Chez cette artiste anglaise, d’adorables animaux font passer
de cinglants messages sur fond de couleurs pop et de typographies rétro. Un mélange de kitsch
et de nostalgie qui séduit aussi bien l’univers de l’art que celui de la mode.

Magda Archer a ses obsessions. Des couleurs, des mots, des morceaux de phrases inscrits sur des post-it qui tra&icirc;nent sur son bureau, parmi sa collection de jouets et de livres pour enfants.&nbsp;&ldquo;Je suis quelqu&rsquo;un de tr&egrave;s nostalgique&rdquo;, admet-elle. Une nostalgie doubl&eacute;e d&rsquo;une bonne dose de sarcasme. Ses peintures sont habit&eacute;es d&rsquo;une ribambelle d&rsquo;animaux qui rappellent les illustrations de la litt&eacute;rature jeunesse des ann&eacute;es 1950, associ&eacute;es &agrave; des couleurs p&eacute;tantes et &agrave;&nbsp;des messages qui frappent l&agrave; o&ugrave; &ccedil;a fait mal : &ldquo;I&rsquo;m gonna die lonely&rdquo; (je vais&nbsp;mourir seul); &ldquo;Why can&rsquo;t people be nice to each other anymore ?&rdquo; (pourquoi les&nbsp;gens ne peuvent-ils plus &ecirc;tre gentils les uns avec les autres?) ou &ldquo;I bet your mum works at McDonalds&rdquo; (je parie que ta m&egrave;re travaille chez McDonalds). Derri&egrave;re les images na&iuml;ves, les mots sont comiques et d&eacute;sabus&eacute;s, comme si un adolescent avait gribouill&eacute; sur ses souvenirs d&rsquo;enfance. Chez Magda&nbsp;Archer, le kitsch rencontre la pop culture et l&rsquo;humour made in Britain. Elle est&nbsp;mari&eacute;e au com&eacute;dien Harry Hill, un incontournable de la t&eacute;l&eacute;vision anglaise. Ensemble, ils ont publi&eacute;&nbsp;The Harry Hill Fun Book,&nbsp;dont un des collages a &eacute;t&eacute; pr&eacute;sent&eacute; &agrave; la Tate Modern, lors d&rsquo;une exposition d&eacute;di&eacute;e &agrave; Peter Blake, l&rsquo;un des p&egrave;res du pop art et une de ses idoles.

&nbsp;

Andy Warhol, Eduardo Paolozzi... ou Pierre Bonnard

Comme quoi l&rsquo;humour peut mener loin. R&eacute;cemment, le travail de Magda Archer a s&eacute;duit la cr&eacute;atrice Olympia Le-Tan, en charge de THE Marc Jacobs, la nouvelle ligne du cr&eacute;ateur am&eacute;ricain. En 2012, son adorable mouton sous- titr&eacute; &ldquo;My life is crap&rdquo; (ma vie, c&rsquo;est de la merde) avait d&eacute;j&agrave; attir&eacute; l&rsquo;&oelig;il de Rei Kawakubo, qui l&rsquo;avait imprim&eacute; sur les affiches de sa campagne Comme des&nbsp;Gar&ccedil;ons Shirt. L&rsquo;artiste touche &agrave; toutes les disciplines, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de photo-&nbsp;graphier ses vieilles peluches et d&rsquo;en faire un livre pour enfants en hommage &agrave; ses filles (Watch out, Arthur,&nbsp;paru en 2010 chez Harper Collins), d&rsquo;&eacute;crire des paroles pour son groupe d&rsquo;&eacute;lectro-pop The Cola Cubes, de customiser des vestes en jean ou de peindre des images sur des blousons en cuir. &ldquo;Je suis sentimentale, je m&rsquo;attache beaucoup aux v&ecirc;tements.&rdquo;&nbsp;Et quand on est sollicit&eacute; par Marc Jacobs, difficile de dire non.&nbsp;&ldquo;J&rsquo;ai senti que l&rsquo;&eacute;quipe ne voulait pas transformer mon travail original. Ils ont &eacute;t&eacute; tr&egrave;s respectueux, ils&nbsp;n&rsquo;ont pas tent&eacute; de nuancer quoi que ce soit. C&rsquo;est assez rare&rdquo;, se f&eacute;licite-t-elle.

Imprim&eacute;es sur une s&eacute;rie de T-shirts, de sweatshirts et d&rsquo;accessoires, ou tiss&eacute;s en intarsia (technique qui autorise des dessins par blocs de couleur) sur des pulls bleu et vert, ses illustrations ont tout pour s&eacute;duire un public&nbsp;adolescent. &Ccedil;a tombe bien ,ce sont eux qui l&rsquo;inspirent. &ldquo;J&rsquo;aime les enfants et leur mani&egrave;re de r&eacute;fl&eacute;chir,&nbsp;d&eacute;clare-t-elle, autant que j&rsquo;aime mes amis adultes qui ont gard&eacute; leur &acirc;me d&rsquo;enfant. Je me fais plaisir en peignant des choses qui font r&eacute;f&eacute;rence &agrave; mes souvenirs de jeunesse.&rdquo;&nbsp;Elle a grandi avec des parents designers, qui poss&eacute;daient peu et aimaient les lignes &eacute;pur&eacute;es. En r&eacute;action,&nbsp;elle s&rsquo;est prise d&rsquo;affection pour les teintes pop des emballages de jouets, des paquets de bonbons et des typographies r&eacute;tro. Une obsession pour l&rsquo;enfance qui ne l&rsquo;a jamais quitt&eacute;e, et s&rsquo;est &eacute;tendue aux petites choses de la vie de tous les jours.&nbsp;&ldquo;Les banalit&eacute;s du quotidien me fascinent autant qu&rsquo;elles me font rire&nbsp;ou qu&rsquo;elles me d&eacute;rangent. Et comme chacun le sait, ce sont elles qui cachent&nbsp;des v&eacute;rit&eacute;s plus importantes, pour peu qu&rsquo;on prenne la peine de s&rsquo;arr&ecirc;ter pour&nbsp;les observer. Je suis fascin&eacute;e par l&rsquo;ordinaire.&rdquo;

Une fascination que l&rsquo;on retrouve chez ses idoles, Peter Blake mais aussi Andy Warhol, Eduardo Paolozzi... ou Pierre Bonnard.&nbsp;&ldquo;Je [l&rsquo;ai] toujours beaucoup aim&eacute;. Ses peintures de sa femme dans la baignoire, de leur petit&nbsp;teckel... juste fantastique !&rdquo;&nbsp;Elle cite &eacute;galement les vieux films hollywoodiens, Shirley Temple, Doris Day,&nbsp;&ldquo;et tous les films avec Albert Finney, je l&rsquo;adore !&rdquo;&nbsp;Son pr&eacute;f&eacute;r&eacute; ?&nbsp;Voyage &agrave; deux,&nbsp;du r&eacute;alisateur Stanley Donen. Albert Finney y forme un couple avec Audrey Hepburn, ils prennent la route pour la C&ocirc;te d&rsquo;Azur et se rem&eacute;morent leurs voyages de jeunesse et les &eacute;v&eacute;nements qui ont transform&eacute; leurs vies.

Et lorsqu&rsquo;on parle de parcours, Magda Archer a des choses &agrave; dire. Elle a &eacute;tudi&eacute; six ans entre la Chelsea School of Art et le Royal College of Art de Londres, contribu&eacute; &agrave; une anthologie des Beatles sign&eacute;e Peter Quinnell, et travaill&eacute; dix ans avec un ami artiste, avec qui elle r&eacute;alisait de grandes pi&egrave;ces en 3D avec des objets chin&eacute;s &ccedil;&agrave; et l&agrave;.&nbsp;&ldquo;On fonctionnait bien en bin&ocirc;me, mais&nbsp;on avait chacun nos aspirations, et ce qui avait &eacute;t&eacute; une collaboration amusante&nbsp;pour des jeunes de 20 ans est devenu un cercle vicieux dont on ne pouvait pas sortir. Alors je suis retourn&eacute;e &agrave; la fac.&rdquo;&nbsp;Quelques cours de peinture et de c&eacute;ramique plus tard, sa carri&egrave;re &eacute;tait lanc&eacute;e.

Depuis, Magda Archer &eacute;volue entre les tubes de peinture, les post-it et sa collection de jouets dans son studio londonien, un &ldquo;bazar organis&eacute;&rdquo; dans lequel elle se sent bien.&nbsp;&ldquo;Je crois que je peins pour faire sortir les images qui&nbsp;bouillonnent dans mon esprit, pour penser &agrave; autre chose,&nbsp;conclut-elle.&nbsp;Parfoisje suis un peu fatigu&eacute;e, j&rsquo;ai besoin de calmer le rythme, de quitter mon studio et de sortir le chien pour me vider la t&ecirc;te, vous voyez ?&rdquo;

J225_156.jpg

Dans le petit monde de Magda Archer

L'Officiel Paris - Issue 1064 - Jackson Wang

L'Officiel Paris - Issue 1064 - Natalie Portman

L'Officiel Hommes - Printemps 2024  n. 77 Mars - Zayn Malik Cover

La Revue des Montres n°270

La Revue des Montres n°269

La Revue des Montres n°268

L'Officiel Paris - Issue 1063 - Souheila Yacoub

L'Officiel Paris - Issue 1063 - Dakota Johnson Cover

L'Officiel Paris - Winter 2023  n. 1062 Décembre - Adrian Cheng Cover

L'Officiel Paris - Winter 2023  n. 1062 Décembre - Charles Leclerc Cover

Dans le petit monde de Magda Archer

Recommandé pour vous

Shopping

Challengers : notre sélection mode pour un look à la Tashi Duncan

Beauté

Nail art : les meilleurs inspirations manucures de l'été sont ici !

Be Well

Les soins pour faire peau neuve au printemps

Hommes

12 anecdotes à connaître sur la star de K-Pop Jackson Wang

People

Julia Roberts et George Clooney révèlent pourquoi ils ne sont jamais sortis ensemble

Femmes

8 tendances de maillots de bain qui seront partout cet été 2024

French Riviera

Découvrez Modulor, la première collection d'Ora Ito pour Eric Bompard

French Riviera

À ne pas manquer : “Le Modulor du basketball” de Daniel Arsham, au MAMO