Hommes

Duo gagnant : Kano et Joséphine de La Baume

À l’affiche de la nouvelle saison de l’extraordinaire série “Top Boy”, carton britannique, Kano, déjà rappeur superstar, à la présence d’acteur magnétique, et Joséphine de La Baume, musicienne accomplie et actrice délicate, nous ont parlé (chacun de leur côté, pour des raisons d’emploi du temps) de leurs rôles, projets et inspirations. On les découvre ici portant la nouvelle collection Uniqlo et Marni, qui sera disponible fin mai.

Joséphine de la Baume et Kano portent la collection issue de la collaboration Marni et Uniqlo, et une montre Royal Oak d'Audemars Piguet.
Joséphine de la Baume et Kano portent la collection issue de la collaboration Marni et Uniqlo, et une montre Royal Oak d'Audemars Piguet.

Photographie DAVID REISS

Stylisme JENNIFER EYMÈRE

L’OFFICIEL HOMMES : Joséphine, comment êtes-vous arrivée sur le projet ?

JOSÉPHINE DE LA BAUME : En passant des castings, avec le réalisateur et les producteurs masqués, pour cause de covid... Le directeur de casting de la série, Des Hamilton, est génial. À l’origine, le rôle était écrit pour une Anglaise, j’ai donné lemaximum pour surmonter cet obstacle.

L’OH : Était-ce simple de rejoindre un tel collectif d’acteurs-actrices ?

JDLB : En réalité, mon personnage est surtout en interaction avec celui de Kano, je n’ai pas tellement de scènes avec le reste du casting. Mais c’était forcément assez intimidant, l’équipe étant la même. Ceci dit, d’une part, tout le monde était chaleureux, dynamique, et d’autre part, c’était à une période où très peu de projets se faisaient, alors l’ambiance était à la joie et à la bonne humeur, au bonheur de travailler.

L’OH : Kano, qu’est-ce qui vous a inspiré à devenir musicien ?

KANO : J’ai toujours été un fan de rap. J’en ai toujours écouté. Notamment D Double E, qui est de Forest Gate, dans l’East London, pas très loin de là où j’ai grandi. Ce n’était pas comme écouter quelqu’un qui venait de Los Angeles, il y avait un sentiment de proximité, cela donnait de la confiance. Pour les paroles, je n’avais pas à chercher loin, ma vie quotidienneme donnait assez de matière.


L’OH
: Comment vous définiriez-vous ?

JDLB : Actrice et musicienne, à égalité. Ce sont deux vocations, et deux disciplines, puisqu’il en faut, qui m’intéressent tout autant. Je crois que le désir d’être comédienne est venu avant, car mes parents m’ont montré des films assez tôt. Je pense être surtout tombée amoureuse du cinéma, même si certaines actrices m’ont beaucoup inspirée, comme par exemple Gena Rowlands dans Unefemme sous influence de John Cassavettes, Emily Watson dans Breaking The Waves de Lars von Trier, Mia Farrow dans Rosemary’s Baby, Catherine Deneuve dans Répulsion, ces deux derniers films étant de Roman Polanski. Soit des portraits de femmes au bord de l’implosion. C’est un peu le thème de mon prochain album [à sortir en juin, ndlr] où les chansons seront des petites vignettes, des nouvelles sur des personnages en crise. La musique, c’était surtout pour passer du temps avec mon frère [Alexandre, avec quiJoséphine a monté les groupes SingTank et Film Noir], je n’imaginais pas en faire une profession.

K : La musique sera toujours dans mon cœur. Même si ce n’était pas ma carrière, mon métier, j’en ferais tout de même. Les paroles me viennent tout le temps, naturellement, sans même que j’y pense. Mais je respecte aussi le travail de comédien, c’est tout aussi excitant, et je veux progresser dans ce domaine. Donner de la puissance, du sens, de la vérité, un point de vue critique.


L’OH
: Joséphine, en quoi le projet Film Noir diffère-t-il de SingTank ?

JDLB : Avec Film Noir le son est plus rock, moins candide, moins pop. C’est plus à vif, avec une dimension cathartique, et je suis plus impliquée aussi dans l’écriture des mélodies

L’OH : Vous êtes bilingue, en quelle langue rêvez-vous ?

JDLB : J’ai passé presque la moitié de ma vie dans des pays anglo-saxons, et je parle plus en anglais qu’en français, les rêves me viennent plus naturellement en anglais.


L’OH
:Vous n’êtes jamais en panne d’inspiration ?

JDLB : Ça m’arrive rarement, je fais toujours dix trucs enmême temps. Je viens de finir le tournage, l’album va sortir,on prépare les clips, j’ai écrit un long-métrage avec la cinéaste Sylvie Verheyde, et aussi une série. Je suis du genre à lire deux livres en même temps, mais du coup, je mets longtemps à les finir! Je n’ai pas le temps de manquer d’inspiration.

K : J’essaie de créer quelque chose qui ait du sens. Je ne fais plus de la musique juste pour le principe d’en faire. Il faut qu’il y ait une motivation plus grande, un impact. Si je ne me sens pas inspiré, je ne le fais pas. J’essaie de me challenger, pour avoir l’impression que c’est un territoire neuf, pour redevenir une éponge, recommencer de zéro, continuer à apprendre, me mettre en danger – c’est ça qui me pousse à continuer.


L’OH
: Est-ce facile, sur un tournage, et qu’on est par ailleurs musicienne, et habituée à tout contrôler, de lâcher prise et d’accepter de n’être plus décisionnaire ?

JDLB : Non. Mais quand on décide de travailler ensemble, avec un réalisateur ou une réalisatrice, la confiance est essentielle.Sur un tournage, j’ai l’impression d’être dans une démarche collaborative, de créer le personnage avec le ou la cinéaste. Je me dis que si l’on s’est choisi, c’est que l’on se plaît.

K : Pour être honnête, pas tout le temps ! Mais quand c’est un travail collaboratif, je me sens à l’aise, c’est comme ça que je travaille quand je fais de la musique. Qu’il y ait des opinions divergentes, que l’on puisse faire entendre son point de vue passionnément, cela peut aussi être un bon environnement de travail en studio. C’est le cas sur Top Boy ,même si à la fin de la journée, une seule personne doit trancher.


L’OH
:Comment se sont passées vos scènes communes ?

K : C’était extra de bosser avec Joséphine. Elle a apporté une fraîcheur à la série. Mon personnage, au moment où ils se rencontrent, se terre dans son coin, se tient éloigné de tout le monde, et elle apparaît sans cesse dans son univers... Entre les scènes, on parlait beaucoup de musique, de la façon dont nous nous exprimons dans des territoires artistiques différents.

JDLB : Kano est un acteur consciencieux. Il arrive préparé et reste concentré toute la journée. C’est toujours agréable de jouer en face d’un bon acteur, et là j’avais en face de moi quelqu’un de doué. Il fait des propositions différentes et intéressantes à chaque prise, ce qui me pousse aussi à inventer, explorer. Et nous parlions beaucoup de musique entre les scènes...


L’OH
: Dans vos parcours, par qui avez-vous été le plusimpressionnés ?

JDLB : Bertrand Tavernier, avec qui j’ai tourné mon premier film, La Princesse de Montpensier. Il donnait l’impression de mettre en scène chaque élément de son film. Il avait une immense connaissance de l’histoire du cinéma, et la partageait généreusement. C’était un grand moment. Harvey Keitel aussi, rencontré sur le tournage de Madame, d’Amanda Sthers, Rowan Atkinson, aussi, connu sur Johnny English Reborn.Il est un peu comme Chaplin, Tati ou Jim Carrey, il est de ces acteurs qui créent un univers sans rien dire. Il est très méticuleux, il prépare tout. J’ai eu beaucoup de chance de voir comment ils travaillaient.

K : L’acteur Stephen Graham [exceptionnel comédien, vu dansThe Virtues, Time ou plus récemment The Chef,ndlr]. J’ai énormément de respect pour lui, j’ai eu la chance d’avoir des discussions passionnantes avec lui.


L’OH
: Quel est votre rapport avec la mode ?

JDLB : Il a changé. Adolescente, je m’habillais en fonction de ce que j’écoutais, du grunge, puis du hip-hop, puis du rock, et après j’ai tout mélangé ! Je ne suis pas tellement les tendances, je suis plutôt des designers, comme Simone Rocha, Dilara Findikoglu, Charlotte Knowles.

K : Celui de mon personnage est inexistant ! Je ne suis pas à proprement parler un fashionista, mais je suis attentif à ce que je porte. Cela va du sportswear au tayloring super chic, des costumes sur mesure. Dunhill vient de m’en faire un.

L’OH : Vous vous imaginez créer une ligne de vêtements, ou collaborer avec une marque ?

K : Peut-être, un jour, si l’occasion se présente, je pourrais l’envisager. J’aime explorer de nouveaux univers. Je viens de lancer ma marque de rhum, Duppy White. Cela a pris des années, ça fait partie de mon histoire familiale.


L’OH
: Pourquoi, à votre avis, Top Boy a rencontré autant de succès auprès d’un public aussi large ?

K : J’ai encore de mal à le réaliser et à le comprendre ! Au début nous avions l’impression de raconter une histoire très “niche”, concentrée sur un quartier de l’East London. Je pense que la série a ouvert les yeux de beaucoup de gens en Angleterre sur cette réalité. Et je crois que le public est sensible à l’authenticité. De la même façon que j’étais fan de The Wire [Sur écoute,ndlr], alors que je ne vis pas à Baltimore [où se déroule la série, ndlr], mais j’avais le sentiment qu’il y avait une dimension authentique qui captait mon attention.


L’OH
: Quel rapport avez-vous au travail ? Êtes-vous constamment en train de réfléchir à une chanson, un rôle, etc.?

K : Non, quand je ne travaille pas, je vis, c’est essentiel pour nourrir, justement, le travail à venir. Quand vous travaillez tout le temps, ou lorsque vous êtes en tournée, votre vie se passe beaucoup dans des chambres d’hôtels, ce qui ne présente aucun intérêt. J’accorde donc du temps à ma famille, je voyage...


L’OH
: Rêvez-vous de musique ?

K : Souvent. Parfois, je n’arrive pas à terminer un couplet, et la réponse me vient dans mon sommeil. À mon réveil, elle est là. Pareil pour les mélodies. Je me demande ce qui arrive dans ce moment si particulier...


L’OH
: Est-ce que votre rôle vous a donné des idées de chansons ?

K : Mon personnage a vécu tellement de choses qu’il aurait des chansons à écrire, il n’a personne à qui parler. Je pourrais très bien les écrire, sans forcément les publier, pour explorer ses pensées les plus profondes.


L’OH
: La série aborde des sujets très politiques. Pensez-vous que cela soit le rôle d’un artiste de s’engager ?

K : Elle montre la violence policière, une réalité sociologique brutale, l’homophobie, l’immigration. C’est simplementla réalité. Pour ce qui est de la responsabilité des artistes, j’ai toujours pensé que leur voix parle pour le peuple. En Jamaïque, le chanteur Bounty Killer parle de son pays, pour ses citoyens, tout en faisant de la musique populaire. J’aime quand les artistes se servent de leur art pour dire quelque chose, s’ils sont sincèrement convaincus. Personnellement, cela fait partie de ma démarche. Mais je ne crois pas que tou sles artistes doivent absolument le faire.

JDLB : Pas forcément. Un artiste qui a l’opportunité d’avoir une voix publique n’est pas obligé de s’impliquer. Et l’on peut aussi s’engager sans s’en vanter en public.

Top Boy est disponible sur Netflix.

kanomusic.com

un-plan-simple.com/fr/filmnoir

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