A l’occasion de l’inauguration de la Biennale de Venise (11 mai-24 novembre), nous nous sommes intéressés au travail réalisé en coulisse par les équipes de production artistique du Pavillon français – représenté, dans le cadre de cette 58e édition, par Laure Prouvost. Rencontre avec Renaud Sabari, directeur de l’agence Arter, et Martha Kirszenbaum, commissaire du Pavillon. 

Propos recueillis par Yamina Bena&iuml;

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L&rsquo;OFFICIEL ART : Dans le sillage de la r&eacute;cente pr&eacute;sentation au public du Pavillon fran&ccedil;ais dont votre agence, Arter, a assur&eacute; la production, quelles impressions demeurent ?

RENAUD SABARI : L&rsquo;enthousiasme et l&rsquo;&eacute;nergie qui &eacute;manent d&rsquo;un projet men&eacute; dans le cadre de la Biennale de Venise sont, en soi, incomparables et tenaces... J&rsquo;ai eu l&rsquo;opportunit&eacute; d&rsquo;y mener plusieurs projets, ceci d&egrave;s 2001, avec le Pavillon fran&ccedil;ais repr&eacute;sent&eacute;e cette ann&eacute;e-l&agrave; par Pierre Huyghe, jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;dition 2017, autour de Xavier Veilhan, pour ce m&ecirc;me Pavillon. A ce jour, nous avons travaill&eacute; sur sept &eacute;ditions de la Biennale de Venise, au sein de diff&eacute;rents Pavillons (France, Belgique...) ainsi que d&rsquo;autres projets hors les Giardini et l&rsquo;Arsenal. Il est vrai que cette ann&eacute;e, le Pavillon fran&ccedil;ais &eacute;tait annonc&eacute; comme l&rsquo;un des grands favoris, pour finalement ne pas &ecirc;tre distingu&eacute; par une r&eacute;compense officielle, mais en r&eacute;alit&eacute;, la v&eacute;ritable gratification est l&rsquo;immense plaisir que l&rsquo;ensemble des &eacute;quipes ont ressenti tout au long de l&rsquo;ann&eacute;e de travail pr&eacute;liminaire. Le partage, l&rsquo;entente intellectuelle, l&rsquo;entraide et le soutien mutuels ont pr&eacute;sid&eacute; &agrave; nos &eacute;changes avec l&rsquo;artiste, sa commissaire, les &ldquo;personnages&rdquo; du film et les techniciens. Nous avons veill&eacute; &agrave; travailler comme nous aimons le faire, &agrave; savoir avec une volont&eacute; de flexibilit&eacute; qui nous a permis d&rsquo;int&eacute;grer, chemin faisant, les modifications et am&eacute;nagements souhait&eacute;s par l&rsquo;artiste... Ceci jusqu&rsquo;&agrave; la veille de l&rsquo;inauguration. Je dirais qu&rsquo;une forme d&rsquo;euphorie collective nous a guid&eacute; et accompagn&eacute; durant toute la p&eacute;riode de pr&eacute;paration. Cet &eacute;lan commun est &agrave; mes yeux une belle r&eacute;compense. Je quitte l&agrave; mon prisme de producteur pour endosser celui de spectateur du Pavillon et j&rsquo;observe qu&rsquo;il est passionnant au plan artistique. Aussi bien dans le format du projet que dans la fa&ccedil;on dont Laure Prouvost a abord&eacute; cet exercice d&rsquo;exposition tout &agrave; fait particulier que constitue le fait d&rsquo;investir un Pavillon. Il a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; &agrave; son image, elle a constitu&eacute; autour d&rsquo;elle une sorte de vaste famille, dont les membres ont v&eacute;cu ensemble de fa&ccedil;on quasi fusionnelle le temps de mener &agrave; bien le projet. Tout y &eacute;tait int&eacute;gr&eacute;, le contenu et le contenant, les personnages du road trip du film, de m&ecirc;me que les personnes qui encadrent et rendent possible le projet. Finalement, c&rsquo;est une histoire totale. Cette histoire a commenc&eacute; il y a plus d&rsquo;un an, lorsque ma collaboratrice &ndash; qui a g&eacute;r&eacute; et dirig&eacute; la production de ce projet &ndash; et moi-m&ecirc;me sommes all&eacute;s &agrave; Anvers pour rencontrer Laure Prouvost. Nous avons &eacute;t&eacute; imm&eacute;diatement emport&eacute;s par la pr&eacute;sentation qui nous en a &eacute;t&eacute; faite et la personnalit&eacute; de l&rsquo;artiste.

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En dehors des cons&eacute;quences en termes de visibilit&eacute; internationale &ndash; donc de &ldquo;d&eacute;sirabilit&eacute;&rdquo; aupr&egrave;s des galeries, des mus&eacute;es, du march&eacute; &ndash; quels sont, selon vous, les enjeux pour un artiste repr&eacute;sentant un pays &agrave; la Biennale de Venise ?

A titre de producteur, je dirais qu&rsquo;une exposition telle que la Biennale est tr&egrave;s particuli&egrave;re en ce sens qu&rsquo;elle est &ldquo;hors cadre&rdquo;, non accompagn&eacute;e comme c&rsquo;est le cas dans une institution. Ce qui engendre une plus grande libert&eacute;, mais accro&icirc;t la prise de risque et les difficult&eacute;s, car l&rsquo;absence d&rsquo;infrastructure contraint les protagonistes du premier rang &ndash; &agrave; savoir l&rsquo;artiste, le commissaire, l&rsquo;&eacute;quipe qui l&rsquo;accompagne et le producteur &ndash; &agrave; construire seuls. Ce qui, je pense, induit un &eacute;tat de r&eacute;flexion et de processus artistique tout &agrave; fait particuliers. On est loin d&rsquo;un accrochage, il s&rsquo;agit ici d&rsquo;un exercice d&rsquo;exposition : on &eacute;crit une exposition, l&rsquo;exposition est une &oelig;uvre. L&rsquo;exposition n&rsquo;est pas uniquement le r&eacute;sultat final, mais l&rsquo;addition des diff&eacute;rents moments de l&rsquo;ann&eacute;e durant laquelle l&rsquo;artiste sculpte son exposition. A travers les &oelig;uvres qu&rsquo;il va produire et via la relation qu&rsquo;il va cr&eacute;er entre ces &oelig;uvres.

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Quel a &eacute;t&eacute; le r&ocirc;le d&rsquo;Arter&nbsp;au sein du projet du Pavillon fran&ccedil;ais ? 
 
La pr&eacute;sence du producteur &ndash; qui fait partie du premier cercle de l&rsquo;infrastructure &ndash; est essentielle, il est le bras arm&eacute;, celui qui &ldquo;fait&rdquo; concr&egrave;tement. Sa premi&egrave;re responsabilit&eacute; est de poser et structurer un cadre dans lequel va s&rsquo;inscrire le projet et tout l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me aff&eacute;rent. Or, ce cadre a ceci de particulier qu&rsquo;il doit &ecirc;tre en mesure d&rsquo;&eacute;voluer au gr&eacute; du projet de l&rsquo;artiste : ainsi, le projet cr&eacute;e son cadre, d&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;importance du trio artiste, commissaire, producteur. Concr&egrave;tement, notre r&ocirc;le est &ndash; en respect d&#39;un calendrier et d&#39;un budget &ndash; d&rsquo;accompagner le projet dans sa totalit&eacute; en posant ce cadre, tout en m&eacute;nageant le maximum de libert&eacute; &agrave; l&rsquo;artiste et au commissaire pour, du d&eacute;but &agrave; l&rsquo;extr&ecirc;me fin, permettre l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; tous les possibles. La responsabilit&eacute; du producteur est ainsi de faire aboutir le projet de l&rsquo;artiste en respectant son processus cr&eacute;atif, ses id&eacute;es remises en question tr&egrave;s r&eacute;guli&egrave;rement, soit accompagner, d&eacute;velopper, mettre en &oelig;uvre. En d&rsquo;autres termes, et pour reprendre des &eacute;changes avec Martha Kirszenbaum, notre r&ocirc;le, rejoignant ici celui du commissaire, est de prot&eacute;ger l&rsquo;artiste. Lui &eacute;pargner les nuisances d&rsquo;ordre pratique. Car la partie &ldquo;mat&eacute;rielle&rdquo; du projet &ndash; si l&rsquo;on doit l&rsquo;opposer &agrave; une partie immat&eacute;rielle qui rel&egrave;ve du commissaire &ndash;, est tr&egrave;s importante.

Laure Prouvost -film stills - 2019 Vidéo HD - 1.tiff

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MARTHA KIRSZENBAUM : Pour des raisons culturelles et politiques, chaque pays a une organisation sp&eacute;cifique. En France, le Pavillon est une &eacute;manation du minist&egrave;re des Affaires &eacute;trang&egrave;res et du minist&egrave;re de la Culture qui fournissent une partie du budget suivant un calendrier tardif, si bien que sans la pr&eacute;sence d&rsquo;Arter qui a fourni l&rsquo;avance de tr&eacute;sorerie, nous n&rsquo;aurions pas pu mener le projet. En effet, Laure Prouvost a &eacute;t&eacute; s&eacute;lectionn&eacute;e en mai 2018, mon r&ocirc;le de commissaire a &eacute;t&eacute; confirm&eacute; en juin, nous avons v&eacute;ritablement commenc&eacute; &agrave; travailler en septembre, et les budgets ont &eacute;t&eacute; d&eacute;livr&eacute;s &agrave; partir de 2019, or nous devions d&eacute;buter le tournage du film en novembre, ce qui a &eacute;t&eacute; le cas gr&acirc;ce aux fonds avanc&eacute;s par Arter. Ceci implique donc une organisation assez complexe. En outre, pour cette &eacute;dition, nous avons &eacute;galement b&eacute;n&eacute;fici&eacute; du g&eacute;n&eacute;reux soutien du Fonds Chanel pour le soutien des femmes dans les arts et la culture (Chanel Fund for Women in the Arts and Culture).

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Comment se sont d&eacute;roul&eacute;es les &eacute;tapes de recherche de fonds ?

RS : Elles se sont inscrites dans le cadre d&rsquo;un travail r&eacute;alis&eacute; par l&rsquo;&eacute;quipe, &agrave; savoir l&rsquo;artiste, le commissaire, le producteur, le galeriste, en l&rsquo;occurrence Nathalie Obadia. Cette derni&egrave;re a men&eacute; une action en profondeur, tout d&rsquo;abord en mettant &agrave; disposition du projet deux personnes de son &eacute;quipe, et en explorant son r&eacute;seau pour une recherche de ressources financi&egrave;res d&rsquo;une rare efficacit&eacute;.

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MK : Le fait d&rsquo;&ecirc;tre commissaire ind&eacute;pendante donc, de facto, de ne pas disposer d&rsquo;institution &agrave; laquelle m&rsquo;adosser a &eacute;t&eacute; un facteur &agrave; prendre en compte. En effet, un commissaire en poste peut &eacute;ventuellement mettre &agrave; contribution l&rsquo;&eacute;quipe du mus&eacute;e ou de l&rsquo;institution &agrave; laquelle il appartient, or pour Laure Prouvost et moi-m&ecirc;me il &eacute;tait n&eacute;cessaire de construire une &eacute;quipe avec l&rsquo;aide d&rsquo;un producteur. Il s&rsquo;est donc agi d&rsquo;un projet choral, port&eacute;e par un &eacute;lan et une volont&eacute; d&rsquo;ind&eacute;pendance. La libert&eacute; inh&eacute;rente au contexte humain et mat&eacute;riel du projet, si elle peut &ecirc;tre p&eacute;rilleuse, s&rsquo;est r&eacute;v&eacute;l&eacute;e fertile et vectrice d&rsquo;une &eacute;nergie qui, me semble-t-il, transpara&icirc;t dans le Pavillon, repens&eacute;, r&eacute;nov&eacute;. Ce dont nous ont largement fait part les nombreux visiteurs du Pavillon que nous avons rencontr&eacute;s lors de la semaine d&rsquo;ouverture de la Biennale. Ce travail collectif a b&eacute;n&eacute;fici&eacute; d&rsquo;une implication totale de l&rsquo;&eacute;quipe de Renaud Sabari chez Arter, cet engagement nous a permis de donner forme aux id&eacute;es de l&rsquo;artiste, au fur et &agrave; mesure de l&rsquo;&eacute;volution de sa r&eacute;flexion. En effet, le montage pr&eacute;alable a &eacute;t&eacute; tr&egrave;s complexe, il englobe la partie financi&egrave;re, administrative, la communication, la d&eacute;fense du projet, l&rsquo;&eacute;criture, la publication... Une fois &agrave; Venise, nous avons mont&eacute; le Pavillon en un mois, particuli&egrave;rement intense&hellip; Une temporalit&eacute; &agrave; l&rsquo;image des strates successives, aussi bien intellectuelles, dans le cheminement de la pens&eacute;e, que physiques avec les phases de gros &oelig;uvre : creusement de la cavit&eacute; souterraine, construction des salles lat&eacute;rales, mise en place des rev&ecirc;tements des sols. Laure Prouvost et moi-m&ecirc;me &eacute;tions sur place la journ&eacute;e, et la nuit les &eacute;quipes techniques, notamment celle d&eacute;di&eacute;e au son et &agrave; l&rsquo;audiovisuel, reprenaient quotidiennement les &eacute;l&eacute;ments sur lesquels nous avions r&eacute;fl&eacute;chi.

&ldquo;La pr&eacute;sence du producteur &ndash; qui fait partie du premier cercle de l&rsquo;infrastructure &ndash; est essentielle, il est le bras arm&eacute;, celui qui &ldquo;fait&rdquo; concr&egrave;tement. Sa premi&egrave;re responsabilit&eacute; est de poser et structurer un cadre dans lequel va s&rsquo;inscrire le projet et tout l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me aff&eacute;rent.&rdquo; RS

Laure Prouvost -film stills - 2019 Vidéo HD - 5.tiff

RS : Sur un projet de cette ampleur, le travail a &eacute;t&eacute; planifi&eacute; pour &ecirc;tre r&eacute;alis&eacute; tout au long du jour et de la nuit, ainsi le directeur technique d&rsquo;Arter assurait un relais sur 24 heures, et les entreprises que nous avons mandat&eacute;es pour &oelig;uvrer sur le projet ont &eacute;galement relev&eacute; le d&eacute;fi de cette pr&eacute;sence permanente. A cet &eacute;gard, il faudrait mentionner qu&rsquo;au cadre initial que nous avons &eacute;labor&eacute; ; notamment en respect de l&rsquo;op&eacute;rateur public fran&ccedil;ais &agrave; l&rsquo;initiative du projet ; s&rsquo;est adjoint un autre cadre &agrave; construire avec un relationnel local &ndash; Venise et la Biennale &ndash;, assorti de ses propres conditions et obligations. Autant de param&egrave;tres et de contraintes &agrave; int&eacute;grer imp&eacute;rativement dans le dispositif global du projet. Du fait de cette n&eacute;cessaire efficacit&eacute;, nous avons opt&eacute; pour une d&eacute;marche de travail &ldquo;&agrave; l&rsquo;am&eacute;ricaine&rdquo; : on pense, on partage, on d&eacute;cide, on fait. Cette d&eacute;marche en quatre temps a &eacute;t&eacute; le leitmotiv de nos &eacute;changes quotidiens avec Martha Kirszenbaum.

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Laure Prouvost est issue du syst&egrave;me anglo-saxon : elle a quitt&eacute; la France &agrave; l&rsquo;&acirc;ge de 17 ans pour s&rsquo;&eacute;tablir &agrave; Londres (o&ugrave; elle a suivi les cours de la Saint Martins School of Arts), puis &agrave; Anvers ; vous-m&ecirc;me avez v&eacute;cu et travaill&eacute; aux Etats-Unis, comment ce prisme anglo-saxon a-t-il impr&eacute;gn&eacute; le projet ?  
 
MK : Nous avons toutes deux une exp&eacute;rience de r&eacute;alisation d&rsquo;expositions sans soutien financier, si bien que la responsabilit&eacute; de &ldquo;faire&rdquo; avec tr&egrave;s peu de moyens a pleinement nourri l&rsquo;esprit de libert&eacute; qui a &eacute;t&eacute; le n&ocirc;tre dans ce projet dot&eacute;, lui, des financements ad&eacute;quats. Nous aurions pu ais&eacute;ment nous perdre dans cette libert&eacute;, mais nous l&rsquo;avons, je pense, pleinement mise &agrave; profit pour r&eacute;aliser dans un engagement personnel, physique, intellectuel plein et entier. L&rsquo;ensemble des &eacute;volutions &ndash; conceptuelles et techniques &ndash; qui ont &eacute;maill&eacute; le projet sont propres &agrave; la pratique de Laure Prouvost. C&rsquo;est une artiste qui travaille de mani&egrave;re tr&egrave;s intuitive, elle construit au fur et &agrave; mesure. Une partie de mon r&ocirc;le de commissaire d&rsquo;exposition a consist&eacute; &agrave; traduire ces caract&eacute;ristiques en termes pratiques aupr&egrave;s des institutionnels (Institut fran&ccedil;ais, minist&egrave;res concern&eacute;s) et de l&rsquo;&eacute;quipe de Renaud Sabari. Il a fallu, notamment, repenser les hi&eacute;rarchies d&rsquo;entr&eacute;e et de sortie des visiteurs &ndash; l&rsquo;entr&eacute;e du Pavillon se faisant par l&rsquo;arri&egrave;re du b&acirc;timent &ndash;, mettre en pratique l&rsquo;id&eacute;e de la pieuvre, du ventre mou... Nous avons ainsi souhait&eacute; travailler avec un architecte bas&eacute; &agrave; Berlin, Diogo Passarinho, qui est parvenu &agrave; traduire cela en plans 3D, ce qui a permis de mieux visualiser, de commander les mat&eacute;riaux... en d&rsquo;autres termes de planifier.

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RS : Sur cette base, nous avons mis en place les moyens techniques de l&rsquo;agence (studio, architectes...) afin de faciliter la visibilit&eacute; globale du projet, qui a commenc&eacute; &agrave; &ecirc;tre sculpt&eacute; depuis le premier jour, et qui s&rsquo;inscrit dans un processus continu, m&ecirc;me si le fond du projet &ndash; tel que l&rsquo;artiste en a eu l&rsquo;intuition &ndash;, n&rsquo;a pas &eacute;volu&eacute;. Martha Kirszenbaum a v&eacute;ritablement traduit aupr&egrave;s de nous les id&eacute;es de l&rsquo;artiste. A mes yeux, la production est &agrave; l&rsquo;image du projet, liquide. Elle m&rsquo;a &eacute;voqu&eacute; l&rsquo;une de mes plus belles et plus importantes exp&eacute;riences, la production du Pavillon fran&ccedil;ais en 2001 avec Pierre Huyghe. Si, en pr&egrave;s de vingt ans, les moyens de production et les techniques ont &eacute;volu&eacute; et offrent plus de facilit&eacute; et de souplesse, sur le fond demeurent les m&ecirc;mes pr&eacute;occupations de pouvoir jusqu&rsquo;au dernier moment retravailler les choses. Et ceci avec les m&ecirc;mes tensions et densit&eacute;s positives, g&eacute;n&eacute;r&eacute;es par le fait d&rsquo;&ecirc;tre ensemble et de vivre quelque chose de total. J&rsquo;ai le sentiment d&rsquo;avoir particip&eacute; &agrave; une performance. Ici, l&rsquo;envers du d&eacute;cor fait partie du d&eacute;cor.

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L&rsquo;exposition d&eacute;bute d&egrave;s les premiers &eacute;changes&hellip;  
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MK : La r&eacute;alit&eacute; d&eacute;passe la fiction, la vie est toujours plus forte que l&rsquo;art. C&rsquo;est quelque chose qui est tr&egrave;s important pour nous dans ce projet. Durant la p&eacute;riode du montage, il n&rsquo;y a plus eu de limites entre l&rsquo;art, la vie, le travail. C&rsquo;est avant tout une aventure humaine.

RS : Qui ne s&rsquo;ach&egrave;ve pas une fois la Pavillon mis en place... car une autre facette de notre travail de producteur consiste &agrave; envisager le futur du projet : penser de nouveaux cadres, accompagner, cr&eacute;er ces nouveaux cadres, institutionnels ou non, pour faire exister, circuler, r&eacute;inventer. Donner la possibilit&eacute; de poursuivre ce voyage, ces exp&eacute;riences, ces expositions.

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<a href="https://www.labiennale.org/en/art/2019" target="_blank">Biennale de Venise</a> 
du 11 mai au 25 novembre.&nbsp; 
<a href="https://www.arter.net/fr/" target="_blank">ARTER</a>&nbsp; 
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Laure Prouvost, film stills (2019) Vidéo HD Courtesy de l’artiste, Galerie Nathalie Obadia (Paris – Bruxelles), carlier | gebauer (Berlin) & Lisson Gallery (Londres – New York).

Photographies de plateau (2019) Tirages argentiques, Courtesy de Martha Kirszenbaum.

Laure Prouvost, Deep See Blue Surrounding You / Vois Ce Bleu Profond Te Fondre, Pavillon français à la 58e Biennale d’art de Venise, 2019. © Giacomo Cosua.

Biennale de Venise : les arcanes du Pavillon français

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