Hommes

Sebastian Croft parle de "Heartstopper" et de ses projets à venir

L’acteur Sebastien Croft nous parle de ce qui l’inspire, de ses projets à venir, et de sa façon d’interpréter le rôle complexe d’un méchant dans le très populaire “Heartstopper”.

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Photographie de Joseph Sinclair

Stylisme par James Yardley

Depuis sa sortie sur Netflix en avril, Heartstopper, l’adaptation du webcomic d’Alice Oseman, est devenu un phénomène culturel. Avec la pluie de louanges qui a accueilli cette série pour son portrait positif de l’adolescence LGBTQ+, ce sont la célébrité et les fan-clubs qui ont fondu sur ses jeunes acteurs. Bien que son personnage, Ben Hope, en soit un peu le méchant, l’honnêteté de l’interprétation de Sebastian Croft lui a valu une légion de fans et l’approbation des critiques.

Sebastian Croft dans un pantalon à fines rayures sur fond blanc.
Veste et pantalon S.S. DALEY Boots CHRISTIAN LOUBOUTIN Bagues SHAUN LEANE JEWELRY

L’OFFICIEL HOMMES : Quel est votre genre préféré, celui dans lequel vous aimez le plus jouer?
SEBASTIAN CROFT : J’adore les mondes excentriques, plus grands que nature. De l’Alice au Pays des merveilles de Tim Burton à Moulin Rouge et même The Hunger Games. Plus l’univers est intéressant et décalé, mieux c’est. (Aussi, Helena Bonham Carter m’obsède – son style, son jeu, ses choix artistiques; je la trouve tout simplement géniale.) Je n’ai assez d’expérience pour avoir un genre préféré, mais je trouverais assez marrant de tourner dans une dystopie.

L’OH : Pourquoi est-il important aujourd’hui de faire une série comme Heartstopper ?
SC : Elle met en scène de jeunes ados innocents queer qui tom- bent amoureux. C’est positif et léger, comme doit l’être un premier amour, même si son optimisme est loin d’avoir été le sentiment dominant qu’ont connu beaucoup de jeunes LGBT durant leurs années lycée. Pour moi, Heartstopper est une bouffée d’air frais. Ce n’est pas ultra-sexualisé, ça ne parle pas de gens qui meurent ; juste de l’amour sous toutes ses formes. Cette série a bouleversé la vie de certaines personnes, et je peux vous le dire en toute certitude, parce qu’elle a changé la mienne. Elle nous rappelle quelque chose qu’on n’entend pas si souvent – que nous sommes tous dignes d’amour. On mérite de s’aimer et d’aimer les autres. C’est un beau sentiment qu’on devrait davantage célébrer. Elle a aussi donné naissance à une famille, ce ne sont pas que des fans de la série. Quand on a l’im- pression que le monde avance à reculons, il n’y a qu’à regarder ces millions de gens qui apprécient les amours queer de Heartstopper, et ça nous rappelle qu’aucun d’entre nous n’est tout seul.

Sebastian Croft dans un blazer marron, un pantalon à imprimé géométrique, assis sur un fond blanc.
Veste, chemise, pantalon et chaussures VALENTINO

L’OH : Vous vous sentez investi d ’une responsabilité quand vous incarnez un méchant tel que Ben Hope ?
SC : Oui. Je pense que chaque fois qu’on joue un personnage aimé ou, dans ce cas, détesté du public, on a une responsabilité parce qu’on veut lui faire honneur, ainsi qu’au scénario. Dans ce cas, je me suis appliqué à être vraiment vulnérable et sincère dans mon inter- prétation de Ben. C’était effrayant parfois, notamment pendant la scène de l’agression sexuelle, parce que c’était très réaliste. Mais ce sens de la responsabilité m’aiguillonne, ajoute à l’exploration créative, parce que c’est une occasion d’établir une connexion avec les gens. Les fans ont tout de suite été réceptifs à mon casting, très accueillants, alors quand le tournage a commencé, j’étais très con- tent de me plonger dans l’univers de Heartstopper et d’y accomplir quelque chose qui leur parle. L’implication d’Alice Oseman était précieuse. Alice nous laisse nous approprier les personnages. Ben n’est pas très présent dans la BD, j’ai bien aimé l’étoffer un peu, explorer sa personnalité, savoir quels sont les pans de son histoire qu’on ne voit pas. Il commet des actes impardonnables, mais je vois aussi un gamin qui souffre, qui a peur de qui il pourrait être, et j’espère que les gens peuvent compatir à ça.

L’OH : Avec qui aimeriez-vous travailler?
SC : Greta Gerwig. Ça a l’air évident alors que Barbie est en train de conquérir le monde avant même sa sortie, mais je la trouve tout simplement fantastique dans Frances Ha, et Lady Bird et sa version des Filles du docteur March sont deux de mes films préférés. Ce serait génial d’apprendre d’un maître, mais je suis encore plus enthousiasmé par la nouvelle génération de cinéastes. La plupart de mes acteurs favoris travaillent avec des réalisateurs qui font régulièrement appel à eux, et avec qui ils progressent. J’adorerais construire cette relation de confiance avec quelqu’un au fil de projets différents.

L’OH : Comment décririez-vous votre style?

SC : En chantier.

Sebastian Croft dans un gilet marron et blanc, une chemise à manches longues bleue, un pantalon noir, sur fond blanc.
Gilet, chemise, pantalon et chaussures MAISON MARGIELA Bagues SHAUN LEANE JEWELRY

L’OH : Vous approchez la mode d’une manière espiègle, expérimentale. Comment avez-vous développé ça?
SC : Je crois qu’à un moment j’ai arrêté de me soucier de ce que pensaient les gens et j’ai commencé à porter ce qui me rendait heu- reux. J’ai tourné un film en Italie pendant six mois quand j’avais 15 ans, j’y ai rencontré certains de mes meilleurs amis. C’était une expérience incroyable, on explorait l’Italie le jour et on jouait aux cartes toute la nuit. Entouré de ces gens géniaux, à dîner tard le soir, à porter ce que je voulais, j’ai gagné une certaine confiance. Depuis, je trouve de l’inspiration partout, quelqu’un dans la rue ou la façon dont s’habille un personnage que j’aime dans un film. Mon ami [l’acteur] Nico Besio m’a dit quelque chose que je n’ai jamais oublié, c’est une phrase de Bob Dylan : “Parfois, on ne peut que rester impassible et mettre ses lunettes noires.”

L’OH : Certains de vos looks sont particulièrement audacieux. Comment êtes-vous sûr que c’est bien vous qui portez les vêtements et pas eux qui vous portent?
SC : J’adore porter ce genre de vêtements. Je pense qu’on peut s’habiller comme on veut tant qu’on se sent confortable. Quand on me harcelait à l’école, j’allais à Brick Lane [rue de Londres où se con- centrent les friperies vintage] avec des copains plus vieux (et plus cool) le week-end, on portait les fringues les plus délirantes et on achetait les trucs les plus colorés et excentriques qu’on pouvait trouver. On développe une sorte de pouvoir quand on n’a pas peur de s’habiller de manière tape-à-l’œil.

"Heartstopper a bouleversé la vie de certaines personnes, et je peux le dire avec certitude, parce qu'elle a changé la mienne."

Sebastian Croft en col roulé jaune, pantalon moutarde, assis sur une chaise, sur fond blanc.
Pull, pantalon et bonnet Chaussures ERDEM VIVIENNE WESTWOOD

L’OH : Les fans de Heartstopper sont très passionnés ; qu’est-ce que vous préférez dans votre rapport avec eux ?
SC : Récemment, j’ai fait un T-shirt avec deux dinosaures s’embras- sant, et en sous-titre “Queer was always here”. C’était pour collecter de l’argent pour Choose Love, une association qui aide les réfugiés queer. La vitesse et la force avec lesquelles les fans sont entrés en action ont été phénoménales. Grâce à eux, on a réuni 150 000 livres sterling, et 100 % de cet argent va sur le terrain. J’étais absolument soufflé. Je ne saurai jamais ce que j’ai bien pu faire pour mériter que ces gens témoignent autant d’intérêt, à moi et à mes actions.

L’OH : Qu’est-ce que le futur vous réserve, Sebastian Croft ?
SC : Je suis sur le tournage d’un nouveau film, je joue quelqu’un de très différent de Ben et suis entouré de jeunes acteurs super. J’ai hâte que le public découvre notre travail. Je suis aussi très content de lui présenter un personnage qu’il ne sera pas obligé de détester...

SOINS Sven Bayerbach
ASSISTANT STYLISTE Ollie Last

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