Eska (re)fait surface
Disparue à la fin des années 1980, cette maison horlogère suisse fondée en 1918 s’offre une cure de jouvence grâce à deux passionnés. Ensemble, ils relancent le modèle Amphibian, une montre de plongée des années 1960.
Les renaissances de marques horlogères oubliées font souvent tiquer les toqués de beaux rouages et de montres vintage. Après Universal Genève récemment (qui va renaître de ses cendres sous le pavillon de la maison Breitling) ainsi que Le Forban, Jacques Bianchi, Vulcain ou encore Nivada Grenchen, c’est au tour d’Eska de se réveiller d’un profond sommeil. Eska ? Un nom qui ne vous dit probablement pas grand chose et pourtant.
Il faut remonter le cours de l’histoire. Nous sommes en 1918 à Granges, en Suisse. Un certain Sylvan Kocher fonde la maison horlogère S. Kocher & Co qui deviendra Eska, abréviation phonétique de son fondateur (SK). À l’image de nombreuses autres marques de montres de cette même époque, Eska va connaître une belle expansion et va se développer à travers le globe en distribuant des garde-temps jusque sur le continent américain pendant la première moitié du XXe siècle, notamment jusqu’au Brésil où Eska avaient diverses succursales. Elle s’est spécialisée dans la production de petites montres ainsi que dans la miniaturisation de mouvements. Eska s’est surtout distinguée par ses cadrans réalisés en émail cloisonné par l’artiste émailleuse Marguerite Koch, connue pour ses créations chez Patek Philippe, Rolex ou Vacheron Constantin. Après la Seconde Guerre mondiale, la manufacture va poursuivre son développement jusqu’à l’arrêt brutal et total de sa production en 1987.
Une montre Eska pour plonger dans 2024
Trente-sept ans après sa disparition, Eska réapparaît sous la houlette de deux collectionneurs et passionnés d’horlogerie : Sinicha Knezevic et Christophe Chevreton. Leur première création est disponible pendant un mois, jusqu’au 24 février 2024, sur la plate-forme Kickstarter (prix de lancement à 888 euros puis 1 250 euros) avant une nouvelle livraison de pièces prévue en juin prochain.
Cette nouvelle montre Eska, étanche à 250 mètres, est une plongeuse et s’inspire des montres de plongée de la marque des années 1960. Son nom ? L’Amphibian 250, héritière de l’Amphibian 600, une pièce étanche et amagnétique aujourd’hui introuvable puisque seulement deux exemplaires sont connus à travers le monde. Assemblée en France, à Besançon, l’Amphibian 250 va de toute évidence plaire aux puristes du genre avec son esthétique résolument rétro qui rappelle par ailleurs les premières montres de plongée modernes à l’instar des Blancpain Fifty Fathoms de 1953.
On retrouve une boîte en acier de 40 mm (contrairement à l’Amphibian 600 dotée d’un boîtier de 38 mm) complétée d’une lunette tournante unidirectionnelle dont la graduation est « à rebours ». Celle-ci interpelle par sa largueur et le reflet du disque saphir, sans oublier sa tranche dite « coin edge » qui reprend l’aspect d’une pièce de monnaie. Au centre, l’Amphibian 250 se pare d’un cadran affichant quatre points cardinaux surdimensionnés et dont la typographie rappelle la couleur du radium patiné de la plongeuse Eska des années 1960. On note par ailleurs la présence d’index « oversized », ce qui ajoute du relief et de la profondeur au cadran réalisé façon « sandwhich ». Animée par un calibre mécanique automatique (le NH 38 de chez Seiko ) offrant une quarantaine d’heures de réserve de marche, l’Amphibian 250 est livrée avec trois bracelets : un Tropic noir, un canvas de couleur sable et un Nato deux brins noirs.