle de la conception des mouvements pour la faire se rapprocher de celle des moteurs de voitures ou des instruments futuristes, la marque a travaillé l’Alusic, le titane, les résines techniques, et bien d’autres produits composites tels le Carbone TPT® et le Quartz TPT® qui sont devenus avec d’autres, les nouveaux standards du luxe.
Une association fructueuse
Pour que l’apport technique soit optimal, Richard Mille a renforcé sa relation avec North Thin Ply Technology (NTPT®), leader mondial dans la conception de matériaux ultralégers préimprégnés, en participant à la construction d’une unité de production dédiée. Celle-ci comprend une salle blanche abritant une ligne de production de matériaux composites. En parallèle, l’entreprise horlogère travaille avec un laboratoire spécialisé dans les analyses des conceptions, afin de valider rapidement les choix retenus par le bureau de recherches et de développement. Cette association fructueuse permet d’accélérer les processus de développement et ainsi de garantir à la marque d’être toujours en avance sur la concurrence... Mais a-t-elle seulement une concurrence ?
Des matériaux d’exception
Même si le taux de fabrication à l’interne avoisine les 80 %, la manufacture Richard Mille fait appel à des sous-traitants, tous sélectionnés pour leur savoir-faire et leur expérience. En effet, les dimensions réduites des composants et la spécificité des matériaux utilisés comme ceux présentés ci-dessous, imposent parfois d’avoir recours aux meilleurs.
Carbone TPT®, obtenu à partir d’un croisement de 600 couches parallèles issues de la division de fibres de carbone. D’une épaisseur d’environ 30 microns chacune, elles sont imprégnées de résine avant d’être tressées sur une machine dédiée, qui modifie l’angle de la trame de 45° entre les couches de carbone. Chauffé à 120°C à 6 bars de pression, le carbone est alors prêt à être usiné sur des machines à commande numérique. Ce matériau sert essentiellement pour les boîtiers, mais peut aussi être utilisé pour certains composants internes sensibles.
Lital® : c’est un alliage de lithium contenant de l’aluminium, du cuivre, du magnésium et du zirconium. Ce matériau de haute technicité est le plus couramment employé dans les pièces d’avions comme l’A380, les hélicoptères, les fusées et les satellites et... la Formule 1, l’une des passions de Richard Mille, fondateur de l’entreprise en 2001.
Quartz TPT®, constitué de fils de quartz appliqués par couches successives. La première utilisation de ce composite remonte à 2015. Les filaments de quartz sont imprégnés d’une résine qui peut être colorée. Ces couches peuvent aussi être intercalées entre d’autres en carbone. Etant très abrasif, l’usinage est complexe et les outils utilisés, recouverts d’une fine couche d’or, sont remplacés après l’usinage de vingt composants.
Graphène, introduit en 2017 dans la montre RM 50-03 McLaren F1, qui était alors la plus légère au monde dans sa catégorie (38 g). Synthétisé en 2004 par Andre Geim de l’université de Manchester, il possède une haute conduction thermique et une résistance à la rupture deux cents fois supérieure à celle de l’acier et six fois plus léger que ce métal. Le graphène est injecté dans le carbone pour obtenir un gain en matière de légèreté et de résistance.
Saphir : un boîtier intégralement réalisé en saphir a été présenté pour la première fois en 2012
par Richard Mille. Il faut compter quatre semaines de croissance pour le cristal et mille heures d’usinage pour finaliser un boîtier.
Alusic® : On retrouve cet alliage d’aluminium dans la RM 09. Ses propriétés lui valent une utilisation en aérospatial et dans l’aviation. Il est aussi au cœur des montres Richard Mille.
Arcap : dans la RM 031, la manufacture utilise ce matériau pour la platine et les ponts. Résistant à la corrosion, antimagnétique, il est un alliage de cupro- nickel-zinc.
Titane : utilisé par la manufacture, ce métal, apprécié pour sa biocompatibilité et sa légèreté, est en fait un vrai classique pour ne pas dire traditionnel.