Range Rover s'apprête à dévoiler un modèle tout électrique
Dans une industrie en pleine transformation, Range Rover se plie aux nouvelles exigences de ses clients avec l’arrivée d’un modèle tout électrique. Un bon prétexte pour échanger avec Géraldine Ingham, Global Managing Director de Jaguar Land Rover.
L’OFFICIEL : Vous venez de dévoiler le tout premier Range Rover électrique, que l’on pourra précommander dans les prochains mois. Est-ce une promesse de durabilité de la part de Land Rover ?
Géraldine Ingham : Tout à fait. Nous nous sommes engagés à devenir “zéro carbone” d’ici 2039, et chaque modèle de l’entreprise aura sa version électrique d’ici 2030. Nous sommes ravis de pou- voir donner le choix à nos clients, d’ailleurs 40000 d’entre eux ont déjà manifesté leur intérêt de passer à l’électrique. Cette transition me passionne, et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai rejoint la maison il y a un an et demi.
L’O : Avez-vous toujours été passionnée par les voitures ?
GI : Les voitures, je ne sais pas, mais l’industrie automobile en elle-même, oui. Concevoir une voiture, décider de son prix, son positionnement, la commercialiser, imaginer son lancement... Tout cela est très intéressant, mais la voir rouler dans la rue pour la première fois, c’est vraiment valorisant. C’est ça qui me rend très fière.
L’O : Observez-vous des changements dernièrement concernant les goûts des femmes en matière de voitures ?
GI : Aujourd’hui, les femmes achètent elles-mêmes leur voiture, ou alors elles influencent le choix d’une voiture. Comme les hommes, elles recherchent la prestance, le statut, le confort et la sécurité. L’esthétique joue un rôle très important, c’est d’ailleurs souvent la première raison d’achat.
L’O : Trouvez-vous des codes communs à l'univers de la mode ?
GI : Il y a forcément des parallèles à faire. On ne vend pas beaucoup de voitures : nous faisons des produits très désirables, en édition limitée, dont certains ne sortent qu’en 10 exemplaires et deviennent des collectors. Ce système peut rappeler celui de l’industrie de la mode. Et puis il y a aussi l’aspect du sur-mesure, puisque nos voitures sont personnalisables, comme on le ferait pour une robe haute couture.
L’O : Quelle est votre relation avec la mode de manière générale ?
GI : Pour moi, elle se crée surtout à travers les publications. J’adore regarder les photographies de mode des magazines et celles des grandes maisons françaises. Étudiante, j’ai fait un stage d’été chez Chanel, à Paris, rue Cambon. J’en garde un très bon souvenir.
L’O : Pensez-vous que les tendances de mode peuvent influencer le design d'une voiture, sa couleur et ses matières ?
GI : Je pense qu’elles peuvent influer sur la manière dont on va commercialiser nos voitures, sur le marketing, les partenariats, les événements qui en découlent. Le design d’une Range Rover est assez particulier, il n’y a rien de superflu. On appelle ça le “reductionist design”.
L’O : Donc, imaginer une collaboration avec une maison de couture n’est pas dans vos projets ?
GI : Pas pour l’instant, mais ce serait quelque chose de très intéressant à explorer.
L’O : Vous êtes une femme dans une industrie automobile très masculine. Avez-vous rencontré des difficultés au quotidien ?
GI : Je n’ai jamais ressenti quelque chose de négatif à mon égard, et je n’ai aucune histoire terrible à vous raconter, mais il est vrai que je me suis sentie parfois un peu seule. Surtout en début de carrière, quand vous vous retrouvez à donner votre point de vue en réunion face à une vingtaine d’hommes. Mais j’ai, heureusement, croisé quelques femmes dans mon parcours qui m’ont servi de modèles.
L’O : Est-ce que l ’on vous a prise au sérieux ?
GI : En fait, j’ai compris que l’âge importait plus que le sexe. Quand on démarre, on est forcément jeune, donc que l’on soit un homme ou une femme, peu importe, on paraît moins crédible. Quant aux comportements envers les femmes en général, ils ont beaucoup évolué. Aujourd’hui, il y a bien plus de diversité que quand j’ai démarré ma carrière, l’industrie est plus accueillante.
L’O : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes aspirant à des postes de direction dans l'industrie automobile ?
GI : Il faut avoir confiance en soi, travailler dur, et avoir la “work ethic”. Prendre des risques, aussi, tenter de faire des choses différentes. Pour toute carrière, ce n’est pas facile. Dans l’automobile, il y a plein de métiers différents, il faut les essayer pour trouver sa passion. La persistance, l’authenticité et l’empathie sont également indispensables. Aujourd’hui, les femmes ne sont plus obligées de changer leur personnalité pour réussir.