La premi&egrave;re exposition en France consacr&eacute;e exclusivement aux &oelig;uvres sur papier, toutes cr&eacute;&eacute;es pour cette occasion par l'artiste Kenny Scharf, fait r&eacute;sidence &agrave; la Villa Navarra au Muy.

Rendez-vous avec l'artiste culte Kenny Scharf et le galeriste Doriano Navarra au c&oelig;ur de leur exposition, plong&eacute;e dans la v&eacute;g&eacute;tation et au bord de la piscine de la galerie d'architecture brutaliste con&ccedil;ue par Rudy Ricciotti.
L&rsquo;OFFICIEL: Votre nouvelle exposition &agrave; la Villa Navarra au Muy s'intitule &laquo; 26 &oelig;uvres sur Papier &raquo; et c'est une s&eacute;rie de dessins en une couleur : le bleu. Pouvez-vous nous parler de la naissance de cette exposition?
KENNY SCHARF: Je connais Doriano depuis qu'il est b&eacute;b&eacute;.Je l'ai vu grandir et m&ucirc;rir, il aime l'art, c'est un grand enthousiaste. Il m'a propos&eacute; l'id&eacute;e des &oelig;uvres sur papier. M&ecirc;me si j'en ai fait pendant des d&eacute;cennies, je ne pense pas d&eacute;j&agrave; avoir propos&eacute; une exposition uniquement consacr&eacute;e &agrave; ce m&eacute;dium. J'ai donc bien &eacute;videmment r&eacute;pondu que j'aimerais travailler sur ce projet. Comme dans tout ce que je fais, il n'y a pas vraiment de plan initial, cela &eacute;volue au fur et &agrave; mesure. Pour cette exposition,j'ai commenc&eacute; avec les dessins au crayon et bien que j'aie appr&eacute;ci&eacute; le processus, le crayon &eacute;tait trop sec. J'ai alors utilis&eacute; de l'acrylique. Tr&egrave;s rapidement, l'ai souhait&eacute; mettre l'accent sur l'imagerie et les textures, ne pas introduire trop de couleurs. C'est ainsi que l'ai choisi de me limiter &agrave; l'emploi du bleu et du noir, sans penser du tout &agrave; quel point cela serait merveilleux dans cet environnement. Il semble vraiment que tout ait &eacute;t&eacute; planifi&eacute;, mais pas du tout et &ccedil;a me pla&icirc;t.

L'O: Vous avez d&eacute;j&agrave; cr&eacute;&eacute; des &oelig;uvres ici, alors vous connaissez tr&egrave;s bien l'endroit..

KS: Oui bien s&ucirc;r, mais je n'ai pas pens&eacute; &agrave; la couleur r&eacute;elle du lieu jusqu'&agrave; ce que les &oelig;uvres y soient accroch&eacute;es et que je me rende compte que cela fonctionne vraiment tr&egrave;s bien.

DORIANO NAVARRA: Je suis tr&egrave;s heureux du resultat, je pense que l'exposition est incroyable et comme Kenny l'a mentionn&eacute; plus t&ocirc;t, je me suis demand&eacute; s'il avait d&eacute;j&agrave; r&eacute;alis&eacute; un travail complet sur papier par le pass&eacute;, m&ecirc;me si j'ai eu la chance d'en voir quelques-uns. Je les trouve extraordinaires comme le reste de son &oelig;uvre. J'ai donc pens&eacute; que ce serait une bonne occasion de lui proposer de faire une belle s&eacute;rie de papiers. Je pense qu'elle est &eacute;l&eacute;gante, douce et qu'elle fait r&ecirc;ver. C'est dingue, sur chacune des &oelig;uvres on voit Kenny, on reconna&icirc;t Kenny, on sent Kenny. Je suis tr&egrave;s fier de montrer ce travail et il se trouve qu'il co&iuml;ncide tellement avec la couleur de la piscine et du ciel qui se refl&egrave;te dans le verre, je pense que les gens appr&eacute;cieront beaucoup le spectacle.

L&rsquo;O: &Ecirc;tes-vous nostalgique de cette &eacute;poque?
KS: Vous savez, je ne suis pas du tout nostalgique. Je ne pense au pass&eacute; que lorsque j'y suis confront&eacute;, je suis plus excit&eacute; par tout ce qui se passe maintenant. Mais je sais que beaucoup de gens sont int&eacute;ress&eacute;s par cette p&eacute;riode, le d&eacute;but des ann&eacute;es 80, donc je suis heureux d'en parler.

L&rsquo;O: Vous participez et recueillez des fonds pour le gala amfAR, peut-&ecirc;tre que l'amfAR est quelque chose qui relie votre pass&eacute; et votre avenir&hellip;

KS: J'ai toujours soutenu l'amfAR. Quand cette fondation a commenc&eacute;, personne ne soutenait les personnes atteintes du VIH, le gouvernement ne les aidait en rien. C'est une organisation tr&egrave;s importante. Malheureusement, nous sommes toujours aux prises avec le VIH, nous devons donc continuer &agrave; nous battre.

L'O: Pour revenir au pr&eacute;sent, vous &ecirc;tes une ic&ocirc;ne de la culture du &laquo; drop &raquo;. En quoi les collabs sont-elles importantes pour vous en tant qu'artiste?

KS: Quand j'ai commenc&eacute; en tant que jeune artiste, l'une de mes philosophies &eacute;tait que l'art ne se limite pas &agrave; quelque chose d'accroch&eacute; au mur dans une galerie ou un mus&eacute;e. Je soutiens pleinement le travail des galeries et des mus&eacute;es, mais je crois que l'art ne devrait pas &ecirc;tre pr&eacute;sent&eacute; que dans un seul endroit.

L'O: Kenny, votre travail est inspir&eacute; par la culture pop et les bandes dessin&eacute;es. Vous &ecirc;tes une ic&ocirc;ne pour la nouvelle g&eacute;n&eacute;ration. Comment &ecirc;tes-vous pass&eacute; d'artiste underground de Los Angeles &agrave; ic&ocirc;ne mondiale de l'art ?

KS: Mon parcours a &eacute;t&eacute; long, j'&eacute;tais tr&egrave;s jeune quand j'ai commenc&eacute; &agrave; avoir une certaine notori&eacute;t&eacute; au d&eacute;but des ann&eacute;es 80, l'avais 22-23 ans, mais dans les ann&eacute;es 90 tout le monde d&eacute;testait ces ann&eacute;es-l&agrave;, donc j'ai connu une p&eacute;riode plus compliqu&eacute;e. Dans les bons comme dans les mauvais moments, c'est mon art qui m'a port&eacute;. En fait, je pense que l'art devrait &ecirc;tre partout. &Agrave; propos des produits d&eacute;riv&eacute;s et des collaborations, tout le monde ne peut pas acheter une peinture, un dessin ou une &oelig;uvre d'art originale, mais la plupart des gens peuvent acheter un tee- shirt. Je crois aussi que les arts appliqu&eacute;s font partie de ce que je suis et de ce que je fais. &Agrave; l'&eacute;poque o&ugrave; Keith Haring a ouvert le Pop Shop, et peu de temps apr&egrave;s que j'aie ouvert el Scharf Schack, on nous a accus&eacute;s de nous vendre. Les gens disaient que si nous pouvions &ecirc;tre accessibles, ce n'&eacute;tait pas bon. C'&eacute;tait un monde de l'art &eacute;litiste qui c&eacute;l&eacute;brait seulement quelques personnes et c'est exactement le contraire de ce que ma g&eacute;n&eacute;ration et moi-m&ecirc;me repr&eacute;sentions. Cela aurait d&ucirc; &ecirc;tre le cas de tout le monde. Les gens pensaient : si vous faites de l'art pour tout le monde, c'est de l'art qui a &eacute;t&eacute; &laquo; dumbed down &raquo; (rabaiss&eacute;), mais je crois que l'art pour tout le monde devrait &eacute;lever tout le monde. L'art existe &agrave; tant de niveaux. J'ai fait une &eacute;cole d'art, j'ai &eacute;tudi&eacute; l'art, je pense &agrave; l'histoire de l'art et je crois qu'il faut honorer tous les artistes qui m'ont pr&eacute;c&eacute;d&eacute;. C'est tr&egrave;s important pour moi, mais je sais que la plupart des gens dans la rue ne savent rien &agrave; ce sujet ou ne s'en soucient pas. C'est pour cela que je suis tr&egrave;s int&eacute;ress&eacute; par l'art qui existe &agrave; diff&eacute;rents niveaux non seulement pour moi, mais pour le spectateur. Il y a tellement de types de publics diff&eacute;rents, certains en tirent une chose et d'autres en tirent une autre. Je veux offrir mon art &agrave; tout le monde.

L'O: Aimez-vous porter votre propre art? Comme votre collection avec Dior; votre collab Vilebrequin ou derni&egrave;rement vos Crocs ?&nbsp;

KS: Bien s&ucirc;r, c'est amusant.

L'O: Vous avez r&eacute;alis&eacute; des maillots de bain en collaboration avec Vilebrequin, pouvez-vous nous en parler ?

KS: Oui, j'adore la collaboration, la qualit&eacute; est superbe. Vous pouvez voir imm&eacute;diatement que l'impression est parfaite, c'est absolument magnifique.

L'O: Votre art au cours de votre carri&egrave;re est incroyablement coh&eacute;rent. Comment faites-vous cela ? Est-ce de l'autodiscipline ?

KS: Oui, c'est de la discipline. Je suis tr&egrave;s reconnaissant d'avoir pu faire ces collaborations et en m&ecirc;me temps, j'ai travaill&eacute; dur pendant des ann&eacute;es chaque jour, alors maintenant c'est merveilleux d'avoir des gens comme Doriano, qui me soutiennent et qui me c&eacute;l&egrave;brent. C'est g&eacute;nial. Les fois o&ugrave; ce n'&eacute;tait pas le cas, peu importe, vous &ecirc;tes un artiste, vous faites votre art que les gens vous aiment ou non. Vous voulez qu'ils vous aiment mais vous ne pouvez pas vous arr&ecirc;ter m&ecirc;me s'ils ne vous aiment pas, non ? Tu dois juste continuer et ce n'est pas toujours facile mais je ne me plaindrai jamais de cela, de ce que je fais.

L'O: Doriano, peut-&ecirc;tre avez-vous un lien avec ce sentiment de coh&eacute;rence, pour continuer quand ce n'est pas facile, pourriez-vous parler de la galerie dans ce contexte?

DN: le ne pense pas avoir encore travers&eacute; des moments difficiles et j'esp&egrave;re que cela ne sera jamais le cas. Mais &eacute;videmment dans la vie d'un artiste, d'une galerie ou d'une entreprise, vous avez toujours des hauts et des bas. J'ose croire que, de nos jours, nous avons plus de hauts. Nous avons une tr&egrave;s belle dynamique.

L'O: Vous avez beaucoup de nouveaux projets ici, comme cette nouvelle maison de Jean Nouvel&hellip;

DN: Nous essayons de garder le lieu vivant et &eacute;volutif, comme avec ce nouveau projet de maison d&eacute;montable de Jean Nouvel, que nous promouvons maintenant pour la commercialiser en &eacute;dition. Nous avons aussi install&eacute; une nouvelle maison de Jean Prouv&eacute;.

L'O: L'architecture de ce lieu incroyable vous a-t-elle influenc&eacute; ? Pr&eacute;senter son travail dans un espace &agrave; l'architecture pro&eacute;minente par Rudy Ricciotti.
KS: Quel endroit magnifique pour exposer de l'art, c'est c&eacute;leste, c'est incroyable, c'est si beau.

L&rsquo;O: Partagez votre devise pour les lecteurs de L'Officiel Riviera:&nbsp;

KS: Soyez fabuleux ! Sans excuses !

Photos portraits Gabriel Achard
Vues d'exposition &amp; &oelig;uvres Jean-Christophe Lett

Riviera Panorama

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