Salade milanaise
Durant la semaine consacrée aux présentations de Haute Couture, le joaillier Pomellato recevait le Tout-Paris de la mode à l’ambassade italienne. Le but de cette soirée sous le signe du Spritz était de dévoiler la nouvelle égérie de la maison milanaise. Rue de Varenne, le suspens n’a pas duré très longtemps. Les invités acceuillis en personne par Son Excellence Giandomenico Magliano pouvaient admirer dès leur arrivée dans les scintillants salons de l’hôtel de Boisgelin, de vastes portraits qui s’étendaient du sol au plafond. Luxueusement mis en lumière, en noir et blanc, par le légendaire Peter Lindberg, ces portraits reproduisaient tous le célèbre sourire mutin de Chiara Ferragni. Les flashs crépitants des photographes nous indiquaient rapidement la présence de l’influenceuse : enceinte de huit mois, la star aux 12 millions de followers rayonnait dans sa tenue Saint Laurent.
Sabina Belli, CEO du joaillier italien, a tenu à présenter en personne - et à sa manière - le pourquoi du comment de cette nouvelle campagne. Il s’agissait, vous allez le voir, non pas d’un simple speech mais d’une véritable prise de parole. « Le nombre de femmes dirigeants d’entreprises progresse mais il reste bien bas. Moins de 5 % des grandes entreprises mondiales sont dirigées par une femme. Etant moi-même CEO, ce pourcentage me touche et m’interroge. Il me questionne sur la façon de diriger une entreprise et sur les messages qu’elle peut mettre en avant. Pomellato a été fondé en 1967, une période clé de l’histoire du féminisme. La scène créative milanaise, galvanisée par une nouvelle vague jubilatoire, était en effervescence : Pino Rabolini, le fondateur de Pomellato a souhaité dès la création de la maison émanciper les femmes des chaînes d’une joaillerie conventionnellement hiératique. C’est cette essence non conventionnelle, cette exaltation des femmes autonomes et indépendantes que j’ai voulu perpétuer avec la campagne Pomellato for Women ». Cette campagne qui met en scène, non pas des beautés stéréotypées, mais des personnalités accomplies : l’éditrice Esther Kremer, les sœurs Enrico, la marraine du design italien Rossana Orlandi, la collectionneuse d’art Audrey Bossuyt etc. Sabina Belli les appelle : « les vraies femmes ».
Chiara Ferragni rejoint désormais cette prestigieuse liste d’ambassadrices. Sabina Belli défend ce choix, à priori inattendu, avec conviction : « Chiara représente une nouvelle génération de femmes. A l’âge de 30 ans, cette jeune chef entreprise italienne est fondatrice et CEO d’une compagnie florissante. Une entreprise de mode opérant en ligne et dans le retail à travers le monde. Elle réussit chaque jour à envoyer des messages qui touches 12 millions de personnes ». Ce n’est donc pas l’influenceuse au physique avantageux que la CEO a salué mais l’entrepreneuse indépendante et déterminée. Faut-il souligner que ce glissement sémantique est totalement en phase avec le mouvement sociétal initié par l’affaire Weinstein. Il atteste que, pour une femme, le criterium de l’excellence n’est plus désormais d’être jeune et jolie mais de rêver son destin et de l’accomplir.