Prix de Flore 2024 : la Rive Gauche tient son festival de Cannes
Cette année, les éditeurs et auteurs de la rive gauche se sont donnés rendez-vous au café de Flore pour célébrer Marc. Premier roman publié de Benjamin Stock aux éditions Rue Fromentin, il y narre la découverte par un start-upeur d’une conspiration mondiale d’extrême gauche qui voit dans l’œuvre de Marc Lévy un ensemble de sens cachés.
Inspiré du mouvement complotiste QAnon, l’ouvrage résonne d’autant plus particulièrement avec le résultat des élections présentielles américaines de 2024. Entre deux séances photo, l’auteur a bien voulu nous consacrer une interview au premier étage du café de Flore, plus paisible que le rez-de-chaussée où la fête bat son plein.
Benjamin Stock, verre de champagne à la main, nous raconte la place importante de la littérature dans sa vie. L’écriture est une activité qu’il mène en parallèle d’une vie classique de salarié dans une entreprise spécialisée dans les énergies vertes, après un diplôme d’une école de commerce et l’étude de la philosophie des sciences.
La littérature, avant la consécration obtenue avec le prix de Flore, n’était pour lui qu’un plaisir. Il paraphrase le philosophe Bertrand Russell quand on le questionne sur les raisons qui l’ont motivé à continuer à écrire malgré cinq premiers refus des éditeurs : « si vous écrivez et que vous n’êtes pas publié, il y a des chances que vous n’ayez pas de talent, donc continuez à écrire si ça vous fait plaisir ». « Et je suis heureux quand j’écris ! » nous dit-il.
L’ouvrage a pour principal objet le relativisme, « jusqu’où on peut aller quand on dit chacun sa vérité ». En effet, l’auteur défend l’idée qu’il n’y a qu’une seule vérité et critique, en creux, toutes les formes de complotisme. Quant à Marc Lévy, « il me fallait un symbole. Dans l’esprit des gens, l’auteur le plus connu, le plus vendu qui fait des romans de divertissement, c’est Marc Lévy » nous dit-il. L’auteur nous confie aussi avoir hésité avec Guillaume Musso ou encore les journaux pour enfants Astrapi.
Et quand il n’est pas en interview, tout le cénacle du café de Flore veut être photographié avec Benjamin Stock, sur le tapis rouge à l’entrée du café, au rez-de-chaussée, à l’étage…
Si la soirée était certes organisée en son honneur, la rive gauche fêtait aussi les trente ans du prix de Flore. Ainsi, le chanteur colombien Yuri Buenaventura est venu avec sa troupe interpréter ses tubes avant qu’un DJ ne prenne le relais. L’essayiste Charles Consigny se montre laudatif à l’égard de la soirée. Pour lui, pas de doute, c’est « la meilleure de Paris », grâce, notamment, à sa musique « géniale » qui va d’Edith Piaf à Kavinski. On y a aussi notamment croisé Sophie Calle, Amélie Nothomb ou encore Abnousse Shalmani.
L’écrivain Fréderic Begbeider est l’autre star du jour. Il ne quitte pas le dancefloor, d’autant qu’avant la remise du prix, il avait déjà salué dans Le Figaro Benjamin Stock comme le meilleur primo-romancier de la rentrée littéraire. Fréderic Begbeider est en effet l’un des fondateurs du prix littéraire, en 1994, avec Carole Chrétiennot. Et pour montrer qu’en trente ans, de nombreux grands noms sont passés par là, d’Amélie Nothomb à Virginie Despentes, les visages des anciens lauréats sont projetés au-dessus de l’escalier, en noir et blanc. Finalement, seul Marc Lévy manquait à l’appel.