L'actrice et po&eacute;tesse Greta Bellamacina nous partage son go&ucirc;t pour le style NEO RIVIERA ainsi que ses derniers r&ocirc;les au cin&eacute;ma et ses projets d&rsquo;&eacute;criture.

JENNY MANNERHEIM: Vous venez d&rsquo;incarner la nouvelle collection SEABASS, des pi&egrave;ces faites &agrave; la main en mati&egrave;res recycl&eacute;es. Pourriez-vous parler un peu de cette exp&eacute;rience ? Les noms des styles sont &laquo; Nice &raquo; et &laquo; Capri &raquo;, et ils font r&eacute;f&eacute;rence au style de vie de la Riviera. Parlez-nous du look Riviera.

GRETA BELLAMACINA: C'&eacute;tait l'un de ces jours o&ugrave; la vie est exactement comme vous le souhaitez. La lumi&egrave;re du soleil peignait le ciel, les g&eacute;raniums dans des pots, les routes de campagne au-del&agrave;. Les enfants couraient entre le jardin et la maison. Je suppose que quand je pense &agrave; la Riviera, je pense &agrave; ce mode de vie. Votre corps suit la lumi&egrave;re du soleil autour du jardin. SEABASS incarne vraiment ce sentiment. Les maillots de bain ont cette qualit&eacute; cin&eacute;matographique nostalgique. C'est un r&ecirc;ve de les porter car ils vous transportent &agrave; une &eacute;poque plus douce et &eacute;l&eacute;gante, o&ugrave; s'habiller est plus une question de vivre.

JM: Vous avez photographi&eacute; la collection dans un endroit magique du Kent, votre domicile, qui ressemble &agrave; la Riviera. La Riviera est-elle plus un concept de style de vie qu'un lieu ?

GB: Oui, c'est vrai. Nous avons d&eacute;m&eacute;nag&eacute; dans le Kent il y a 3 ans et avons trouv&eacute; cette belle vieille maison qui avait &eacute;t&eacute; assez n&eacute;glig&eacute;e. La maison est inhabituelle car elle n'est pas si loin de Londres, mais quand on entre par les grilles en fer, on a l'impression d'&ecirc;tre en Europe. Rien n'a &eacute;t&eacute; trop fait, juste restaur&eacute; &agrave; son &eacute;tat d'origine. Les arbres sont toujours envahis, un c&ocirc;t&eacute; du jardin a &eacute;t&eacute; totalement laiss&eacute; &agrave; l'&eacute;tat sauvage. Nous passons beaucoup de temps entre les deux c&ocirc;t&eacute;s en suivant le soleil. Un caf&eacute; du matin dans un coin et un verre du soir dans un autre. Ce mode de vie me donne l'impression de rendre hommage &agrave; mon h&eacute;ritage italien.

JM: Nous appelons cela la mode 'NEO RIVIERA', c'est comme DOLCE VITA, c'est un style plus qu'un lieu...

GB: Avant de tourner la campagne, j'ai partag&eacute; avec Kayleigh, la fondatrice et designer, les images iconiques de Sophia Loren chez elle &agrave; Rome avec son mari et ses enfants. Je pense que c'&eacute;tait un shoot qu'elle a fait pour Life Magazine dans les ann&eacute;es 60. Elle les aimait autant que moi et nous avons d&eacute;cid&eacute; de nous en inspirer. J'ai toujours aim&eacute; ces images de femmes fortes dans leur espace domestique. Leur fa&ccedil;on de vivre est un art. Ce n'est pas une question de lieu, c'est elles. Je pense que c'est ce qu'est la Dolce Vita, c'est vivre dans son art. Sophia l'a toujours fait.

JM: Nous avons fait un shooting ensemble &agrave; St Barth avec des v&ecirc;tements de la marque Jacques Zolty qui vient d&rsquo;ouvrir une boutique &agrave; St Tropez. Parlez-nous de la collection Zolty, nous avons vu que vous et Rob portiez les styles pendant vos vacances...

GB: C'&eacute;tait tellement magique d'&ecirc;tre ensemble &agrave; St Barth, c'&eacute;tait un miracle que nous ayons pu aller si loin. J'ai ador&eacute; cette journ&eacute;e &agrave; la plage, trouver des morceaux de bois flott&eacute; et de petites coquilles. Porter des pi&egrave;ces assorties de Zolty avec Robert. L'air de la mer soufflant dans le lin, les foulards que nous avons attach&eacute;s autour de nos cheveux, et Robert portait une cravate. Le sac de plage bleu que j'ai maintenant emmen&eacute; dans tous mes voyages &agrave; la plage cette ann&eacute;e, il me rappelle un papillon rare d'une autre &eacute;poque avec sa typographie des ann&eacute;es soixante et ses bleus d&eacute;lav&eacute;s.

JM: Vous jouez dans le film &ldquo;Tell That To The Winter Sea&rdquo;, que vous avez co-&eacute;crit. Comment avez-vous v&eacute;cu cette exp&eacute;rience d'&eacute;criture pour le cin&eacute;ma ?

GB: Le processus a &eacute;t&eacute; une v&eacute;ritable joie. J'ai eu la chance de jouer dans certains des premiers films de la r&eacute;alisatrice Jaclyn Bethany &agrave; Los Angeles et nous sommes rest&eacute;es amies depuis. Nous avons construit une d&eacute;cennie d'amiti&eacute; autour de nous. Et le film a &eacute;t&eacute; &eacute;crit avec une sorte de time-lapse qui refl&egrave;te ce parcours. L'histoire est celle de deux amis qui grandissent dans la m&ecirc;me petite ville en tant que meilleurs amis et deviennent les premiers amours l'un de l'autre, mais plus tard, une d&eacute;cennie plus tard, ils se retrouvent, transform&eacute;s mais aussi toujours les m&ecirc;mes. Le film est une sorte de lettre d'amour douce-am&egrave;re &agrave; l'amiti&eacute; et au premier amour. Une r&eacute;flexion sur les grands r&ecirc;veurs que nous &eacute;tions adolescents mais aussi sur les nouvelles personnes que nous devenons. Nous avons &eacute;crit le film sur deux fuseaux horaires diff&eacute;rents, ce qui, je pense, a aid&eacute;. J'ai &eacute;crit les dix premi&egrave;res pages chaque jour et ensuite Jaclyn, qui &eacute;tait dans le Mississippi, &eacute;crivait dix pages de plus... puis entre-temps, nous parlions et d&eacute;battions.

JM: Une grande partie de votre po&eacute;sie dans votre nouveau livre &ldquo;WHO WILL MAKE THE FIRE&rdquo; utilise la nature comme r&eacute;f&eacute;rence. Pourriez-vous d&eacute;crire votre connexion &agrave; la nature et son utilisation dans votre po&eacute;sie ?

GB: Il y a une ligne qui dit &laquo; Elle reprend le bois des arbres en cendres et marche dans l'&eacute;tonnement / sa robe touche la mer. L'obscurit&eacute; se vide dans les anges / souffrant de quelque chose / qui la m&egrave;ne au ciel. &raquo; (en anglais : &ldquo;She takes back the wood from the trees in ashes and walks in bewilderment/ her dress touches the sea. Darkness empties into the angels/ suffering something/ that takes her to the skies.&rdquo;). Ce cycle &eacute;trange qui vit autour de nous et en nous est ce que je voulais explorer comme un moyen de mieux comprendre l'obscurit&eacute;. J'ai commenc&eacute; &agrave; &eacute;crire ces po&egrave;mes avec l'id&eacute;e d'&eacute;crire une "biographie du vent" avec le vent comme m&eacute;taphore de nos &eacute;tats d'esprit en &eacute;volution. Une fa&ccedil;on d'explorer les batailles que nous gardons ferm&eacute;es en nous. Mais au fur et &agrave; mesure que je continuais &agrave; &eacute;crire les po&egrave;mes, je suis devenue plus int&eacute;ress&eacute;e par les cycles des choses, comme le cycle d'une fleur, le cycle continu de l'aube, le cycle du printemps... Ces cycles sont l'antidote &agrave; la douleur et &agrave; la guerre et au combat. Il y a une ligne du po&egrave;me-titre qui dit &laquo; laisser la mort donner naissance comme la mer / la mer un enfant &eacute;ternel / emm&ecirc;l&eacute; dans un puits profond d'eau de pluie &raquo;. (En anglais : &ldquo;to let death give birth like the sea/ the sea an eternal child / tangled in a deep well of rainwater&rdquo;)

JM: Vous travaillez fr&eacute;quemment avec votre mari Robert Montgomery, ayant cofond&eacute; New River Press ensemble en 2017. Parlez-nous de votre maison d'&eacute;dition familiale.

GB: Nous avons fond&eacute; la presse en 2016 - &agrave; l'&eacute;poque, nous semblions &ecirc;tre entour&eacute;s de nombreux po&egrave;tes que nous aimions et qui n'&eacute;taient pas publi&eacute;s. Peut-&ecirc;tre parce que le travail &eacute;tait trop politique, trop avant-gardiste. Mais aussi de jeunes po&egrave;tes qui se sentaient exclus. Nous vivions dans un petit appartement pr&egrave;s de l'ancienne maison de Virginia Woolf &agrave; Fitzrovia Square. Nous avons pass&eacute; beaucoup de temps sur la place parce que notre appartement &eacute;tait si petit. Promenant notre premier fils Lorca dans la poussette. Nous avons d&eacute;couvert que Virginia avait cr&eacute;&eacute; la Hogarth Press dans cette maison avec son mari. Ils ont publi&eacute; "Mrs Dalloway" de Virginia et "The Waste Land" de TS Eliot depuis leur salle &agrave; manger. Nous n'avions pas de salle &agrave; manger, alors nous avons d&eacute;cid&eacute; de le faire depuis notre canap&eacute;... Comme un hommage &agrave; eux mais aussi comme un moyen de publier de la po&eacute;sie contemporaine. Le nouveau livre de New River Press, "Albion: An Island On The Verge Of Madness", est une collection de travaux de 11 po&egrave;tes contemporains, que nous avons lanc&eacute;e &agrave; la librairie Shakespeare and Company &agrave; Paris au d&eacute;but de l'ann&eacute;e.

JM: Vous avez &eacute;galement un autre film en pr&eacute;paration, &ldquo;Things And Other Things&rdquo;, r&eacute;alis&eacute; par Riccardo Vannuccini, la suite de &ldquo;Commedia&rdquo;, o&ugrave; vous reprenez votre r&ocirc;le d'Irene. Comment est-ce de revenir &agrave; ce personnage une seconde fois ?

GB: En tant qu'actrice, cela a &eacute;t&eacute; un v&eacute;ritable privil&egrave;ge de travailler avec un vrai auteur. Chaque partie du processus est de la po&eacute;sie. Il y a aussi un sentiment de libert&eacute;, de travailler avec quelqu'un qui ne voit pas le cin&eacute;ma mais qui voit plut&ocirc;t un monde et un c&oelig;ur. Travailler sur deux films ensemble dans deux langues diff&eacute;rentes est tr&egrave;s sp&eacute;cial. Notre premier film &ldquo;Commedia&rdquo; a &eacute;t&eacute; tourn&eacute; &agrave; Rome et j'y joue une patiente mentale, et nous avons travaill&eacute; avec le dialogue mais aussi beaucoup avec le th&eacute;&acirc;tre de mouvement comme un moyen visuel d'explorer la douleur. Le second film &ldquo;Things and Other Things&rdquo; a &eacute;t&eacute; achev&eacute; en d&eacute;cembre dernier et nous l'avons tourn&eacute; en Toscane, &agrave; la campagne. Le film est d&eacute;di&eacute; &agrave; l'imagination. Nous l'avons enti&egrave;rement film&eacute; dans des b&acirc;timents abandonn&eacute;s, un parc &agrave; th&egrave;me, des &eacute;coles, des h&ocirc;pitaux... c'est un film sur ce que nous sommes forc&eacute;s d'imaginer quand tout est parti. J'ai ador&eacute; travailler avec une &eacute;quipe enti&egrave;rement italienne aussi, il y a une vraie joie dans la fa&ccedil;on dont les choses sont faites. J'ai h&acirc;te que le monde voie ce film.

JM: Vous &ecirc;tes un "cam&eacute;l&eacute;on" en termes d'expression artistique &agrave; travers diff&eacute;rents m&eacute;diums. Comment choisissez-vous les projets auxquels vous participez ? Y a-t-il un m&eacute;dium artistique r&eacute;cemment qui vous a particuli&egrave;rement inspir&eacute;e ?

GB: C'est principalement une question de subconscient. Tant le jeu que l'&eacute;criture sont des lieux de r&eacute;flexion pour moi. Je me pr&eacute;pare actuellement pour un nouveau r&ocirc;le dans un film intitul&eacute; "All Five Eyes". Le film parle de ce que signifie s'occuper de quelqu'un &agrave; une &eacute;poque o&ugrave; un handicap n'&eacute;tait pas reconnu. C'est un portrait de trois s&oelig;urs; je joue la s&oelig;ur qui montre son affection &agrave; travers une routine stricte et des r&egrave;gles. Les films que j'aime r&eacute;aliser sont d&eacute;sordonn&eacute;s et &eacute;tranges, moins ax&eacute;s sur l'intrigue et le public. J'aime cr&eacute;er des &oelig;uvres qui sont plus une traduction de nos esprits illogiques. Souvent, les &eacute;motions prennent le dessus et soudainement rien n'a de sens.

Photographie par Melanie Rodriguez
Stylisme par Rachel Bakewell
Coiffure par Raphael Salley
Couleur par Sophie Love

Greta Bellamacina sur la Neo Riviera

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