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Virgil Abloh : "Pour ma génération, le skateboard relève d’un rite de passage"

A l’occasion du lancement mondial de « A View », sa première ligne de baskets dédiée à la florissante communauté skateboard, Louis Vuitton a fait collaborer Virgil Abloh avec son ami de longue date Lucien Clarke, la star des skaters pros britanniques. Interview croisée en exclusivité.
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L'Officiel : Rappelez-nous à quel point le Directeur Artistique de Louis Vuitton Homme que vous êtes aime le skateboard ? 

Virgil Abloh : Pour l’avoir pratiqué dès l’âge de 8 ans, cette discipline fait partie intrinsèque de mes gênes, et évoque pour moi un sentiment très fort d’appartenance. 

 

Quel est d’après vous le rôle sociétal de cette discipline, et son apport à l’univers de la mode ? 

V.A. : Pour ma génération, le skateboard relève d’un rite de passage. La forte culture qui en découle façonne la jeunesse, exactement comme la culture hip-hop l’a fait en son temps par la musique, la danse, le street art. Et à son tour, cette culture communautaire vient façonner le style, la mode. Il existe aujourd’hui une forte interconnexion entre les deux univers. 

Lucien Clarke : L’industrie de la mode n’a jamais cessé de vouloir mettre un pied dans la culture skate, mais s’est toujours débrouillée pour que ça ne ressemble à rien. Il ne suffit pas de considérer la communauté skate comme "cool", il faut la respecter, l’intégrer et connaitre les bonnes personnes. Je pense sincèrement que c’est la première fois que le travail s’est fait en toute légitimité. 

 

Comment vous êtes-vous tous les deux rencontrés ? 

V.A. : J’ai rencontré Lucien via la scène londonienne du skateboard, plus précisément par nos amis commun Lev Tanju et Gareth Skewis, dont les produits de la marque Palace Skateboards ont toujours ponctué mon dressing. 

L.C. : La première fois que l’on s’est vu, je devais avoir 13 ans. Un peu plus âgé que moi, il pratiquait le skateboard déjà depuis un moment déjà, en tout cas il a commencé avant moi ! 

 

En quoi l’expérience de chacun dans le domaine a-t-elle influencé votre collaboration pour Louis Vuitton ? 

V.A. : Lucien possède selon moi l’immense qualité d’être une personnalité transversale, et c’est ce qui rend notre collaboration pour Louis Vuitton unique. Sa pratique photographique et artistique, et cette exaltation particulière qu’il a su amener au skateboarding contemporain, ont fait de ce projet une évidence à ouvrir un nouveau chapitre pour la maison. Il est sans conteste une figure influente de sa génération, avec une expérience personnelle très riche, tant au niveau communautaire que créatif. 

L.C. : L’histoire de la culture skate n’a pas de secret pour Virgil, il la connait très bien. C’est important pour un tel projet de maitriser son sujet. Nous étions tous deux sur la même longueur d’onde, ce qui a rendu la discussion fluide et spontanée. Avec beaucoup de "C’est exactement là où je veux en venir" ! Nous parlons la même langue.

 

Comment avez-vous justement pu retranscrire ici cette légitimité ? 

L.C. : Virgil et moi-même avions ce projet en tête depuis deux ans. Après son premier défilé pour Louis Vuitton, j’en suis reparti pour Londres avec une veste blanche multi-poches que j’avais portée sur le podium. J’ai pris l’habitude de skater avec, j’ai fait un petit clip et je l’ai montré à Virgil. Il a beaucoup aimé l’idée, et c’est comme ça que le projet est né. 

Lucien Clarke, en action, et en Louis Vuitton

Comment s’est déroulé le développement créatif des "A View" ? 

L.C. : La procédure fut très précise. Le premier prototype nous plaisait visuellement mais n’était pas techniquement assez au point, on ne skatait pas bien avec. Nous avons travaillé et relancé des prototypes jusqu’à ce que l’on obtienne souplesse et résistance. 

 

Ce sont les deux conditions sine qua non d’une bonne chaussure de skateboard ? 

L.C. : Tout à fait. Avec l’esthétique bien sûr, car une bonne pratique du skateboard exige que l’on regarde ses pieds !

 

Au delà d’être skater professionnel, vous collaborez également avec Virgil Abloh à d’autres niveaux créatifs, lesquels ? 

L.C. : Cela fait un moment déjà que je m’intéresse à la photographie. Après avoir été photographié par quelques-uns des plus grands de leur génération pour le projet Palace Skateboards, Juergen Teller, Alasdair McLellan et David Sims, j’ai commencé à étudier plus sérieusement la discipline, et suis passé derrière l’appareil. 

 

Vous avez fondé la plateforme créative DCV’87, pouvez-vous la définir ? 

L.C. : J’ai créé DCV’87 il y a un an. DCV’87 pour "Dark Clarke Views" expose dans de petits livres et sur des vêtements les images que je rapporte de mes voyages. Ce n’est que le tout début et je n’ai pas de limites en tête. Le tout est en train de prendre forme comme une marque à part entière. 

 

Pourquoi ce nom « A View » ? 

V.A. : Parce que le projet autour de cette création donne un aperçu très novateur de ce qu’une maison historique comme Louis Vuitton peut faire à l’avenir. C’est "une vue" du futur. 

Lucien Clarke, off duty

Les A View sont disponibles en trois coloris (noir/orange, blanc/orange et bleu), à partir du 11 décembre 2020 dans 165 boutiques Louis Vuitton, au prix de 890€. 

 

 

 

 

 

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