Babi Badalov, vagabond lettré
Rarement le parcours d’une vie et ses multiples chaos n’aura imprimé une œuvre avec autant d’expressive sincérité. Babi Badalov est né au cœur des montagnes Talych, dans un petit village d’Azerbaïdjan, alors rattaché à l’ex-URSS. Après une formation à l’école des Beaux-Arts de Bakou, il accomplit son service militaire près de Moscou. Il y connaîtra une première expérience “initiatique” du racisme et de la discrimination. Cette sinistre petite musique résonnera alors de façon récurrente aux oreilles de l’homme au crâne tatoué. Sa profonde altérité ne cessera de se rappeler à lui lorsqu’il sillonnera les pays dans lesquels il pense s’établir un temps et travailler. En Californie, il conçoit sa devise-étalon “I’m an Art-East”, titre éponyme de sa première exposition aux Etats-Unis. Vagabond passe-frontières, il explore les différentes langues de ses “pays de passage”. S’appropriant avec une inventivité unique l’intimité des mots et de leur champ sémantique, il érige un langage devenu matière première de sa pratique artistique. A l’issue de trois années de clandestinité en France, il obtient le statut de réfugié politique (2011). Pas de doute que la galerie Jérôme Poggi porte haut le vocabulaire badalovien.
“Babi Badalov : De More Cry Sea”
jusqu’au 27 mai à la galerie Jérôme Poggi
2, rue Beaubourg, 75004 Paris
du mardi au samedi, de 11h à 19h,
galeriepoggi.com