Rebecca Dayan, L'actrice
Avec la série “Halston”, où l’on retrouve Ewan McGregor dans le rôle principal du créateur américain, on découvre aussi l’actrice française Rebecca Dayan qui incarne Elsa Perreti. Un rôle de composition pour une actrice doté d’un grand talent. Rencontre à Saint-Paul-de-Vence, sa terre d’origine.
L’Officiel : Comment est née votre passion pour le cinéma ?
Rebecca Dayan : C’est sans doute ma mère, avec qui je regardais beaucoup de films, qui m’a donné cette passion. Quand j’avais 14 ans, elle m’a montré After Hours de Martin Scorsese, et je ne peux expliquer pourquoi mais c’est ce film en particulier qui a éveillé quelque chose en moi pour le cinéma.
L’O : Dans Halston, vous incarnez Elsa Peretti qui a marqué l’histoire de la joaillerie avec Tiffany. Parlez-nous de votre personnage…
RD : Je connaissais évidemment ses bijoux, sa collaboration avec Tiffany, ses photos d’Helmut Newton mais je n’avais aucune idée de sa vie personnelle, et ce fut passionnant de découvrir qui elle était véritablement : une femme très indépendante, qui ne faisait pas de compromis, qui a toujours fait ce qu’elle voulait faire, envers et contre tous. Elle était issue d’une grande famille italienne et avait 20 ans en 1960… J’imagine que sa famille attendait d’elle une vie assez traditionnelle. Laisser tout cela derrière elle pour devenir designer à New York démontre une vraie force de caractère.
L’O : On connaît son travail, son nom, mais à peine son visage…
RD : À travers ce que j’ai lu, je pense que c’est ce qu’elle désirait. Être reconnue pour son travail, pas pour sa vie personnelle. La série est une belle opportunité de faire connaître à de nouvelles générations cet exemple de femme indépendante accomplie. Passer tout ce temps avec elle pendant cette année plutôt difficile m’a fait garder le moral.
L’O : Comment êtes-vous rentrée dans la peau de ce personnage ?
RD : Lorsque le tournage a commencé, Elsa Peretti était toujours vivante, c’était donc une pression supplémentaire de lui rendre justice, de ne pas tomber dans la caricature. C’était difficile car il n’y a pas beaucoup d’interviews d’elle. La série commence quand elle a 25 ans et se termine quand elle en a 41. À travers les images que j’ai vues d’elle, j’ai appris sa manière de bouger, de poser, de parler, et puis Dan Minahan, le réalisateur, est un puits d’informations sur cette période.
L’O : Halston, c’est la quintessence du glamour des années 70 et 80 à New York. Est-ce une époque que vous auriez aimé connaître ?
RD : Forcément, c’est un peu le dernier moment d’insouciance avant les années sida et les crises financières.
L’O : Quel souvenir gardez-vous du tournage avec Ewan McGregor dans le rôle de Halston ?
RD : C’est un rêve devenu réalité parce que, ado, j’étais fan de lui. Le réalisateur a fait en sorte qu’on passe beaucoup de temps ensemble avant le tournage, en février, puis il y a eu le confinement. Lorsqu’on s’est retrouvés après cette période compliquée, on a fait le tour des endroits fétiches de Halston, comme sa maison qui maintenant appartient à Tom Ford, et ses anciens bureaux. Tout cela a établi des rapports très naturels.
L’O : Vous qui aimez la mode, vous avez eu accès à une garde-robe magnifique, racontez-nous…
RD : La costumière Jeriana San Juan a fait un travail titanesque. Son travail mêlait des pièces d’archives de Halston avec beaucoup de choses qu’elle a fait refaire. J’ai adoré le caftan tie and dye qui est une réplique de l’original, et un costume sur mesure porté avec une chemise en soie blanche par-dessus un soutien-gorge en fil d’argent Tiffany par Elsa Perretti, une pièce originale sublime.
L’O : Quelle est la scène que vous avez préféré jouer ?
RD : C’est bizarre parce que c’est à la fois la scène qui m’a fait le plus peur et en même celle que j’ai préféré tourner. Cela se passe dans la maison de Montauk où j’ai une grande engueulade avec Halston. C’est une scène dure car longue, avec beaucoup de choses à maîtriser. C’est la première scène qu’on a tournée de retour au studio après le confinement. C’était les retrouvailles du casting, et émotionnellement c’était assez intense.
Interview Laure Ambroise
Photographie Carlotta Kohl
Assistant photo Thomas McCarthy.
Stylisme Kenzia Bengel de Vaulx.
Coiffure et maquillage Silvia Cincotta.