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Qui se cache derrière la marque Egon ?

La toute jeune marque française est candidate au Festival de Hyères 2019. Rencontre avec ses deux fondateurs, Florentin Glémarec et Kevin Nompeix.
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L'un est styliste et mannequin signé chez M Management, l'autre est agent au sein de l'agence Success Models à Paris. S'ils ont chacun de leur côté leur carrière respective, c'est ensemble que Florentin Glémarec et Kevin Nompeix incarnent le duo créatif à la tête de la marque Egon. Lancé il y a plusieurs semaines, le label qui tient son nom de la ressemblance troublante entre Florentin et l'artiste Egon Schiele, dont les oeuvres inspirent les deux jeunes hommes, vient de dévoiler les premières pièces de sa collection nommée L'APPEL. Candidate au Festival de Hyères de cette année, la marque Egon joue sur des inspirations punks et historiques tout en faisant la part belle aux notions d'upcycling et de diversité pour proposer un vestiaire à la fois rebelle et structuré. Rencontre en aparté avec ses deux fondateurs, Kevin et Florentin.

Comment en êtes-vous arrivés à Egon ?

Kevin Nompeix : J'ai étudié la sémiologie à Bordeaux avant d'arriver à Paris pour travailler dans la mode et après quelques démarches je suis devenu agent de mannequins pour Success Models.

Florentin Glémarec : J'ai fait plusieurs années de dessin au Louvre avant d'intégrer l'Atelier Chardon Savard que j'ai arrêté après quelques mois car je travaillais déjà sur la marque Icosae avec mon frère Valentin. En parallèle j'ai signé dans une agence de mannequins ce qui m'a permis de faire pas mal de rencontres.

D'où la naissance de la marque ?

K : La rencontre a été un peu particulière parce que son frère avait déjà une marque et ils sont venus nous remercier chez Success car on avait participé à un de leurs projets. On a donc commencé à bien échanger (rires). Finalement on a décidé de se lancer parce que personnellement j'ai toujours eu cette envie de créer ma propre marque mais je voulais m'allier avec quelqu'un qui me complétait autant sur l'image et la communication que sur les parties créatives et la production. C'était le cas de Florentin qui en plus disposait de compétences techniques que je n'avais pas.

Comment fonctionne Egon ?

F : Egon n'a pas envie d'être juste une simple marque qui joue sur la manière de construire les vêtements. On souhaite créer un collectif créatif avec des graphiste pour faire du motion design et réaliser des visuels en 3D, des DJs pour créer un univers sonore car toutes les collections auront leur propre univers sonore, visuel et mode.

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Le trench inspiré de la toile de Jouy

Comment se passe le processus de création ?

F : On dessine à quatre mains, on fait des moodboards, on analyse des tissus.

K : On cherche vraiment de l'inspiration un peu partout. On fait beaucoup de sourcing et ensuite on dessine en réinterprétant les idées de l'autre et en mixant nos points de vue en intervenant sur les croquis de l'autre pour finalement obtenir une pièce qui nous intéresse tous les deux.

Pourquoi avoir nommé cette première collection L'APPEL ?

F : C'est un référence directe à l'appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle.

K : On voulait faire écho aux périodes assez sombres de l'Histoire en rendant hommage aux personnes qui se sont battues pour nous tout en lançant un appel aux jeunes générations pour leur dire qu'il est possible de créer une révolution artistique, d'avoir nos propres idées.

Cette vision s'incarne donc dans les pièces de votre collection.

F : Exactement. Le trench en toile de Jouy par exemple représente cette idée d'appel. On l'a appelé Grandville car l'histoire de la toile de Jouy est aussi un symbole de résistance car elle a survécu en Europe grâce à la contrebande. C'est un hommage à cette résistance en mixant cette idée à la technicité du tailoring.

Qui est l'homme Egon ?

K : Il se rapproche des symboles de révolution sociale comme le mouvement punk mais sans s'y identifier complètement car on réinterprète ce vestiaire pour explorer nos propres codes.

F : Mais si l'homme Egon devait être une figure connue ce serait David Bowie.

Les pièces sont assez mixes, est-ce que la notion d'unisexe était importante pour vous ?

K : Oui, aujourd'hui une femme peut porter un costume d'homme et un homme peut porter une pièce destinée à une femme. On ne veut pas que les gens se limitent à une vision unilatérale du vêtement.

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Les premiers visuels d'Egon

Parlez-moi de la capuche à lacet.

F : C'est une pièce importante de notre vestiaire car elle va devenir notre signature. On a vraiment envie de la décliner de toutes les manières possibles en changeant la couleur, l'imprimé, le motif. On veut qu'elle devienne reconnaissable et qu'elle soit l'emblème d'Egon.

Le casting est orienté vers la diversité. Là aussi le message était important pour vous ?

K : Oui, le fait d'utiliser des mannequins issus de la diversité était capital pour nous car on souhaite représenter cette notion de diversité et d'acceptation. La mode a ce pouvoir là aujourd'hui et il est temps de mettre en avant cette nouvelle vision, bien au-delà de notre seule industrie à nous.

Comment voyez-vous l'avenir pour Egon ?

K : En ce moment on travaille sur une collaboration de chaussures. Le but est vraiment de faire connaître la marque aussi à travers ces collaborations pour que les gens commencent à se questionner sur ce qu'est Egon, quel est notre message.

F : Oui, des collaborations pas seulement dans le secteur du vêtement mais aussi dans la musique et les arts visuels par exemple. Tout se passe par le bouche à oreille et les gens nous proposent de travailler avec eux ou on démarche nous même des créatifs.

K : Ensuite on aimerait développer une boutique en ligne et travailler avec des revendeurs.

F : Prendre un showroom, avoir un bureau de presse.

K : Mais c'est vrai que pour l'instant la priorité reste le Festival de Hyères. Les pièces dévoilées sont juste un teasing avant de dévoiler la collection complète. On doit attendre la réponse du jury du festival fin janvier.

F : Si c'est positif, alors il faudra attendre que le festival soit passé car ils ont l'exclusivité des collections présentées. Si c'est malheureusement négatif, on pourra passer à la vitesse supérieure dès février et progressivement développer la marque en lançant les premières pièces.

K : On croise les doigts.

egonlab.com
@egon_lab

Photographe Yves Mourtada.

Merci à Hugo Asensio.

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