11 artistes revisitent le sac “Lady” de Dior
Onze artistes, une seule contrainte : le sac “Lady” de Dior. Conçu en 1994 dans les ateliers de l’avenue Montaigne, le porté-main damassé se fait un nom au bras de la princesse Lady Diana, qui le balade aux quatre coins du monde. L’histoire fera le reste, et c’est cette même légende que les artistes conviés dans le cadre du projet “Dior Lady Art” cultivent chacun à leur manière. Un premier round, en 2016, passé avec succès, la maison pilotée par Maria Grazia Chiuri récidivait dès l’année suivante avec un panel d’artistes élargi à dix grands noms, toutes étiquettes et toutes générations confondues. Parmi eux ? La plasticienne coréenne Lee Bul, remodelant la silhouette du “Lady” au moyen d’éclats de miroirs brisés, une douzaine au total, et qui rempile d’ailleurs pour la troisième édition de la saga. Ce volet “Lady Art #3” 100 % féminin est sans doute celui qui reflète au mieux la démarche de Maria Grazia Chiuri, celle d’une esthète aux prétentions féministes. États-Unis, Chine, Japon, Colombie..., la dimension internationale perdure, comme la multiplicité des talents sélectionnés. Parmi les onze artistes, certaines s’affilient à l’installation/ sculpture plastique ou vidéo, d’autres à la photographie, la peinture... même si l’art d’aujourd’hui ne justifie plus de telles frontières canoniques. Ainsi, la Française Morgane Tschiember se réclame d’une sculpture stimulée par le matériau organique autant que par le digital : “Je produis une œuvre ouverte, qui cherche dans toutes les directions, pousse comme une plante ou une construction, sauvage et déterminée à la fois à tout essayer, le possible comme l’impossible.” Sa vision et sa version du it-bag sont le fruit de cette démarche, tout comme les autres collaborations prouvent que l’art est l’ami intime de la dualité Le “Lady” d’Isabelle Cornaro – artiste de la galerie parisienne Balice Hertling – évoque “la vie quotidienne et l’industrie, mais aussi les émotions et les souvenirs” au moyen de chaînes moulées mais aussi de charms et autres objets domestiques, celui de Burçak Bingöl renvoie aux cultures d’Orient et d’Occident sur fond de paysages réels ou imagés, et un même dialogue s’exprime dans les réalisations de Pae White, Li Shurui, Mic- kalene Thomas...
En remontant le fil, on trouve à l’origine du “Lady” de l’Américaine Polly Apfel- baum ses séries Atomic Mystic, Cosmic ou Landscape, brossées d’après de fascinants constats sur la diffraction de la lumière. Car tout accessoire est le fruit longuement mûri d’un processus entamé par une œuvre plastique et adapté ensuite au cahier des charges du maroquinier, dans cette optique de “traduction d’un langage vers un autre” valorisé par la marque dès les débuts du projet. Comme Christian Dior, en son temps, passait d’une corolle de fleur à une robe haute couture.