Naomi Campbell fait l'objet d'une exposition au V&A Museum de Londres
Le Victoria & Albert Museum célèbre l’ascension du top-modèle à travers une exposition qui explore sa carrière, de ses collaborations créatives à son activisme en passant par son impact culturel.
Naomi Elaine Campbell est née le 22 mai 1970 à Londres. Depuis l’âge de 7 ans elle occupe le devant de la scène. Cela commence par le clip de Bob Marley en 1978, Is This Love : la petite fille que le chanteur recouvre d’une couverture rose, c’est elle. Mais c’est sa rencontre avec la bookeuse Beth Boldt à l’âge de 15 ans qui changera sa vie. Réalisée avec le top-modèle, l’exposition “Naomi in Fashion” au Victoria & Albert Museum met en avant une sélection de vêtements portés à des moments clés de sa carrière et liés à des personnalités phares qui ont jalonné son parcours et forgé son âme.
Azzedine Alaïa, le père de substitution
Avec cette robe blanche de la collection printemps-été 1990 (voir page suivante), Naomi Campbell met en avant son affection pour le couturier. Elle n’a alors que 16 ans quand elle le rencontre et, très vite, elle s’installe dans la mansarde au-dessus de chez lui, dans le Marais. Elle y côtoie la rédactrice Carlyne Cerf de Duzeele, la galeriste Carla Sozzani, les artistes Julian Schnabel, Francesco Clemente, Enzo Cucchi, Sandro Chia, l’acteur Robert de Niro avec qui elle aura une histoire, l’autre muse d’Azzedine, Farida Khelfa... Il l’a fait défiler, la couvre d’attention comme un père avec sa fille. Elle l’appelle “Papa”.
Gianni Versace, le parrain des supermodèles
Linda Evangelista, Christy Turlington, Claudia Schiffer, Cindy Crawford, Tatjana Patitz et Naomi Campbell se font appeler les Big Six. Tout fan de mode gardera à jamais en mémoire la couverture du Vogue anglais de janvier 1990 shootée par Peter Lindbergh les réunissant, puis le clip Freedom de George Michael, et enfin le show Versace qui les a fait défiler sur le play-back du titre mythique. Entre le couturier et Naomi naîtra une grande amitié. Empreint de caractère, la femme Versace est à l’image du mannequin et de cette robe brodée du visage de Marilyn Monroe à la façon des portraits de Warhol, issue de la collection printemps-été 1991 intitulée Pop Art.
Thierry Mugler, le couturier révolutionnaire
Il a été le premier, en 1984, à imaginer un défilé comme un spectacle pour fêter les 10 ans de sa marque. Tout y est magistral, du nombre de modèles, environ 250, au nombre de spectateurs, pas loin de 6000, car oui il a décidé d’ouvrir la mode au public, loin des salons privés parisiens. Avec lui, tout est fou. Il transforme la femme en coquillage, en robot gynoïde ou en automobile sublimement cabossée à l’image de ce bustier de la collection Roulée comme une Buick, automne-hiver 1989 porté par Mademoiselle Campbell.
Vivienne Westwood, l’activiste de la mode
Le 17 mars 1993, la créatrice britannique Vivienne Westwood défile pour la première fois à Paris avec une collection où le tartan est roi. Rien de mieux pour défendre les couleurs et l’artisanat de son pays adoré que de faire défiler les supermodèles. Toute la presse est au rendez-vous pour assister au show Anglomania. Portant une paire de chaussures à plateforme extrêmement haute, Naomi tombe en éclatant de rire. Le mannequin reviendra sur cet évènement sur Instagram citant Nelson Mandela : “Ne me jugez pas par mes succès, jugez-moi par le nombre de fois où je suis tombée et me suis relevée.”
Virgil Abloh, le visionnaire
En novembre 2021, Naomi Campbell confiait au Telegram : “ll avait un rayonnement qui dépassait largement le cadre de la mode. Il travaillait avec l’ancien secrétaire d’État à l’éducation des États-Unis sur des programmes éducatifs pour les enfants. Il était fier de défendre les jeunes créateurs noirs tels que Samuel Ross et Heron Preston, et les soutenait. Il prenait beaucoup de plaisir à voir les autres réussir ; il ne lui suffisait pas de gravir les échelons, il voulait que d’autres le suivent. Il a accompli plus en peu de temps dans l’industrie de la mode que certaines personnes pendant des décennies. Que l’on aime ou non ce qu’il a produit, on doit respecter le fait qu’il soit allé aussi loin. Aucun autre homme noir dans l’histoire de la mode n’a réussi à faire ce qu’il a fait. Virgil était un pionnier, il a posé des fondations. J’ai hâte de voir où elles nous mèneront.”
Pierpaolo Piccioli, le roi de l’élégance
Nommé directeur artistique en juillet 2016 de la maison Valentino (il a quitté ses fonctions en mars dernier), Pierpaolo Piccioli a partagé avec Naomi ses plus belles collections et ses plus belles apparitions sur tapis rouge. On se souviendra longtemps de la montée des marches au gala du MET en 2019 dans une sublime robe fuchsia et un collant en dentelle du même ton, ou de la 76e édition du Festival de Cannes avec une robe cut out rouge et rose.
Edward Enninful, le BFF
Sous l’œil affûté de son ami de longue date, l’exposition dévoile une sélection de photos montrant l’alchimie unique entre Naomi et l’objectif. Des images signées Steven Meisel, Arthur Elgort, Patrick Demarchelier et David Bailey. À la tête du Vogue anglais jusqu’en 2023, Edward a fait de Naomi et Kate Moss ses Contribution Editors défendant une vision plus inclusive de la mode.
