Pourquoi le Japon est votre ultime destination
À quoi sert de voyager quand on peut tranquillement, économiquement, regarder la terre entière défiler d’un seul coup d’œil sur Google Earth ? À quoi sert-il d’affronter les obstacles et corvées désormais de rigueur dès qu’il s’agit d’emprunter n’importe quel moyen de transport ? À quoi sert-il donc d’ignorer l’avertissement de Pascal: “Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre.” ?
Enfant, on songe plus volontiers à Jules Verne qu’à Blaise Pascal, et on s’endort la tête pleine des aventures de Michel Strogoff plutôt que des sévères observations du janséniste. C’est tout de même heureux. Films, romans, récits, peintures forment bien vite une toile sur laquelle déposer nos rêveries, et nous prend l’envie de vérifie si tel ou tel lieu ressemble à ce qu’on en a vu, lu, perçu, compris. Il nous arrive d’être déçu (ma foi, Alexandrie ne colle pas ce que Durrell nous avait fait croire), ou pas (la mélancolie de Trieste, eh bien, est exactement celle qu’exhale le roman de Svevo, “La Conscience de Zeno”). Il apparaît ainsi au fil des années qu’il y a toujours au moins une bonne raison de voyager : nostalgie, cuistrerie, noce, rupture, épuisement, fortune, travaux. On vous laisse compléter, aucune n’étant supérieure à une autre. Mettre le cap sur le Japon, tôt ou tard, plutôt tard que tôt, cela fait partie des aventures entreprises après long mijotage de l’imagination, et puis, ce n’est pas la porte à côté tout de même. Une fois survolée la Russie et la mer du Japon, nous y voici.
On ne tirerait aucun profit à tirer de sa mémoire le chapelet à clichés, ces prières des esprits las. Vous les connaissez : impassibilité mystérieuse, déférence à toute épreuve, raffinement fascinant. Ils seront parfois vérifiés. Mais c’est également pour les voir s’effriter qu’il faut renoncer à la tentation du voyage virtuel.
Les hôtels signés Hoshino Resorts, ponctuant un périple Tokyo-Kyoto-mont Fuji, offrent chacun un point de vue unique sur l’environnement.
Les mots peuvent peu pour convoquer fidèlement leur douceur enveloppante, la finesse du geste des cuisiniers, la délicatesse de chaque intention. Et encore moins, les pauvres, pour saisir la sidération, le ravissement, qui nous étreignent en découvrant le mont Fuji révélé par cette “aube aux doigts de rose” accompagnant les péripéties d’Ulysse. C’est pour cela qu’il faut voyager : parce que le verbe ne peut pas tout, pas toujours, et qu’il est bon d’éprouver le monde, du parfum du matin jusqu’à la texture du thon gras en passant par l’éblouissement devant la neige ou la douceur du kimono en sortant du bain.