Mr.Corman, la série la plus intriguante de l’été ?
Doucement mélancolique, émouvante, à l’humour poétique et fantaisiste, parfois maniérée, la série imaginée par l’acteur Joseph Gordon-Levitt est un ravissement bancal.
Il rêvait d’une grande carrière de musicien, il enseigne à des enfants; il rêvait du grand amour, il s’est évaporé; et sa seule compagnie est un camarade de lycée, qui vient d’emménager chez lui - autant par amitié que pour faire des économies. On peut donc dire que cela va moyennement bien pour Josh Corman. De plus en plus largué, terrassé par des bouffées d’anxiété - évoquant curieusement celles qui, au siècle dernier, donnait à Tony Soprano toute son humanité tourmentée -, il tente de redonner un sens à sa vie, entre sorties plus ou moins sabotées par son mal-être sans filtre, velléité de reprendre la musique, et gestion d’un quotidien pesant. La série oscille entre bouffées surréalistes, un peu boursouflées, esquisses délicates d’un portrait d’un homme entre deux âges, plus vraiment enfant et adulte malgré lui, récit d’un double deuil - d’une carrière gratifiante et d’un amour perdu - et percées comiques amères. Avec une certaine audace (ou inconscience), pour sa première création, l’acteur Joseph Gordon-Levitt joue sur le mélange des genres, les changements de registres, le bouleversement des tons. Comme il en va souvent ainsi, lorsqu’un créateur fait ce pari, son issue est incertaine : Mr.Corman (le personnage autant que la série) est trimballé entre moments de grâce pétillante, poésie scintillante et prosaïsme pesant, embarras maniéristes et malaise émouvant. Il a au moins le mérite, justement, de ne pas se satisfaire de la facilité rom-com que l’on redoutait et d’assumer sa singularité.
Une série créée par Joseph Gordon-Levitt. Avec Joseph Gordon-Levitt, Arturo Castro, Debra Winger, Bobby Hall a.k.a Logic et Juno Temple. Les deux premiers épisodes seront disponibles le 6 août sur https://www.apple.com/fr/tv/ Puis Un épisode chaque vendredi.
