L’O : Vous vous épanchez dans votre travail, notamment. Vous dites littéralement “Je dois vider mon sac”… Hiss a fait un carton et mérite sa première place au Billboard Hot 100. Vous vous doutiez qu’il aurait un tel impact ?
mts : Je ne m’imaginais absolument pas qu’il aurait cet effet ! Rien ne m’indiquait que ça se passerait comme ça. J’ai gardé mes sentiments pour moi pendant un bout de temps. J’avais l’impression d’être à terre et frappée par tout le monde. Ça m’a fait du bien d’être finalement capable de m’exprimer parce que j’étais dans un état où je me sentais si down que je ne voulais rien faire qui puisse troubler le peu de paix qu’il y avait. Je me disais Oh, Megan Thee Stallion, tout le monde te déteste, là. Pas un mot. Silence.
L’O : Vous aviez l’impression que tout le monde vous haïssait ?
mts : Oui. Je me sentais si mal, tous les jours. Ça a été très difficile de sortir de cet état. En fait, je n’ai pas besoin de me focaliser sur qui me déteste. Je devrais me concentrer sur l’amour que je reçois. C’est sur ce sujet que j’essaie de m’améliorer. Les choses ne seront jamais au top tout le temps. Si je dois recevoir des applaudissements, je dois aussi encaisser les huées.
L’O : C’est la spirale infernale, quand on a l’impression que tout le monde vous déteste. Pensez-vous que les rappeuses ont la pression pour toujours paraître gentilles, rester polies et mignonnes ?
mts : Oui, pour les rappeuses, il y a une ligne à ne pas franchir. On veut être Miss Bonne Humeur. On veut être aimée de tout le monde. On veut être la plus canon, la meilleure, mais on veut trouver la bonne manière de l’être. Il m’a fallu apprendre qu’il n’y a pas de bonne manière. Quoi que tu sois, sois ça. T’es folle, sois folle. T’es sympa, sois sympa. T’es méchante, sois méchante. T’es triste, sois triste. Sois ton toi authentique.
L’O : Votre nouvel album est-il plus féroce encore que Hiss ?
mts : Je ne sais même pas comment le décrire, franchement. Hiss, c’était juste le besoin de vider mon sac. Je n’ai pas fait une fixation sur la négativité dans mon album. Il y a plein de chansons différentes dessus parce que mes émotions ne se limitent pas à la colère ou à la tristesse, parce que j’ai évolué et que j’ai commencé à ressentir d’autres choses. Je me suis sentie vraiment heureuse. Vous trouverez des chansons sur le disque qui parlent de ces ressentis positifs. Il y a un petit peu de tout.
L’O : Le motif du serpent revient-il tout au long de l’album ?
mts : Ça va plus loin que le serpent. Le renouveau, une renaissance : c’est le concept de l’album. On est parti du serpent parce que, déjà, j’adore les serpents, mais je trouve aussi qu’ils sont victimes d’un malentendu, particulièrement dans la culture occidentale. Ils représentent la réincarnation, la spiritualité. Je ne suis pas quelqu’un de très Oh mon Dieu, le soleil et tout pétille, joie joie. J’aime les choses plus sombres. J’aime ce qui fait un peu peur. J’ai choisi le serpent parce que… c’est une sorte d’anti-héros.
L’O : Avez-vous joué avec différents genres dans cet album ? On vient de voir Beyoncé se lancer dans la country. La renaissance de Meg s’accompagne-t-elle de l’arrivée d’un nouveau son ?
mts : Je ne veux pas dire que je puise dans d’autres genres. Je puise dans d’autres sons. Mais c’est quand même toujours Megan Thee Stallion. À l’écoute, l’album ne représente pas un si grand virage. J’y suis reconnaissable. On se dira peut-être Tiens, je n’aurais jamais cru qu’elle rapperait sur ce genre de musique, mais ça sonne génial.