Qui a inventé le bleu de travail ?
Que faisiez-vous avant la mode ?
Avant de lancer ma marque, j’étais responsable des ventes pour une marque de prêt-à-porter. Pour satisfaire mes élans artistiques, je chantais dans un groupe de musique... J'ai toujours eu envie de créer quelque chose : à un moment, c’est devenu vital.
À vos débuts, pourquoi avoir choisi la combinaison parmi toutes les pièces qui composent le vestiaire féminin ?
La combinaison a un réel pouvoir. Une femme qui porte une combinaison en soirée a plus de charisme, elle devient magnétique. En jouant avec les codes du masculin-féminin, on peut évoquer le désir de façon suggestive.
La combinaison est-elle vraiment le "le plus vieux vêtement du monde" ?
Elle est l'ancêtre du sous-vêtement. Dans le passé, il existait des combinaisons-robes et des combinaisons-culottes. C'est en "coupant les jambes" de la combinaison que la culotte est née. Et puis, depuis le Moyen-Âge, tous les artisans l'ont un jour portée comme un vêtement de travail : des peintres, des agriculteurs, des menuisiers…
Justement, que vous inspire le bleu de travail et son implacable succès sur les podiums de l’automne ?
L’authenticité de l'artisanat a quelque chose de rare et de réel. Le bleu de travail sous toutes ses formes me procure une émotion, il m'inspire une sincérité. À une époque où tout va très vite, la combinaison devient une alliée, elle nous permet d'incarner un rôle précis à un instant précis.
Vous-même, vous ne sortez qu'en combinaison ?
Presque ! Mais je porte aussi des chemises d'homme, de longues jupes taille haute, beaucoup de blazers, de trench-coats et de capes. Je suis aussi attirée par les uniformes, les costumes traditionnels. En général, j'assortis toujours mon haut à mon bas.
Sur votre mood board, je trouve…
Des silhouettes de femmes très élégantes, chapeautées, dans les années 1930/1940... Des vêtements de la Marine marchande, des uniformes d'hôtesses de l’air, de pilotes... Je m'inspire, à l'envie, de Marlene Dietrich, de l’histoire du corset et des dessous, et de ces grandes capes médiévales qui couvraient la silhouette. Il y a aussi un tablier de cuisine sur mon mood board.
Vos créations sont 100% made in Paris. Est-ce une forme de manifeste ?
S'il est difficile à développer, le made in Paris est une vraie valeur ajoutée. Je travaille en partenariat étroit avec mes fabricants, pour pouvoir rebondir rapidement. Je développe également le sur-mesure. Cette proximité me permet d’adapter mes créations à tout type de morphologie.
Vos projets pour les jours, mois, années à venir ?
Je cherche un lieu où installer à la fois un showroom et une boutique. Mon idée est d'avoir une "maison" où accueillir tous mes clients et proches. Et puis je continue à créer des histoires. Une amie chanteuse a composé un titre sur ma collection été 2018, en me demandant les mots qui m’avaient inspirée. J'ai ainsi pu renouer avec la chanson.