International Watch Review

La montre joaillière de Fawaz Gruosi

Le temps du Rêve

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Est-ce une montre ? Un bijou qui donne l’heure ? Une sculpture animée, une  oeuvre dotée d’une âme ? Fawaz Gruosi, son créateur, l’appelle simplement  Montre Joaillerie. Mais ce nom est trompeur : elle est bien plus que cela. Elle révèle toute la philosophie d’un homme qui a dédié sa vie à  embellir les femmes, en créant pour elles des ornements prolongeant leur identité. Des bijoux comme des emblèmes, des signes extérieurs d’identité. 

Cette montre, à la fois simple et si complexe, possède la beauté en héritage. Elle est la première née de la marque Fawaz Gruosi, mais elle porte en elle  tous les attributs qui définissent le style du joaillier : les  volumes généreux, les couleurs qui donnent la vie, les contrastes aussi. 

Sa forme ovale, douce comme un galet, appelle la caresse. On a envie de  suivre du bout du doigt sa lunette qui ressemble à deux anneaux entrelacés. Lorsque l’on observe la montre depuis chaque côté, on découvre tel un  haut-relief, une sculpture d’or rose en quatre éléments qui forment la lunette.  Sertis de pierres précieuses, ces éléments donnent l’illusion d’une continuité : deux ellipses qui semblent vouloir se fondre l’une dans l’autre. Un beau trompe-l’oeil. Si l’on devait élire une montre qui parle d’amour, on choisirait celle-ci. 

« Le contour oval de la montre a commencé à prendre forme dans mon esprit il y a quelque temps, confie Fawaz Gruosi. Je m’inspire de tout ce que je vois lorsque je me promène, qu’il s’agisse de la boucle d’un sac à main, ou de la forme d’un  soulier, j’observe tout. Je ne garde que l’essentiel. Je suis convaincu qu’un bon  design, c’est lorsque l’on ôte des éléments, plutôt qu’en ajouter.  Ainsi, l’inspiration générale de la montre relève de ce genre d’élégance : du désir de créer une montre différente de tout ce que j’ai vu. »

Les anneaux semblent n’avoir ni début ni fin. C’est à la fois une rencontre et un jeu de cache-cache, une interprétation très florentine des équilibres entre les contraires - jour et nuit, yin et yang. Ce sentiment est renforcé par l’utilisation de pierres qui se répondent, comme si la nuit avait rendez-vous avec le jour. 

« Concernant le choix des couleurs, nous sommes tenus par ce que nous offre la nature, explique Patrick Affolter, le directeur de la joaillerie de Fawaz Gruosi. La couleur, c’est tellement délicat : il y a mille verts, mille jaunes, mille rouges ! Nos choix d’associer telle ou telle teinte est typique des créations de la maison. Il n’y a pas de règle : Fawaz Gruosi aime les variations de teintes. Il ne cherche pas à appairer toutes les pierres : ces subtiles différences vont susciter l’émotion. La couleur, c’est ce qui donne la vie ! » Il existe à ce jour six accords, et chacun semble vouloir raconter une histoire. Les topazes Paraiba bleu piscine alliées avec les tsavorites vertes comme des feuilles balancées par le vent, racontent une histoire d’été joyeux. Les diamants bruns caramel qui répondent aux rubis rouges, comme des lèvres mordues, sont une délicieuse gourmandise. 

Les pierres précieuses qui ornent chaque cadran - à l’exception du modèle doté d’un cadran de nacre - sont serties selon la technique du serti neige où les pierres de tailles différentes semblent avoir été jetées au hasard sur le cadran, alors qu’il n’en est rien. Chaque pierre a été savamment choisie et s’imbrique dans l’ensemble qui forme de petits nuages sur lesquels la lumière vient jouer au gré du  mouvement du poignet. 

Le joaillier aime repousser les limites et pour sa première montre, il a  voulu un fond incurvé. Il souhaitait un garde-temps généreux, mais qui se marie  élégamment avec le poignet, d’où cette idée de suivre la ligne du corps sur lequel la montre repose. De la même manière que l’intérieur de ses bagues est  arrondi, tout doit rester doux et voluptueux, chez Fawaz Gruosi. Il y a un  plaisir dans la douceur. L’ensemble des joailliers de la maison ont dû repousser les  limites du design et trouver des techniques particulières pour parvenir au  résultat désiré. La maison a travaillé en étroite collaboration avec des techniciens horlogers de haute volée et en utilisant certaines techniques traditionnelles de joaillerie, pour concevoir le boîtier et la lunette, comme le modelage à la cire.  « Une montre comme celle-ci, c’est 50% de tradition et 50% de technique, explique  Patrick Affolter. Il a fallu faire une dizaine de prototypes, beaucoup de modèles en cire, afin de trouver le bon volume. Nous avons effectué de nombreux  essayages, sur des poignets différents, petits, moyens, grands. Tout est une  question d’équilibre. » 

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Le bracelet de galuchat, lui aussi, est tout en volupté. Fawaz Gruosi a choisi cette matière précieuse parce qu’elle possède un grain unique et une présence. Le bracelet a été entièrement fabriqué à la main, depuis la teinte de la matière, en passant par la coupe et jusqu’à la forme qu’on lui a donnée, tout en générosité. Les teintes du galuchat répondent aux couleurs des pierres, un peu comme un instrument répond à un orchestre pour donner un brillant concerto. Il fait partie intégrante de la montre bijou, créé pour elle, avec elle. Son profil s’arrondit afin de s’intégrer harmonieusement aux cornes, comme s’il passait sous la montre, comme un ruban. Belle illusion. Sa boucle déployante, en voie d’être brevetée, permet la mise à taille sans faire de trou dans le galuchat. L’extrémité du bracelet se glisse simplement dans la boucle et se retrouve maintenue par une plaque d’or ovale gravée du logo FG”. Une prouesse technique très pratique lorsque les températures varient et le tour des poignets aussi.

La Montre Joaillerie a été créée en même temps que la première collection de bijoux de Fawaz Gruosi. Avec ses formes douces, sa lunette en ellipse qui répond à la douceur des joyaux et évoque la forme des écrins, elle s’inscrit naturellement dans cette famille de joyaux voluptueux. 

La couronne n’est pas visible, afin de ne pas dénaturer la ligne épurée de la montre, elle a été intégrée dans le fond du boîtier. Rien n’arrête le regard qui se promène naturellement du cadran aux délicats anneaux d’or, en passant sur le bracelet, pour mieux revenir au centre, sur les aiguilles, qui donnent l’heure, mais est-ce l’essentiel ? N’a-t-on pas envie de l’oublier, ce temps qui passe, et laisser ses pensées vagabonder au gré des reflets de l’or et des pierres de couleurs. Et laisser s’écouler le temps du rêve...

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